Mardi 5 décembre, Caproga La Meunière a tenu son assemblée générale à Amilly. C’était une première pour Henri Ganzin, élu à la présidence de la coopérative en décembre 2022. Successeur de Jean-Michel Billault, qui a été président de Caproga pendant quatorze ans, Henri Ganzin est agriculteur sur 190 hectares de céréales à Montbouy (45). Il a été administrateur pendant trente ans, a siégé quatorze ans au bureau et occupait le poste de vice-président de Caproga depuis 2016.
Comment s’est déroulée cette première campagne sous votre présidence ?
Henri Gazin : Après une collecte record en 2021, la récolte de 2022 a connu un net recul, impactée par la sécheresse du printemps qui a pénalisé les zones superficielles. Pour cette campagne, les volumes collectés par le groupe (Caproga et SAS David) sont de l’ordre de 605 000 tonnes, en recul de 11% en comparaison avec la collecte précédente. La collecte en blé représente près de 245 000 t, 163 600 t en orge et 113 600 t en maïs. Elle se caractérise par une qualité irréprochable. La moisson s'est déroulée en un temps record, presque entièrement achevée le 15 juillet. Les maïs et les tournesols, récoltés tôt et relativement secs, ont permis de réaliser des économies sur les frais de séchage. Ce fut plutôt un bon exercice avec une collecte correcte et avec des outils industriels qui nous ont permis de redistribuer de la valeur aux adhérents, malgré le contexte inflationniste difficile.
Ce contexte inflationniste a été un fait marquant pour cette campagne, comment vous êtes-vous adaptés ?
H.G. : Dès le début de la campagne, il a fallu affronter cette crise inflationniste. Le coût de l’électricité a atteint des niveaux inégalés avec un prix du kWh multiplié par 3 au renouvellement de notre contrat d’électricité en janvier 2023. Malgré le suivi strict des consommations, l’impact est conséquent sur l’exercice. Côté frais financier, l’augmentation fulgurante des taux d’intérêts conjuguée à des besoins de trésorerie accru ont entraîné une hausse significative des frais à court terme. Il a fallu faire face.
Côté producteur : nos productions biologiques ont fortement été impactées par la crise du pouvoir d'achat, suscitant des interrogations chez nos adhérents pratiquant l'agriculture biologique. Et l'activité d'élevage est, elle aussi, perturbée par la hausse considérable du coût de l'alimentation.
Et en matière d’approvisionnement ?
H.G. : L’exercice est marqué par une hausse exorbitante du chiffre d’affaires, qui est le reflet du niveau des charges opérationnelles qui ont explosé sur nos exploitations. Toutes les familles produites sont touchées, mais c’est surtout le poste « engrais » qui est concerné, avec un prix unitaire multiplié par 2,5. Avec la déflation qui s’est ensuivie, un strict contrôle du respect des commandes a été mis en place afin de limiter au maximum notre stock de fin de campagne.
Quelles sont les nouveautés qui ont marqué la campagne ?
H.G. : La campagne 2022/2023 est marquée par la réorganisation logistique de notre activité élevage. Notre stockage de matière première à Châlette-sur-Loing ainsi que la citerne de livraison étaient en fin de vie et les volumes commercialisés ne nous permettaient pas d’amortir de nouveaux investissements, le conseil d’administration a validé la sous-traitance logistique auprès de l’usine d’aliments Soreal, à Joigny (89).
Quels sont les projets pour l’année prochaine ?
H.G. : Notre plan d'investissement sur cinq ans se termine cette année avec la livraison de plusieurs ouvrages, comme les silos de Saint-Hilaire et Sépeaux. Le budget prévisionnel était de 25 millions d’euros, nous clôturons avec 25,5 millions d'euros. Afin de préparer les futures orientations de notre coopérative, le conseil a décidé de créer plusieurs commissions :
- une commission prospective qui a travaillé sur l'élaboration d'un nouveau plan d'investissement sur cinq ans à raison de 3,6 millions €/an. L’accent est mis sur la proximité et le service aux adhérents, avec la construction de nouveaux bâtiments approvisionnements, ainsi que sur l’amélioration des conditions de travail des salariés;
- une commission de diversification, qui travaille à la recherche de projets novateurs et de nouveaux débouchés;
- une commission sociale visant à améliorer les conditions de travail et l'attractivité de nos métiers;
- la commission d'investissements qui étudie et négocie tous les investissements;
- la commission communication, visant à améliorer l'image de l'entreprise en interne et en externe.
La priorité sur l’exercice 2023-2024 portera sur quels travaux ?
H.G. : La priorité sera la construction de deux plateformes de réception goudronnées au Charme et à Chuelles. Ce sont des sites où le flux de marchandises est conséquent durant la moisson et tout ne peut pas être rentré à mesure. L’autre souhait serait la création d’un bâtiment approvisionnement magasin phyto à Saint-Privé (89), cela dépendra des délais administratifs pour obtenir le permis de construire.
La moisson de 2023, effectuée dans de bonnes conditions, devrait permettre à la coopérative de réaliser une bonne collecte estimée autour de 680 000 tonnes. Si les orges d'hiver présentent une excellente qualité avec de très bons rendements, les blés affichent un PS légèrement faible (75). Une année qui s’avère compliquée pour les orges de printemps, au calibrage est très mauvais.