Légumes de France a tenu son 65e congrès à Avignon

En clôture du congrès, Marc Fesneau, Franck Sander et Jacques Rouchaussé. Photo : Sabrina Beaudoin
Durant deux jours, jeudi 20 et vendredi 21 octobre, les maraîchers de toute la France se sont réunis à Avignon pour participer au 65e congrès de Légumes de France, présidé par Jacques Rouchaussé.

Sans surprise, la hausse du coût de production et notamment de l’énergie était au cœur des débats. Les producteurs de légumes sont à bout de souffle et s’attendent au pire à l’avenir.

Cette question est essentielle car certains agriculteurs ont vu leurs factures multipliées par huit ou dix pour chauffer les serres ou faire tourner leurs frigos pour conserver les produits. Tous sont concernés, serristes ou non.

Les endiviers sont particulièrement inquiets car au 31 octobre 2022, 30 % d'entre eux qui voient leur contrat d’électricité arriver à échéance (décembre 2022) devront prendre une décision.
« Les racines, on les met au froid entre 0 et 3°C pour la saison. Ensuite, elles sont mises en pousse tout au long de la saison, en salle climatisée. Sur mon exploitation, je payais 157 000 euros d’électricité en 2021, 276 000 euros cette année après intervention de l’état. Pour l’année prochaine, on me propose des contrats qui varient entre 700 000 euros sur trois ans, 800 000 euros sur deux et plus d’un million d’euros si je m’engage sur un an. Nous sommes dans une impasse », s’inquiète Philippe Bréhon, président de l’Union des endiviers et producteur d’endives.
Jacques Rouchaussé, pessimiste, insiste :
« L’État avait pour ambition d’atteindre les 70% de la production origine France d’ici quatre ans. Nous sommes partie prenante pour inverser la courbe des importations. Un fruit et légume sur deux est importé. Mais avec toutes les hausses, main-d’œuvre, emballages, intrants, fournitures diverses, énergie, nous risquons de perdre beaucoup de maraîchers. Sans amélioration du revenu du producteur, demain, il n’y aura plus de production française. »

Décalage des plantations

Si des délestages ou coupures sont effectifs dans les entreprises agricoles, c’est toute une production qui peut être détruite.
« Les producteurs envisagent déjà de repousser les plantations hivernales, de quinze jours pour certains, trois semaines pour d’autres, certains envisagent même un mois de décalage ou plus. Cela entraînera des conséquences sur les rendements, donc moins de production française et plus d’importation », poursuit Jacques Rouchaussé.
Invité à clôturer le congrès, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture et la Souveraineté alimentaire, a écouté les demandes des producteurs de légumes. Ces derniers sollicitent l’aide de l’État par le biais de subventions notamment. Depuis le 1er juillet 2022, les entreprises grandes consommatrices de gaz et d’électricité sont éligibles à l’aide « gaz et électricité » du plan de résilience. Cette aide vise à soutenir la compétitivité des sites les plus consommateurs de gaz et d’électricité. Une aide peu adaptée au secteur agricole. Cela dit, le ministre a rappelé dans les congrètistes qu'un nouveau régime d'aide avait été notifié à la Commission européenne. 

Modalité actuelle de l'aide :
- 30% des coûts éligibles, plafonnée à 2 millions d’euros, pour les entreprises subissant une baisse d’excédent brut d’exploitation de 30% par rapport à 2021 ou ayant des pertes d’exploitation (condition vérifiée à la maille trimestrielle);
- 50% des coûts éligibles, plafonnée à 25 millions d’euros, pour les entreprises subissant des pertes d'exploitation et dont le montant des pertes est au plus égal à deux fois les coûts éligibles. L’aide est limitée à 80% du montant des pertes d’exploitation.

Il semblerait qu'il a été notifié un doublement de l'aide plafonnée, et le critère d'éligibilité passera de 30 % à 50 %. Jacques Rouchaussé espère même que ce montant augmentera à 70 %. 
« Si le Gouvernement investit un euro dans notre filière, fruits et légumes, cet euro est rentable au bout de dix-neuf mois. Ce sont des charges sociales en plus pour l’État, et lorsque vous avez un chiffre d’affaires, ce sont aussi des impôts pour l’État également », a-t-il aussi rappelé au ministre.
Le prochain congrès de Légumes de France se tiendra à Saint-Pol-de-Léon, les 16 et 17 novembre 2023.