Si l’agri-PV est encore peu développé en France, en Europe, les projets ne cessent d’éclore. « Nous avons trois années de retour d’expérience sur framboises, ce qui rassure les producteurs qui veulent se lancer », indique Marike Brezillon-Millet, responsable agrivoltaïsme BayWa r.e. Pour les deux sœurs Guth, l’agrivoltaïsme est une évidence. « Elles souhaitent gagner en sérénité avec une exploitation plus durable grâce à la production d’une énergie décarbonée », confie Julie Venant, cheffe du projet.
Un contrat de suivi agronomique sur cinq ans
Agathe et Rosalie Guth ont repris l’exploitation familiale et cultivent près de 30 hectares de fruits rouges – fraises, myrtilles, framboises. C’est l’une des plus grandes exploitations fruitières du Grand-Est. Même si elles ont confiance dans le projet, elles ont choisi de signer un contrat de partenariat sur cinq ans. « À son terme, soit les deux sœurs agrandiront le site pour pérenniser leur exploitation avec 10 à 15 ha de cultures sous panneaux, soit l’installation sera retirée », explique-t-elle.
D’accoutumée, le bail court sur 30 ans. Sur le site de Brumath, 1.440 panneaux ont été mis en service en février 2024, pour 432 kWc de puissance. De quoi alimenter 100 foyers.
« Les ombrières agrivoltaïques ont été raccordées au réseau au mois de mars 2024, et des stations météorologiques ont été installées en avril 2024. Elles permettront de comparer les fruits et les conditions climatiques sous les ombrières solaires par rapport aux tunnels plastiques », ajoute l'entreprise BayWa r.e.
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Sur le site de Brumath, BayWa r.e. continue d’engranger des données pour parfaire son système. « Nous ferons des tests agronomiques sur cinq ans avec un suivi précis de tous les critères : taux de sucre, efficience en eau, protection, etc. ainsi qu’un test à l’aveugle en cantine », précise-t-elle. Le suivi sera réalisé en partenariat avec Planete légumes, fleurs et plantes.
Un projet pilote sans subventions
Le coût de la structure agrivoltaïque est plus élevé qu’en élevage ou en grandes cultures, particulièrement sur un projet pilote. L’agriculteur ne débourse pas un centime. Il doit conduire ses cultures sous panneaux. Raccordé au réseau basse tension de Strasbourg Électricité Réseaux, le projet produira de l’électricité qui sera vendue à un consommateur final de gré à gré, sans aucune subvention.
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L’agriculteur partenaire ne perçoit pas de loyer. Les gains sont plus subtils. Il voit par exemple ses charges baisser, car il n’a plus besoin de changer ses bâches tous les cinq ans, main-d’œuvre comprise. Sans compter :
- la réduction des dégâts liés à la grêle ;
- la diminution du stress thermique avec un écrêtage des températures jusqu’à - 6 °C lors des pics de chaleur et la limitation des baisses de températures en période de gel ;
- l’économie d’eau (25 %) et d’intrants grâce à une réduction de l’évapotranspiration, à de meilleures ventilation et réduction des risques de maladie ;
- de meilleures conditions de travail améliorées.
L’expérimentation de Brumath vise à analyser et à préciser ces résultats sous un climat alsacien.
Une réussite en Hollande
Aux Pays-Bas, BayWa r.e. a équipé la ferme de Piet Albers, producteur de framboises à Babberich, de panneaux solaires. Sous l’installation Agri-PV, les framboises Lagorai, cultivées annuellement en pot, profitent des avantages d’une couverture solaire. Ce sont plus de 10.000 panneaux photovoltaïques semi-transparents qui ont été installés sur 3,3 hectares de framboises pour 2,67 MWc. De quoi protéger près de 31.000 plants de framboises et alimenter près de 1.200 foyers.
BayWa r.e. construit actuellement le plus grand parc agrivoltaïque avec ombrières fruitières en Europe aux Pays-Bas avec construction d’un nouveau site de 8,7 MWc sur 9,5 ha de framboises.
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