La fête de la citrouille, c’est une histoire de famille. Dans les années 2000, la mère de Bertrand, alors productrice de fleurs séchées, s’est tournée vers la production de coloquintes pour parfaire ses bouquets. C’est ainsi qu’elle a mis en place la première Fête de la citrouille sur la ferme à Marquillies. Depuis, chaque année, ce sont plus de 5.000 personnes qui se déplacent pour acheter des courges à creuser ou décoratives.
Des courges spéciales sur conseils personnalisés
« Nous nous sommes passionnés pour la courge en perpétuant la tradition de la Fête de la citrouille. Chaque année, nous proposons aux passionnées une spécialité. Nous plantons environ dix pieds de courges spéciales, soit 20 à 25 kg de fruits », précise Bertrand Coustenoble. Les courges spéciales sont une toute petite niche. Les courges classiques (potimarron, potiron, butternut, pâtisson, courge spaghetti) se vendent en priorité.
« Pour vendre une courge spéciale, le conseil est obligatoire, car un client ne va pas se tourner instinctivement vers une courge qu’il ne connaît pas », poursuit-il. C’est aussi la raison pour laquelle la vente directe est essentielle pour lui. « Nous vendons tout en circuit court ou par le biais des magasins de produits fermiers. Nous en avons d’ailleurs ouvert un à 6 km de la ferme, indique-t-il. Nos manifestations nous permettent aussi d’être au contact du client et d’offrir du conseil. C’est tout l’enjeu. » Un enjeu d’autant plus crucial que les GMS ne veulent pas de ces produits, car le consommateur ne comprend pas que c’est une courge non comestible (qui n’est toutefois pas toxique si elle est consommée).
Bertrand Coustenoble se souvient la première Fête de la citrouille, où les clients ne connaissaient pas le potimarron. « Aujourd’hui, même si nous testons de nouvelles variétés, nous ne savons jamais ce qui va plaire aux consommateurs. Ici, la courge bleue de Hongrie commence à marquer les esprits. C’est une courge qui se conduit comme une courge traditionnelle mais qui se conserve bien plus longtemps. Elle fait de très bons veloutés », assure-t-il.
Vendre avant le 1er novembre
Si le 31 octobre, Halloween ravit les petits, la fête des morts peut aussi séduire les grands. Et l’un des fondamentaux de cette célèbre fête américaine, ce sont les citrouilles !
Choisir le créneau d’Halloween implique de vendre la marchandise avant le 1er novembre. Une fois cette date passée, plus aucune courge décorative ne se vend ou ne se loue. À la Ferme des Mottes, un panel de courges et coloquintes colorées et originales est proposé pour décorer les façades des maisons, magasins ou autres établissements, exclusivement pour Halloween. Si certains achètent les courges, d’autres préfèrent les louer et les rapporter à la ferme. « Lorsque les produits reviennent, ce qui est comestible et en bon état repart dans le circuit alimentaire. Les courges non comestibles se conservent jusqu’aux premières gelées à l’extérieur. En intérieur il est possible de les faire sécher. Semblable à une couleur bois, il ne reste plus qu’à les vernir pour obtenir un objet de décoration à vie ! »
Bertrand Coustenoble plante dix pieds de chaque variété. « Pâtisson blanc, orange, vert, verruqueux ou encore des balles blanches ou bicolores. Nous voulons toutes les couleurs et toutes les formes », se réjouit-il. Dans les courges décoratives, mais comestibles, les producteurs incluent aussi les minicitrouilles et la courge baby boo.
La célèbre Jack O'Lantern
Toutes les courges alimentaires de la Ferme des Mottes sont stockées dans un local à une température moyenne de 13 °C et au plus faible taux d’hygrométrie. Un petit déshumidificateur évacue l’eau pour qu’il n’y ait jamais d’humidité présente dans le local afin de conserver les courges jusqu’en mars. « Au-delà, c’est inutile, car le consommateur n’en veut plus ! La courge est un produit automnal, synonyme de froid et de soupe. En avril, les consommateurs veulent autre chose », explique-t-il. Tous les produits décoratifs et comestibles sont donnés à Solaal, qui valorise les dons aux associations d’aides alimentaires.
Parmi les Cucurbita pepo, la Jack O’Lantern est destinée à être sculptée pour Halloween. C’est une variété de mi-saison originaire des États-Unis. Si, gustativement, elle n’a pas d’intérêt, elle peut être consommée en soupe. Sur la ferme, la Small Sugar et la Racer sont aussi cultivées. Cette dernière est une courge géante précoce. Le producteur de courges rappelle que pour se lancer sur un tel créneau, il faut avoir sa clientèle. « Cela ne dure pas longtemps et c’est grâce à nos événements que nous arrivons à nous y retrouver. Nous y passons beaucoup de temps et avons beaucoup de bénévoles », note-t-il. Pour vendre 10 tonnes de courges sur une manifestation, il faut entre 17 et 20 personnes.
Passage en agriculture biologique
« L’année dernière, nous avions anticipé et avions multiplié par trois le nombre de pieds planté. Un coup de chance. Je cultive 1 hectare 80 de courges, ce qui représente 20 tonnes de courges dont 1 tonne de courges décoratives », explique le producteur. Et ce fut la première production de courges bio de la ferme qui a été officiellement labellisée en agriculture biologique. Pour Bertrand Coustenoble, rien n’a réellement changé : « Nous avons toujours fonctionné en agriculture raisonnée sans aucun désherbage chimique, tout mécanique. La seule différence serait sur l’approvisionnement en semences bio où je dois faire appel à six semenciers au lieu de deux auparavant. »
30 hectares sont cultivés sur la ferme, dont 6 hectares en bio : courges, tournesol, maïs et triticale.
Sur la ferme, la citrouille est à l’honneur. Brasseur depuis seize ans, Bertrand Coustenoble produit près de 1.100 litres de bière à la citrouille, avec l’orge produite sur l’exploitation. Également producteur de pâtes fermières avec le blé dur récolté sur la ferme, il envisage de faire des pâtes à la citrouille.