
Le Brésil est largement critiqué en Europe pour sa production de soja, ses élevages de bovins et ses plantations de canne à sucre qui détruisent la forêt.
© Alexander Sánchez - stock.adobe.comLes négociateurs de l'Union européenne et ceux du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie) vont reprendre langue à Brasilia du 4 au 6 septembre prochain pour espérer finaliser un accord commercial entre les deux blocs d'ici la fin de l'année.
Après des négociations débutées il y a deux décennies, finalement assorties d'un accord de principe signé en 2019, le traité de libre-échange entre l'UE et l'alliance des pays d'Amérique du Sud n'a jamais été ratifié. Et donc jamais mis en œuvre.
De nouvelles exigences de la part du Sénat
D'ailleurs, en France, le Sénat avait adopté, le 6 janvier dernier, une résolution pour appeler le Gouvernement à refuser la ratification en l'état. Selon les sénateurs, les conditions démocratiques, économiques, environnementales et sociales n'étaient pas réunies.
Un traité « daté », selon Emmanuel Macron
Puis, quelques semaines plus tard, en mars 2024, le président Macron avait enfoncé le clou lors d'une visite officielle au Brésil. Il n'avait en effet pas hésité, comme il l'avait lui-même dit, à « mettre les pieds dans le plat », en déclarant que « tel qu'il est aujourd'hui négocié, l'accord est très mauvais ». Et ce, pour les deux parties.
De fait, selon lui, les anciennes versions n'incluaient pas – ou pas assez – les nouvelles préoccupations des États européens, à savoir la lutte contre le dérèglement climatique, la préservation de la biodiversité et le développement humain. Autant d'exigences qui ont largement fait surface à Bruxelles ces derniers temps. Et qui condamnaient donc un traité considéré comme « daté ».
Le Brésil dans le collimateur
Les critiques visent particulièrement le secteur agricole brésilien. Son gigantisme et sa course à la productivité, en plus de provoquer une concurrence que les agriculteurs européens jugent déloyale, nuit à l'environnement. C'est vrai pour la production de soja, pour l'élevage de bovins, pour les plantations de canne à sucre, qui concourent à la destruction de la savane et de la forêt amazonienne.
À cela s'ajoutent d'autres critiques, sur l'usage de produits phytosanitaires, la façon dont les poulets sont élevés, le fait que les petits producteurs sont laminés par les géants de l'agrobusiness...
Les pays membres du Mercosur répondent que toutes ces accusations cachent une simple stratégie protectionniste de la part de l'Europe.
Une loi anti-déforestation importée qui déplaît aux Brésiliens
Toujours est-il qu'après tous ces accrocs, les négociations avaient été mises en suspens du fait des élections au Parlement européen, en juin dernier.
Celles qui s'ouvrent en septembre devront aplanir d'énormes difficultés, d'autant que les Brésiliens sont vent debout contre la loi anti-déforestation importée, qui devrait entrer en application à partir du 30 décembre 2024. Ce dispositif européen exigera que les entreprises vendant leurs produits (dont le café, le soja, le bois, la viande bovine...) dans l'UE prouvent que leur chaîne d'approvisionnement n'a pas contribué, après le 31 décembre 2020, à la destruction des forêts.