Blé tendre : 2024 serait la pire moisson depuis 41 ans

Selon le sondage de terrain réalisé par Argus Media du 1er au 5 août 2024, la récolte française de blé tendre est estimée à 25,17 Mt, en recul de 27,2 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années et au plus bas depuis 41 ans. Et un rendement moyen de moins de 60 q/ha !

Champ de céréales versé 3196

Selon le sondage de terrain réalisé par Argus Media du 1er au 5 août 2024, la récolte française de blé tendre est estimée à 25,17 Mt, en recul de 27,2 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années et au plus bas depuis 41 ans.

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Pire qu'en 2016. Et du jamais vu depuis 1983... Déjà estimée le mois dernier par Agreste à 29,6 Mt, en recul de 15 % sur la précédente campagne, la récolte française de blé tendre pour cette année est estimée à 25,17 millions de tonnes, soit un recul de 27,2 % par rapport à la moyenne (de 34,58 Mt) des cinq dernières années. C'est 9,9 Mt de moins qu'en 2023. 

Ces chiffres sont issus d'un sondage de terrain réalisé par Argus Media du 1er au 5 août 2024 à partir d'un échantillon représentatif de plus de 80 % de la surface totale de blé tendre française.

Des rendements en dessous de 60 quintaux

Quant au rendement, il est estimé par Argus Media à 59,33 quintaux par hectare, ce qui représente une chute de 18,7 % par rapport à la moyenne quinquennale. La majorité des régions de production affichent des baisses de 15 à 25 % de rendement par rapport à la moyenne. Seule la zone la plus au sud de la France enregistre un moindre recul.

Des aléas climatiques multiples

« Les rendements de blé tendre sous les 60 quintaux par hectare avaient disparu depuis la fin des années 1980 en France. Mais les aléas climatiques nous ramènent en arrière. D'abord avec la très mauvaise récolte de 2016, qui avait enregistré 53,74 quintaux/hectare et aujourd'hui avec celle de 2024 », explique Gautier Le Molgat, directeur d'Argus Media France.

Les éléments qui ont conduit à cette chute des rendements sont multiples :

  • une mauvaise implantation ;
  • une asphyxie des racines par excès d'eau ;
  • une forte pression des maladies et des adventices ;
  • des températures trop faibles pendant la phase de reproduction ;
  • le manque d'ensoleillement...

Une perte de surfaces de 10,5 %

« La production de blé est encore plus faible cette année qu'en 2016. Cette saison, l'excès de précipitations a commencé dès l'automne, empêchant la bonne réalisation des semis. Les surfaces ont perdu 10,5 % sur un an pour tomber à 4,243 millions d'hectares. Il a manqué 900.000 ha par rapport à 2016, d'où une récolte encore plus mauvaise », poursuit Gautier Le Molgat, pour ajouter : « Il faut remonter à 1983 et ses 24,5 Mt pour retrouver une récolte aussi faible en France. »

Une qualité très hétérogène

Au-delà des rendements, les pluies successives ont également affecté la qualité des blés. Elle ressort comme très hétérogène à travers le pays, notamment en matière de poids spécifique. « Des exploitations agricoles aux exportateurs en passant par les collecteurs, les industriels et les transporteurs, l'ensemble de la filière céréalière française devrait souffrir des conséquences de cette chute historique de production », conclut-il.