La profession désabusée suite au reportage de France 2

Un reportage à charge et sans nuance diffusé sur France 2 a profondément meurtri les producteurs de pommes. Ceux-ci demandent à ce que soit diffusé un droit de réponse, et appellent à la privatisation de la chaîne.

Les producteurs de pommes ont récemment été heurtés par la diffusion d’un reportage sur France 2 intitulé « Peut-on encore manger des pommes ? » dans le cadre de l’émission « Envoyé spécial » du jeudi 7 mars 2015. Selon la FNPF et l’ANPP, la nécessité d’assurer la diversité des points de vue sur un sujet prêtant à controverse n’a pas été respectée.

« Un seul et même point de vue est clairement illustré pendant tout le reportage, qui pèche cruellement par son déséquilibre ! », alerte ainsi l’ANPP dans une lettre adressée au président de la chaîne. Le reportage met en effet en avant, sans nuance, la supposée dangerosité des produits de conservation utilisés par les producteurs à l’image du Smartfresh, et va jusqu’à parler « d’arrosage automatique aux pesticides ».

Tête de mort

Le reportage use fréquemment de raccourcis visuels, comme lors de la séquence sur le traitement au SmartFresh, où la caméra s’attarde sur un panneau signalétique figurant une tête de mort. «  Mais le panneau met uniquement en garde contre les dangers d’une entrée dans une chambre à atmosphère contrôlée ! », s’exclame Daniel Sauvaitre, président de l’ANPP, sur son blog.

Plus tard, la journaliste du reportage parle d’ « arrosage automatique aux pesticides », sans qu’aucune mention ne soit faite des efforts menés par la profession pour limiter les traitements, développer la lutte biologique et organiser la recherche.
 
Selon la FNPF, « les producteurs se sont sentis trahis par un reportage presque uniquement à charge et se demandent ce qu'il y a à gagner en diffusant une information aussi anxiogène sur un sujet qui n'a pas de raison de l'être. » L’ANPP et la FNPF ont toutes les deux demandé à la chaîne un reportage la diffusion d’un reportage en droit de réponse, « plus conforme à la réalité des pratiques arboricoles. » Certains considèrent même qu’il y a « urgence à privatiser France 2 ».

Le CSA avait déjà épinglé l'émission

En janvier 2014, l'émission « Envoyé spécial » avait été durement mise en cause par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour manquements déontologiques à la suite de la diffusion d’un reportage sur un quartier populaire de Grenoble. Le CSA avait alors déploré que seuls les aspects négatifs du quartier avaient été mis en avant, stigmatisant l’ensemble du quartier de la Villeneuve.