À la recherche des variétés tolérantes

La cloque et la moniliose sont deux maladies des pêchers et abricotiers qui risquent de devenir plus difficiles à maîtriser. Si les producteurs ont pu utiliser l’arme chimique jusqu’à présent, les conditions de culture évoluent au fil des ans, entre restrictions d’eau et retrait des matières actives commercialisées.

Peach leaf curl. Fungal disease of peaches tree. Taphrina deform

Les essais des dispositifs bioagresseurs et bas intrants devraient permettre, dans un proche avenir, de rechercher des gènes résistants à la maladie.

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SudExpé, le pôle de recherche appliquée du bassin Languedoc Rhône-Méditerranée, cherche à identifier les variétés tolérantes à la cloque et au Monilia. Depuis 2012, il s’est attelé à la question au travers de deux programmes d’essais. Le premier, dit « dispositif bioagresseurs », se propose d’identifier des variétés tolérantes à ces deux maladies. Le second, dit « dispositif bas intrants », évalue l’impact d’une stratégie de traitements à base de biocontrôle sur ces mêmes variétés.

Mais Maëlle Guiraud, responsable d’expérimentation variétale, avertit : « Les résultats de cette année doivent être confirmés sur plusieurs années, d’autant que les conditions climatiques et d’expérimentation n’ont pas été optimales lors des campagnes précédentes. » Autre élément à prendre en compte : l’essai sur les bioagresseurs est fait sans objectif de récolte, alors que l’itinéraire bas intrants est maintenu avec une exigence de production.

Maëlle Guiraud, responsable d’expérimentation variétale à Sudexpé.

© Sudexpe-maelle Guiraud

Les tests sont conduits sur environ un hectare, et sur des vergers densifiés (bas intrants) à très densifiés (bioagresseurs). « Ces faibles surfaces sont imposées par des essais très lourds à suivre », commente Maëlle Guiraud. Mais cette méthode a un grand avantage : elle permet de comparer plusieurs variétés de manière très homogène.

Isoler les facteurs de résistance

Pour la première expérimentation sur les bioagresseurs, les variétés reçoivent une note en fonction du niveau d’infestation. Seules les tolérances à la cloque et à la moniliose sont étudiées, indépendamment des autres problèmes possibles. Une impasse de traitement est faite sur les maladies ciblées. Mais Maëlle Guiraud précise : « Ce n’est pas parce qu’une variété est tolérante à un agresseur qu’elle l’est aussi à un autre, bien au contraire. »

Les résultats ne montrent pas d’impact sur le calibre ni la production, qui ne sont pas étudiés dans cet essai. Pour la cloque, une faible attaque (5-15 % du feuillage touché) ne peut pas avoir d’impact sur la récolte, en particulier sur variété de saison ou tardive. « À l’avenir, il faudra de toute façon passer par un certain niveau de tolérance aux ravageurs, mais certains producteurs ont du mal à l’accepter », explique la technicienne.

Les résultats ont été mesurés en mars et en avril, en pleine période d’exposition à la cloque. Les variétés de pêches Bénédicte (initialement utilisée comme témoin) et Crisplova s’en sortent le mieux, avec des taux d’infestation inférieurs à 2 sur 10. La Royal Maid donne également de bons résultats.

Ces essais devraient permettre, dans un proche avenir, de rechercher des gènes résistants à la maladie. Leur connaissance aiderait dans la création de nouveaux hybrides, qui ne seraient pas des OGM pour autant.

La Bénédicte (référence) et la Tonicsun semblent être les plus tolérante à la cloque, à l’exclusion de tout comportement envers d’autres maladies.

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Sur Monilia, les fleurs et les rameaux de 36 variétés ont été étudiés : en période de contamination (stade D), la maladie rentre par les pétales. L’intensité de floraison et le niveau de dégâts ont été notés avec la même méthode que pour la cloque. Hélas, une grosse variabilité des observations ne permet pas, à court terme, de dégager une variété plus résistante qu’une autre. De plus, cette maladie est fortement impactante sur la récolte de l’année en cours et l’inoculum de l’année suivante.

Le biocontrôle efficace, mais insuffisant

L’essai bas intrants est très différent, même s’il porte sur une sélection de variétés analogue. Il s’agit de voir comment chacune d’elles se comporte avec une stratégie de réduction des pesticides. Ces derniers sont remplacés, quand cela est possible, par des solutions de biocontrôle ou des méthodes alternatives, voire des impasses sur certains produits. 45 variétés sont testées en 2023, plutôt anciennes et rustiques. L’itinéraire prévoyait une bouillie bordelaise, puis quatre ou cinq passages de bouillie sulfo-calcique ou d’hydroxyde de calcium. Un traitement chimique à base de captane a dû être ajouté. L’efficacité du captane lui-même a été mesurée (voir graphique).

Les variétés sont notées de 1 a 10, la note la plus basse exprimant le plus faible taux d’infestation. Les effets du captane sont séparés dans des carrés rouges symbolisant la période de traitement.

© Sudexpe-maelle Guiraud

« Nous nous sommes autorisé un traitement supplémentaire à ceux prévus pour éviter de se faire dépasser. Heureusement, car la pression était forte et nous avions un objectif de récolte. En cela, le captane a bien fonctionné », raconte Maëlle Guiraud.

Les techniciens estiment les résultats positifs si, encore une fois, l’attaque ne dépasse pas 5-15 %. Une stratégie alternative fonctionnerait avec un seul chimique sur certaines variétés (Nectar Dream par exemple). L’essai ne comportait pas de modalité en agriculture biologique.