
Suite aux annonces faites par le gouvernement, le glyphosate pourrait être amené à disparaître. Pour faire face aux demandes des agriculteurs, le groupe Zasso a mis en place une solution de désherbage électrique, assurant une action racinaire. Des essais ont été réalisés en 2017 pour tester l’impact de l’électricité sur la faune et la flore.
Désherber des adventices avec de l’électricité vous paraît complètement improbable ? Pourtant le groupe Zasso a développé une alternative aux désherbages mécanique et chimique. Depuis plusieurs années, le constructeur suisse a mis en place un prototype d’une solution électrique pour lutter contre les adventices : l’Electroherb. « Ce système offrira une option supplémentaire efficace et durable dans la plupart des segments agricoles, comme le domaine viticole et les grandes cultures, explique Benjamin Ergas, l’un des directeurs du groupe Zasso.
« La machine est basée sur un circuit fermé et se compose d’un générateur et de deux rangées d’applicateurs fonctionnant comme deux pôles. Ils sont fabriqués en acier inoxydable flexible et conducteur pour entrer en contact avec les plantes et assurer le circuit électrique, explique Benjamin Ergas. Si le couvert végétal est irrégulier, au moins un des applicateurs est conçu pour permettre un contact direct avec le sol, afin de s’assurer que le circuit électrique se referme en toute sécurité. Le deuxième applicateur peut être ajusté à hauteur variable, en fonction de la hauteur des plantes. Les supports isolants sont fabriqués en polymère ferme mais élastique. Les isolateurs empêchent l’électricité de s’écouler inutilement dans le sol qui est très conducteur, protègent les petites plantes censées rester en place contre tout contact accidentel, et suppriment les étincelles. Ces isolateurs protègent également les organismes du sol. »
Des largeurs variables
L’Electroherb a moins de contraintes d’humidité que les herbicides chimiques. Pour que l’électricité puisse impacter les plantes au lieu de se dissiper en surface, celles-ci ne doivent pas être remplies d’eau. « Comme les effets du traitement se produisent instantanément, une pluie après une application ne fait aucune différence, contrairement à l’application d’herbicides chimiques. La machine travaille à une puissance optimisée. Lorsque le circuit électrique est fermé, la puissance maximale disponible pour l’applicateur circule à travers les plantes. Selon la largeur et la hauteur de la plante, cette valeur peut varier entre 0,1 et 1 kJ ou 0,03 et 0,3 Wh par plante. Le courant électrique traverse la plante et endommage donc les faisceaux vasculaires, jusqu’aux racines », décrit Zasso.
Quels impacts pour la faune du sol ?
Des temps de contact compris entre 0,01 et 1 seconde sont suffisants, en fonction de la taille de la plante. Les plantes plus grosses sont par définition en contact plus longtemps. Le tout est un compromis entre la vitesse d’avancement, le temps de contact et le type de plante. « Sur les chantiers la vitesse d’avancement varie entre 3 et 5 km/h. L’idéal est d’atteindre des vitesses de 6 à 10 km/h. Concernant la consommation en carburant, elle varie en fonction de la densité de la plante puisqu’elle demande plus d’énergie et plus de temps d’application. Un passage nécessite 5 à 20 l/ha de carburant, et dans les cas extrêmes avec des plantes de très grande taille jusqu’à 30 l/ha de carburant. Comme le sol n’est pas déplacé et que l’Electroherb agit sur les plantes, il n’y a normalement que 1 à 3 traitements par an, pas plus que pour la lutte chimique. »
Quant aux conséquences pour la faune présente dans le sol et la végétation, « l’impact est très limité, affirme Zasso. Les essais effectués en 2017 ont démontré qu’ils n’ont pas d’effets significatifs sur les vers de terre, et autres micro-organismes ». Les études menées par des organismes indépendants n’ont constaté aucune répercussion sur la vie du sol. Seul un voltage trois fois plus puissant peut nuire à la faune. Les études seront révélées au cours de cette année.
Article paru dans Viti Leaders d'avril 2018