Il y a dix ans, la coopérative Cavac structurait ses organisations de producteurs bovins au sein de Bovinéo, et lapins par le biais de la CPLB. Cette fin d’année, le rapprochement avec la coopérative Cevap (Coopérative des éleveurs de Vendée Anjou Poitou, comptant une quarantaine d’éleveurs) permet à la Cavac de donner naissance à son OP des producteurs de veaux. Le rapprochement avec Val de Sèvre (116 adhérents, 48 éleveurs et une soixantaine de producteurs de foie gras) offre, de son côté, l'opportunité de créer l’OP des canards à foie gras Cavac. Ces projets de fusion ont été approuvés lors des assemblées générales extraordinaires respectives.
« Nous ne reprenons que les parties productions, et non la commercialisation, notamment faite auprès de Delpeyrat pour Val de Sèvre », insiste Jacques Bourgeais, directeur général du groupe Cavac. Le rapprochement, dans un marché du foie gras difficile, doit aider à séduire de nouveaux éleveurs, faire bénéficier à Val de Sèvre de nombreux services spécialisés Cavac (accompagnement, communication, formations, analyses…) et innover en se préparant à de nouvelles normes bien-être animal, voire d’explorer d’autres modèles de production vers des marchés premium, d'après le groupe vendéen.
Récolte 2022 de 716 000 t
Pour revenir à l’exercice 2022-2023, la récolte de 716 000 t a été fortement pénalisée par la collecte d’automne, à seulement 130 000 t. « Ce fut une année très compliquée en marges céréales, car des engagements pris précocement nous ont desservis sur un marché en forte hausse en cours de campagne », rappelle Jacques Bourgeais. Les productions en végétaux spécialisés (semences, légumes, etc.) atteignent 15 000 ha. 9 % des tonnages de la récolte 2022 étaient réalisés en bio. Face au déséquilibre entre offre et demande, la Cavac dit ne pas enregistrer de déconversion sur sa partie céréales et souhaite garantir un cadre sécurisant pour poursuivre sur le segment, mais reconnaît ne plus enregistrer de conversion AB ces derniers mois.
Sur les productions animales, l’ensemble des espèces a connu une baisse des volumes sur l’exercice, en particulier les volatiles (-52% en canards, -43 % en poulets). Pour soutenir l’élevage, la coopérative a accordé 1,6 million d’euros de Dotation Élevage en deux ans sous forme de subventions, ce qui a aidé la reprise de 180 élevages (60 % de l’enveloppe dédiée aux bovins viande et lait, et près de 30 % aux petits ruminants brebis laitières, ovins viande et caprins).
Les métiers de la jardinerie (magasins Gamm vert et AgriVillage) réalisent sur l’exercice un chiffre d’affaires en augmentation de 7 %. Cavac Biomatériaux (Biofib’) gagne 10 % dans un contexte économique où le secteur du bâtiment n’est pas vraiment épargné. Les filiales en agroalimentaire, avec l’effet ciseaux de 2022, ont une rentabilité plus à la peine que l’exercice précédent, en particulier Bioporc.
Chiffre d'affaires groupe d'1,22 milliard d'euros
Jérôme Calleau, président de Cavac, a présenté un chiffre d’affaires consolidé d'1,22 milliard d’euros, dont 941 M€ de CA coop, qui progresse grâce à l’effet prix (+16%), malgré des volumes en baisse (-13%). Le résultat d’exploitation (14,7 M€) et la capacité d’autofinancement (30 M€) sont stables depuis trois ans, et les fonds propres, à 154 M€, progressent de façon régulière (61M€ en 2012).
Les principaux investissements réalisés au cours de l’exercice écoulé concernent le rachat des parts du négoce Cosset fin juin 2023, la fin de la construction de l’unité de conditionnement de légumes secs à Mouilleron le Captif, et d’un stockage additionnel d’aliments extrudés sur la principale usine de fabrication d’aliments du bétail. La construction de la nouvelle usine Biofib’Isolation à Saint-Hermine (25 M€) est lancée et s’achèvera mi-2024.
Belle collecte 2023… mais inquiétante pour 2024
Enfin, après une belle collecte 2023, à 1,1 Mt (850 000 t sans l’arrivée du négoce Cosset), la Cavac se dit très inquiète pour la moisson 2024, avec seulement 65 à 70 % des semis d’automne réalisés au 11 décembre, dont une partie dans de mauvaises conditions, ce qui laisse craindre une moisson d’été réduite de moitié, conclut Jacques Bourgeais : « La zone nord du département et les Deux-Sèvres, soit l’ensemble du bocage, est la plus durement touchée. Des semis pourront avoir lieu jusqu’au 15 janvier, selon les conditions météo. » Pour Jérôme Calleau, c’est aussi la question des quantités suffisantes de paille pour les éleveurs qui va se poser en 2024 : « Des reports de semis sur l’orge de printemps pourront avoir lieu, afin de bénéficier de paille. Sinon, vers les blés durs, maïs et tournesol, avec des prises de risques non négligeables parfois. »