Bio en Nouvelle-Aquitaine : « La priorité est de pérenniser les exploitations »

Si le marché de la bio donne des signes de reprise, les acteurs néo-aquitains de la filière restent sur le qui-vive. Ils attendent notamment un soutien plus marqué de la part de l’État. 

Frisches Gemüse auf einem Tisch

La production bio représente aujourd'hui 10 % de la production agricole en France.

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La bio aurait-elle fini de manger son pain noir ? C’est ce que laissent espérer les tendances présentées par les acteurs néo-aquitains de la bio, vendredi 11 octobre à l’occasion de la conférence de presse dédiée au Mois de la bio en Nouvelle-Aquitaine (lire par ailleurs). Si ce n’est en grande distribution où le chiffre d’affaires continue de baisser – moins 5 % –, les autres circuits de distribution sont repassés au vert sur le premier semestre 2024. Les magasins spécialisés et la vente directe – 38 % du CA de la filière à eux deux – affichent respectivement + 8,4 % et + 3 %.  

De quoi envisager plus sereinement l'avenir pour une filière qui a connu une baisse des achats de produits alimentaires bio de 1,3 % en 2021 et de 4,6 % en 2022, puis une stagnation en 2023. « Il y a eu une baisse générale de la consommation alimentaire en France, notamment due à l’inflation », rappelle Philippe Leymat, président d’Interbio Nouvelle-Aquitaine. Une inflation qui a certes été moins forte en 2023 sur la bio que sur le reste du marché – plus 7,7 % contre 12 % en non bio – mais qui a poussé la grande distribution à diminuer son offre de produits labellisés. En outre, selon Philippe Leymat, une concurrence s’est installée entre le bio et les produits locaux. 

638 installations en bio en 2023 

Malgré ce contexte, 638 producteurs ont choisi de s’installer en bio en 2023, tandis qu’ils sont 544 à avoir arrêté leur activité du fait d’un départ à la retraite, d’une cession ou d’un arrêt de certification. « Le nombre de déconversions est assez faible, de l’ordre de -1 % en 2024, principalement sur les céréales, mais il n’y a rien d’alarmant, assure Guy Moreau, président de Bio Nouvelle-Aquitaine. La bio n’est pas plus en difficulté que les autres filières et il n’est pas rentable de revenir au conventionnel. Crise il y a, mais les indicateurs montrent que les producteurs bio seront là demain. »

Encore faut-il aux yeux des acteurs néo-aquitains de la filière que l’Etat poursuive et amplifie son soutien en faveur de l'agriculture biologique (AB). Président de la commission bio de la chambre d’agriculture régionale, Hugues Bonnefond a ainsi insisté sur « l’importance de la pérennisation et de l’accompagnement des exploitations ». Concrètement, lui et ses partenaires souhaitent une prolongation du fonds d’urgence bio en 2025, et une revalorisation des éco-régimes du premier pilier en vue de la PAC 2028-2034. Ils aimeraient également une meilleure reconnaissance des bénéfices de l’AB au travers d’une généralisation des paiements pour services environnementaux. 

« Utilité publique » de la bio

« La bio apporte des bénéfices en matière de biodiversité, de diminution des émissions de gaz à effet de serre, de qualité des sols et de santé, et il faudrait que les agriculteurs soient récompensés pour cela, plaide Hugues Bonnefond. Il est nécessaire de mieux aider ceux qui font bien. » La « sanctuarisation » de l’aide au maintien en agriculture biologique a également été citée, tout comme le « rôle d’exemple » que devraient jouer les pouvoirs publics dans l'application de la loi Egalim. Alors que l'objectif était d’atteindre en 2022 20 % de produits bio en restauration collective, la part au niveau national n’est toujours que de 8 %.  

Rappelant « les chiffres alarmants de la MSA liés à l’utilisation des pesticides » ainsi que les effets des produits de synthèse sur la qualité de l’eau, Guy Moreau a conclu en mettant en avant « l’utilité publique de la bio », notamment en matière de santé environnementale. « Une utilité publique qui doit aujourd’hui être reconnue. »

En novembre, la Nouvelle-Aquitaine célèbre le Mois de la bio

Organisé par Bio Nouvelle-Aquitaine, Interbio Nouvelle-Aquitaine et les chambres d’agricultures départementales, le Mois de la bio a pour but de mettre en avant le mode de production biologique, ses filières, ses innovations et ses perspectives. En cela, cette 13e édition s’adresse autant aux consommateurs qu’aux professionnels. Ces derniers pourront assister à des webinaires et des formations qui auront lieu dans les 12 départements de la région, et seront animés par les structures organisatrices mais aussi des agriculteurs. Toutes les filières seront représentées, et les événements porteront sur les pratiques culturales et d’élevage, la diversification ou encore les circuits de commercialisation. 

Programme complet : moisdelabio.fr