Oxyane veut accompagner 500 adhérents dans la transition agroécologique

Oxyane a dévoilé les contours d’un ambitieux programme d’accompagnement de ses adhérents : O’trement prévoit d’aider 500 céréaliers et éleveurs de bovins lait à s’engager sur une démarche agroécologique holistique. Le groupe coopératif a mobilisé des partenaires privés et publics pour soutenir les agriculteurs dans leur prise de risque liée à cette transition.

La régénération des sols est l'un des piliers de la démarche O'trement.

© Pixel6TM

C’est sur l’exploitation de Patrick Grobon, son premier agriculteur engagé, qu’Oxyane a présenté O’trement, un programme qu’elle construit depuis quatre ans avec l’aide d’Earthworm, une organisation à but non lucratif qui fait du lien entre l’amont et l’aval.

« L’agriculture doit se transformer. Mais un agriculteur n’a que 42 essais pour réussir dans toute sa carrière, c’est très peu par rapport à l’industrie. S’il rate plusieurs campagnes, il prend un gros risque pour son exploitation. Aussi, nous avons voulu sécuriser les agriculteurs qui entreront dans notre démarche », résume Georges Boixo, le directeur du groupe coopératif.

Un parcours personnalisé

Les agriculteurs seront accompagnés individuellement par les technico-commerciaux, les technicien agro-environnementaux et les services techniques internes d’Oxyane.

Après un diagnostic initial, leur progression sera mesurée sur cinq ans par onze indicateurs : réduction de la dépendance aux intrants (azote, phytos), augmentation de la surface couverte, amélioration de la biodiversité, etc.

présentation O'trement Oxyane

La réduction de la dépendance aux intrants sera mesurée par l'IFT, le % d'azote autoproduit, la balance globale azotée et la quantité d'eau apportée/ha. Ces indicateurs témoignent de l'autonomie des exploitations et de la diminution des émissions de gaz à effet de serre. 

© Irène Aubert

Les agriculteurs seront dédommagés de leur prise de risque par une prime de 50 €/ha en niveau 1, 80 €/ha s’ils atteignent le niveau 2 et 100 €/ha pour le niveau 3.

L’objectif est de concerner 50.000 ha et 600 bovins, ce qui pourrait entraîner une réduction des émissions de GES de 15 à 20 % et l’implantation de 25.000 ha de couverts végétaux.

McDo, Nestlé et la Région

Pour financer ce programme estimé à 20 M€ sur cinq ans, la coopérative a fait appel à tous ses partenaires : dans la filière, avec des entreprises comme McDonalds, Nestlé ou Roquette, qui voient dans cette opération un moyen de répondre à leurs propres objectifs de réduction des émissions de GES. Mais pas uniquement. Plusieurs collectivités locales et la Région Auvergne Rhône-Alpes ont accepté d’apporter leur contribution au budget, reconnaissant ainsi les externalités positives d’une telle transition pour les citoyens.

Acteur semi-public, la CNR (compagnie nationale du Rhône) a témoigné quant à elle de son intérêt pour une amélioration de la qualité des sols vis-à-vis de l’infiltration. La gestion de l’irrigation est aussi un point non négligeable pour l’avenir, puisque pour l’instant, 120.000 ha de cultures sont irrigués grâce au Rhône. 68 % des prélèvements sur le fleuve sont à destination de l’agriculture.

Tous ont témoigné de l’avance que l’agriculture française pouvait conserver vis-à-vis de ses voisines européennes en s’engageant dans cette voie.

Reconnu pour ses efforts

La démarche va maintenant être proposée aux adhérents. «Je me suis lancé dans O'trement car l'agronomie a toujours été importante pour moi », témoigne Patrick Grobon, agriculteur à St-André-de-Corcy (Ain), qui souhaite être reconnu pour les efforts qu'il fournit. La démarche pourrait aussi l'aider dans la transmission de son exploitation. Déjà en niveau 2, il espère bien « faire partie des bons» dans cinq ans.