« Changer les valeurs autour du carbone »

Antoine Pissier, président de la FNA et vice-président FC2A, lors du colloque à Tours, le 3 décembre 2021. Photo : O.Lévêque/Pixel6TM

Pour son colloque annuel du 3 décembre dernier à Tours, le premier organisé en délocalisé, la FC2A avait mis le sujet du carbone au cœur des échanges. Forte de 7 fédérations d’entreprises, et peut-être bientôt davantage, « nous espérons accueillir le SNIA en 2022 », a évoqué en introduction Antoine Pissier, président de la FNA et vice-président FC2A ; l’organisation a ainsi voulu apporter sa pierre à l’édifice sur l’intégration du défi carbone auprès de ses entreprises.

« Il faudra changer les valeurs autour du carbone, et savoir comment mieux valoriser l’agroécologie dans le dispositif », a insisté en préambule l’économiste Christian de Perthuis. Et d’ajouter : « Si beaucoup de travail a été fait sur le volet de l’offre, avec de nombreux labels autour du carbone, cela ne suffit pas, car la demande est trop faible. Il faut changer d’échelle ! »

Pour Julien Fosse, directeur adjoint de France Stratégie, et Pierre-Marie Aubert, de l’IDDRI, le PSN de la France pour la future PAC ne va pas assez loin sur la question de la séquestration carbone en agriculture. Le rôle du marché du carbone pour financer la transition écologique a d’ailleurs été remis en question, avec des effets pouvant être inverses à ceux recherchés. « Prenez l’exemple des inhibiteurs de nitrification, pour réduire à court terme les pertes d’azote, qui entraînent au final une hausse des émissions d’ammoniac, a indiqué Pierre-Marie Aubert, qui coordonne à l’IDDRI l'initiative Politiques publiques pour l'agriculture européenne. Un dispositif potentiellement écoresponsable pourrait avoir au final un impact négatif sur la biodiversité et le climat. »

Pour Samuel Vandaele, président des Jeunes Agriculteurs et grand témoin de la première table ronde, l’enjeu autour du carbone pour la filière agricole est de « diminuer les émissions avant de chercher à les compenser » et si les agriculteurs devront réduire leurs émissions, il sera « nécessaire également d’entamer les changements auprès d’autres maillons, notamment au stockage ou lors du transport ».  Et d’ouvrir les perspectives : « Grâce au carbone, nous pourrons pour la première fois allier des choix techniques, économiques, environnementaux et de biodiversité, dans une réponse complète. » Pour le responsable syndical, le principal levier pour faire bouger les lignes sur le carbone dans les exploitations, c’est de susciter l’appétit des producteurs. « Si les agriculteurs n’ont pas envie, ce n’est pas une politique publique qui fera bouger les lignes. Il faut regarder les choses qui se font dans les territoires. Le cadre de décision européen sera juste un accélérateur. »

Reterritorialisation des enjeux carbone

Justement, c’est au niveau des territoires que les choses devront bouger, assure Maximin Charpentier, président de la chambre régionale d'agriculture Grand-Est et président de Terrasolis, pôle d'innovation de la ressource bas carbone. « La solution passera par la reterritorialisation, avec l’intelligence collective », a indiqué le responsable. « Il faut raccrocher l’enjeu du carbone à celui de l’énergie. L’agriculteur ne devra pas céder son carbone gratuitement, sinon, ce sera comme avec la grande distribution qui a récupéré les marges de l’agriculteur depuis les années 1980. L’enjeu, c’est d’investir dans des centres d’excellence en énergies renouvelables (CEER), comme les méthaniseurs mais aussi les gazéifieurs, etc. Des filiales de Terrasolis seront ainsi créées, à 30 % détenues par nous et 70 % par les territoires. Les stations multi-énergies Karrgreen pour la distribution de carburant renouvelable seront des SAS, entièrement standardisées, qui appartiennent aux territoires, comme porté par Terrasolis Energy, notre filière énergies renouvelables », a terminé Maximin Charpentier.

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