
La coopérative Vegafruits et la start-up nancéienne Alerion ont développé Syracus, le premier prototype robot de cueillette dédié à la récolte de mirabelles.
© AlerionSoutenu par la Région Grand Est et l'Union européenne avec le Fonds européen agricole pour le développement rural à hauteur d’un million et demi d’euros, et 300.000 euros de fonds privés, le projet d’avenir du robot de cueillette Syracus promet de transformer et de renforcer la récolte de la mirabelle, emblématique de la région Grand Est. Si un premier prototype a vu le jour, Alerion estime qu’il faudrait encore quatre ans de développement pour avoir un robot abouti.
Une collaboration avec Vegafruits
Le projet est né d’une rencontre entre Bruno Colin, ancien directeur général Vegafruits, et Anne-Sophie Didelot, présidente et cofondatrice d’Alerion. L’idée était de porter une nouvelle innovation qui allait permettre d’anticiper la transformation numérique de la filière mirabelle de Lorraine, mais aussi de pallier le manque de main-d’œuvre et d’attractivité du métier. Alerion est un bureau d’études spécialisé en robotique autonome et Vegafruits une coopérative fruitière.
« Il n’existe pas sur le marché de solution robotique pour la récolte sur des arbres non palissés et pour la récolte de petits fruits à noyau de type mirabelle, du fait notamment de la complexité cumulée d’avoir un système s’adaptant à l’arbre et récoltant des fruits de petite taille en grappe. Ce prototype permet au Grand Est d’avoir une technologie d’avant-garde pour ses producteurs de fruits » , raconte Anne-Sophie Didelot.
Premiers tests durant l'été
Les premiers tests grandeur nature du prototype ont été effectués durant l'été. La présence de fruits mûrs était indispensable pour évaluer les capacités de Syracus dans des conditions réelles. Grâce à l’intelligence artificielle, le robot est capable de reconnaître les mirabelles bonnes à cueillir.
L'été dernier, les équipes techniques ont mené les premiers tests de Syracus dans deux vergers : celui de la station expérimentale Arefe et celui d'une productrice locale.
Ces essais en conditions réelles ont permis de valider plusieurs aspects :
- l'autonomie du robot sur batterie ;
- la performance de son intelligence artificielle ;
- sa capacité à récolter des fruits en quantité et en qualité ;
- sa mobilité dans un verger.
Le robot, mesurant 1,25 m de large, a été soumis à différentes épreuves pour évaluer sa robustesse et son efficacité.
Collecte de données
Syracus n'est pas seulement un outil révolutionnaire pour l’avenir des vergers, ce système de collecte de données redéfinira la manière dont les producteurs agricoles pourront aborder la récolte. Cette technologie de pointe promet de faciliter et d'améliorer le travail réalisé au sein des exploitations agricoles, élevant au plus haut l’optimisation de la récolte.
« Toutes les données associées peuvent permettre au producteur d’améliorer sa productivité. Avec Syracus, nous espérons moderniser la filière », assure-t-elle.
Sur une base de chenillard, le prototype est équipé d’un système d'élévation pour pouvoir atteindre jusqu'à 3 m de hauteur. Sur un bras robotique, un système de préhension est installé. « À ce niveau-là, de nombreuses innovations sont en cours. L’idée est de ramasser les fruits en essayant d’avoir un certain rendement. Le robot va chercher les mirabelles par grappe. C’est assez laborieux. Il ne faut pas l’abîmer, car cela reste un fruit fragile. Aujourd’hui, nous testons deux méthodes de préhension pour ramasser les fruits », indique-t-elle.
En matière d’évolution, Syracus devrait devenir un robot complètement autonome et indépendant. « Nous aimerions qu’il soit capable d’aller cartographier le verger, se placer au pied du premier arbre et débuter la récolte comme une tête chercheuse à l’affût des fruits de bouche », espère-t-elle.
Pour mettre au point son algorithme, Alerion a maximisé les captations d’images durant l’été dernier. En multipliant les prises de vues en fonction de la luminosité et du degré de maturité des fruits. « Le robot peut différencier un fruit atteint de monilia d’un fruit sain. Cela dit, ce modèle peut s’affiner », note-t-elle. Alerion collabore avec l’Arefe pour ces questions sanitaires.
Deux millions d’euros de financement
Le duo a récolté près de deux millions d’euros pour développer le prototype. La phase 1 a débuté en janvier 2023. « Le temps de développement représente un coût. Nous sommes à 18 mois de cette première phase. Notre financement de deux ans arrive à son terme », poursuit-elle.
La prochaine étape consiste à trouver de nouveaux financements pour finaliser le développement. « Sans cela, nous ne pourrons pas poursuivre le développement du prototype. Le projet nécessite encore environ 2 millions d'euros pour aboutir », confie Anne-Sophie Didelot.
Si le projet aboutit, Alerion espère fournir entre 10 et 20 robots à la coopérative Vegafruits. Un robot qui, à terme, pourra s’adapter à d’autres petits fruits à noyaux tels que la cerise.
Sabrina Beaudoin
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