Roger Descours : « Nous devrions obtenir une AOP pour la figue d’Ardèche d’ici six à huit ans »

Le groupe Roger Descours, spécialiste de la transformation du marron et de la châtaigne en Ardèche, veut y dynamiser la production de figues. Pour cela, son dirigeant Roger Descours souhaite obtenir une appellation d’origine protégée, afin de répondre aussi bien aux demandes des consommateurs pour des produits sains et locaux qu’à la stratégie française de souveraineté alimentaire.

« Nous souhaitons aussi une AOP bio. La figue de Solliès, dans le Var, bénéfice déjà de ce label européen. Mais, du fait notamment du prix de la terre, la production y est contrainte. Dans quelques années, les figues varoises pourraient venir à manquer », explique Roger Descours, dirigeant du groupe éponyme.

© Groupe Descours

>>> Vous défendez un projet de production de figues en Ardèche. Pourquoi ?

Roger Descours : J’ai effectivement ce projet depuis près de dix ans ! D’ailleurs, nous avons commencé l’analyse des sols et les résultats sont encourageants. Quelques arboriculteurs fruitiers s’y sont déjà mis avec succès. Cette production ne demande pas beaucoup d’eau et, avec le dérèglement climatique, il est important de penser à des cultures qui seront adaptées à ces nouvelles conditions.

>>> Est-ce pour cela que vous militez pour une AOP pour ce produit ?

R. D. : Oui. Nous avons déjà déposé, il y a trois mois, un dossier pour regrouper des producteurs ardéchois dans nos montagnes, en nord Ardèche, en vue de ces nouvelles plantations de figues.

Cela va déjà nous demander quatre à six ans pour avoir une petite production. Puis, compte tenu de la lenteur de l’administration française, cela prendra un peu de temps, mais je pense que nous devrions obtenir une AOP pour la figue d’Ardèche d’ici six à huit ans.

Nous souhaitons aussi, d’ailleurs, une AOP bio. La figue de Solliès, dans le Var, bénéfice déjà de ce label européen. Mais, du fait notamment du prix de la terre – près de 100.000 euros l’hectare –, la production y est contrainte. Dans quelques années, les figues varoises pourraient venir à manquer.

En outre, dans le groupe Roger Descours, nous traitons aujourd’hui entre 1.300 et 1.400 tonnes de figues, qui nous viennent du Maroc et de Turquie. L’ambition d’avoir une production de figues ardéchoises, bénéficiant d’une appellation d’origine protégée, répond à une double ambition. D’une part, les consommateurs sont de plus en plus friands de produits sains, de bonne qualité et régionaux. L’AOP et l’AOP bio fournissent cette garantie. D’autre part, l’ambition française de travailler sa souveraineté alimentaire passe logiquement par moins d’importations.

>>> Vous êtes donc confiant ?

R. D. : Je suis en effet persuadé que c’est une bonne idée. Nous avons pris nombre d’initiatives au fil des années. Aussi bien sur la châtaigne, notre spécialité, avec, en plus de l’AOP, une AOP bio, que sur l’abricot du Roussillon pour la confiture, la figue de Solliès, la fraise (indication géographique protégée) de Dordogne, la mandarine, les clémentines et les oranges de Corse.

Une façon pour nous de dynamiser les productions locales. Avec un réel succès, puisque, par exemple, les abricots surgelés qui sont vendus chez Picard, une entreprise très soucieuse de la qualité des produits, sont traités chez nous. Depuis le petit village de l’Ardèche où nous sommes basés, nous participons activement à la vente et à l’exportation de produits français et à la relance des productions fruitières régionales.