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Adrien Clair, équipé d’ombrières Sun’Agri depuis 2023
Producteur de cerises, d’abricots, de kiwis, de grenades et de figues, Adrien Clair a équipé de panneaux photovoltaïques une petite partie de ses 22 ha d'arbres fruitiers. « En 2019, mon père et moi cherchions une solution pour protéger nos cerisiers de la pluie et de la grêle, et éviter que les fruits éclatent ou pourrissent », resitue l’arboriculteur drômois. En découvrant le système des ombrières, père et fils sont immédiatement séduits. Par la durée de vie des panneaux tout d’abord : une trentaine d’années, alors que les filets anti-grêle doivent être changés tous les 15 ans environ.
Surtout, en échange de la signature d’un bail de 30 ans dans lequel l’exploitation accepte de prêter sa parcelle à Sun’Agri, les ombrières ne vont rien coûter à l’EARL Clair Fruits. La société prend à ses propres frais le coût de la structure, de son installation et de son entretien. « Nous n’avons rien payé et nous ne percevons rien sur l’électricité qui est produite, souligne Adrien Clair. Tout ce que nous allons gagner, c’est grâce à la production de fruits qui sera protégée. »
L'intérêt du fruit avant tout
Résultat, après un an de test sur 2.500 m2, 2,8 ha supplémentaires ont été équipés en 2023. Les cerisiers, plantés après l’installation de la structure, devraient entrer en production l’année prochaine.
« Il est compliqué d’installer des panneaux sur un verger existant, indique l’arboriculteur. Nous l’avons fait sur la parcelle test, mais cela a cassé pas mal de branches, tassé le sol, et fait des vibrations. Disons que la première année les arbres n’ont pas très bien compris ce qui leurs arrivait. »
Du côté des jeunes plants, Adrien Clair a choisi 27 variétés afin d’identifier celles qui se développeront le mieux sous ombrière.
Défini en amont avec les agronomes de Sun’Agri et ajusté chaque année, le pilotage des panneaux se fait de manière automatique. « L’intérêt du fruit passe avant la production énergétique, souligne l’agriculteur. Quand il doit grossir et a besoin de soleil, les panneaux sont mis à la verticale et la production énergétique est diminuée. »
Si les arbres ont besoin d’eau et qu’il se met à pleuvoir, les panneaux se positionnent là aussi à la verticale pour laisser passer la pluie. Au contraire, s’il faut une protection contre la pluie ou le soleil, ils se placent à l’horizontale et projettent de l’ombre.
Moins de perte à la récolte
Deux ans après l’installation des premiers panneaux, Adrien Clair estime que les résultats en matière de protection contre la pluie et la grêle sont encourageants. « Il a beaucoup plu cette année, il a aussi grêlé, mais on a eu beaucoup moins d’impacts que sur le verger témoin. » Durant les périodes très chaudes, les plants ont mieux respiré et ont moins transpiré grâce à l’ombrage, tandis que la consommation d’eau a globalement été inférieure de 30 % à 40 %.
Pour le moment, le rendement est moindre, mais l’arboriculteur relativise. « Les variations de rendement seront toujours compensées par la qualité. Le fruit sous ombrière a à peu près la même grosseur, est plus beau, plus brillant et moins abîmé. À terme, je pense que nous aurons la même production mais que nous aurons moins de perte à la récolte. »
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Jean-Paul Decomis, équipé d’une serre Serrilux Urbasolar depuis 2022
À l’origine, la serre photovoltaïque de Jean-Paul Decomis ne devait abriter que du maraîchage. « Nous vendons nos légumes sur les marchés et nous avions l’habitude de compléter en faisant de la revente d’agrumes, explique celui qui cultive dans le Var des légumes, des fruits, des céréales, et du raisin vendu à deux coopératives viticoles. Nous en vendions des tonnes et nous nous sommes dit que nous pourrions profiter de la serre pour produire nos propres agrumes. »
Depuis deux ans et demi, ses trois hectares de serre se partagent donc entre deux tiers de légumes et un tiers d’agrumes.
Clémentines, mandarines, oranges à jus ou de table, oranges sanguines, amères, citrons jaunes, citrons caviar, yuzus, mains de bouddha... 800 arbres s’épanouissent aux côtés d’asperges, de fenouils, de betteraves, de carottes, de blettes, de tomates, de fraises, de courgettes... « Nous cherchons les espèces de légumes qui se développent le mieux sous abris, indique Jean-Paul Decomis. Pour les agrumes, cette année nous n’aurons que quelques clémentines et quelques mandarines car il faut attendre la troisième ou la quatrième feuille avant l’entrée en production. »
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Luminosité et ventilation
Conçue par Urbasolar, la serre Serrilux culmine à un peu plus de 7,10 mètres. « Aujourd’hui, la plupart des serres photovoltaïques sont des serres de type Venlo sur lesquelles on enlève le verre côté sud pour le remplacer par un panneau photovoltaïque, décrit Sylvie Malacrino, responsable Comptes-clé et partenariats agricoles. Cela a pour conséquence d’occulter une grande partie de la lumière intéressante qui arrive du côté sud. Chez Urbasolar, pour compenser cela, nous avons agrandi le pan sud pour pouvoir y glisser un verre diffusant qui éclate la lumière dans la serre. Il empêche aussi les brûlures foliaires en période estivale. »
La hauteur de la serre offre également plus de luminosité tout en apportant un volume d’air plus important. Un gros avantage pour les plantes, mais aussi les salariés qui travaillent à l’intérieur. « En été dans un tunnel en plastique, on arrête de travailler vers 10 h parce que ça devient étouffant, témoigne Jean-Paul Decomis. Dans la serre photovoltaïque, nous avons une heure en plus devant nous. Il y a un plus grand confort de travail pour le personnel. »
De plus, une ventilation naturelle traverse la structure grâce aux ouvrants continus installés sur chaque chapelle.
Une deuxième serre en 2026
Ne souhaitant pas communiquer sur le prix précis de la serre, Urbasolar indique simplement qu’elle se chiffre « à des millions d’euros ». Cependant, grâce à un modèle similaire à celui de Sun’Agri, Jean-Paul Decomis n’a rien eu à débourser. Convaincu par l’outil, il a déjà prévu de s’équiper d’une deuxième serre. Si toutes les autorisations sont obtenues dans les temps, dès début 2026, des agrumes et des légumes pourront y être plantés. « Ou peut-être de l’avocat... »
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