Un bon résultat 2022-2023 malgré la collecte 2022 en recul de 25 %, à 93 000 tonnes : La Tricherie poursuit sa stratégie de filières qualité et s’engage dans une nouvelle ère avec le départ de son président Alain Bergeon, en poste depuis 1988, et l’arrivée de son jeune successeur.
« Ça a été une vraie partie de plaisir, cette présidence de la coopérative de La Tricherie durant 35 ans ! » souriait Alain Bergeon ce jeudi 14 décembre, lors de l'assemblée de la coopérative poitevine à Bonneuil-Matours (Vienne). S’il souhaite passer la main, il sollicite cependant un mandat d’administrateur pour accompagner la transition avec le nouveau bureau.
C’est Thibaud Deschamps, céréalier de 36 ans, qui occupe désormais la fonction de président. Installé depuis 2016 avec son oncle et son frère sur une ferme céréalière familiale de 360 ha à côté du Futuroscope, il était double-actif en tant qu'ingénieur Arvalis avant de s’installer intégralement depuis cet été. Il a débuté son implication auprès de La Tricherie comme stagiaire administrateur puis secrétaire au sein du bureau précédent.
Des fonds propres qui doublent en dix ans
Cette AG a retracé les faits marquants de l’exercice 2022-2023, dont le résultat, à 416 000 euros, est bon, selon Jean-Paul Serreau, le directeur administratif et financier. Et ce, malgré un contexte inflationniste doublé de la très mauvaise récolte 2022 : elle se hisse à 93 000 t, soit un quart de moins que l'année précédente. La collecte 2023 s'établit quant à elle à 121 600 tonnes, et revient au niveau de 2021. Le chiffre d'affaires, de 61 millions d'euros, augmente légèrement (57 millions d'euros en 2021-2022), avec une capacité d’autofinancement régulière maintenue à 2 millions d'euros. Les fonds propres à 21,5 millions d'euros ont été doublés en dix ans.
90% de la collecte en contrat filières
Pour honorer ses contrats filières en 2022-2023, qui représentent 90 % des volumes de la coop, des achats auprès de coopératives voisines et reports de collecte précédente ont permis d’atteindre 118 000 t vendues sur l’exercice. Le chiffre d'affaires collecte, établi à 45 millions d'euros, gagne ainsi 3 %, s’est félicité Benjamin Bichon, le directeur. Le prix payé par La Tricherie à ses adhérents sur l’exercice s’établit à 300 euros/t en blé (contre 270 euros/t en prix fermes moyens relevés), à 670 euros/t en colza (contre 570 euros/t) et 302 euros/t en maïs (contre 280 euros/t en prix fermes relevés). Les projections pour la récolte 2023 s’établissent à 252 euros/t en blé.
Les biosolutions triplent en cinq ans
Le chiffre d'affaires appro sur l’exercice s’établit à 15,8 millions d'euros et gagne 25 %, en lien avec la forte hausse des engrais (+ 41 % de chiffre d'affaires avec 12 000 t d'engrais vendues). Pour l’exercice en cours, ce chiffre d'affaires appro devrait revenir à la normale, autour de 12 millions d'euros. Les biosolutions voient leur chiffre d'affaires multiplié par trois en cinq ans, a mis en avant Baptiste Breton, directeur terrain.
Avec les conditions météo pluvieuses sur la région Nouvelle-Aquitaine, La Tricherie fait état de 85 à 90 % de ses surfaces d’automne semées et s’inquiète de volumes certainement en baisse pour la moisson prochaine.
Du côté des filiales, le CA de Futuramat spécialisé dans la chimie verte, est stable. L'usine Brin d'Or de Bonneuil-Matours, filiale à 100% de la Tricherie, a entamé en 2023 sa pleine production d'isolant issu de paille avec 5 130 t achetées à 37 adhérents. Une fois triée puis hachée (broyeur de 10t/h), la paille est vendue pour l'isolation de bâtiments. A la fin de cette première année, une centaine de tonnes d'isolant sera vendue aux professionnels du bâtiment. La Scic Iélo, client unique de Brin d'Or et comptant 102 associés, avec un apport financier de 900 000 euros dernièrement par le Crédit Agricole et la Caisse de Dépôts, se charge de promouvoir le nouveau matériaux biosourcé aux multiples atouts.