Spécial jeunes installés : opération séduction • Un jeune installé qui a aussi « une vie à côté »

Depuis le 1er octobre 2023, Pierre Pénisson a rejoint ses anciens employeurs en tant qu'associé d'un Gaec, à 50 kilomètres au sud de Nantes. Ensemble, ils gèrent 150 charolaises et un atelier volailles de 85.000 poulets. Ce nouvel éleveur veut partager les responsabilités mais, surtout, avoir du temps libre. Il a été accompagné par la Cavac, qui considère les jeunes installés comme de « nouveaux investisseurs ».

Petit-fils d'agriculteurs, Pierre Pénisson a préféré rejoindre les membres d'un Gaec pour s'installer. La raison ? Davantage de sécurité et de flexibilité.

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Pierre Pénisson, 26 ans, est emblématique de la nouvelle génération de jeunes, qu'ils soient actifs dans l'agriculture ou dans d'autres secteurs. Le travail ne lui fait pas peur, bien sûr, mais il veut aussi « une vie à côté », dit-il.

C'est pourquoi ce petit-fils d'agriculteurs, qui passait ses vacances d'été à la ferme et rêvait de devenir paysan, a choisi, alors qu'il était salarié d'un Gaec de Saint-Denis-la-Chevasse, à 45 minutes au sud de Nantes, en Vendée, de rejoindre les trois associés de la structure, qui s'étaient installés en 2007, 2008 et 2019.

Ne pas être seul

Son Bac pro lui a permis de faire un apprentissage de trois ans dans une exploitation laitière. Son BTS productions animales, conjugué avec un apprentissage de deux ans dans une exploitation bovine, s'est suivi d'une licence professionnelle. Elle a été réalisée en apprentissage d'un an en tant que technicien d'élevage, à la Cavac, la coopérative agricole locale. Il a ensuite trouvé un emploi salarié au sein d'une exploitation. Tout cela l'a largement préparé à prendre la tête d'une ferme.

« Les choses se sont faites “comme ça”, dit-il. Je ne voulais pas être tout seul. Être associé permet de partager les responsabilités, et surtout, d'avoir du temps libre. »

Depuis le 1er octobre 2023, après quatre ans de salariat, il partage donc le quotidien des autres associés du Gaec Essiré. Un quotidien chargé, puisque l'exploitation gère au total 150 vaches charolaises (label Rouge) et engraisse 500 taurillons à l'année, sans oublier les 4.200 m2 de poulaillers qui abritent quelque 85.000 poulets.

La Cavac, un appui auprès des banques

Soucieuse de participer au renouvellement des générations, la Cavac a d'abord dépêché sur place un expert-comptable, qui a dressé un diagnostic économique de l'exploitation en vue d'appuyer le dossier de Pierre Pénisson auprès des banques.

« Cet apport est très important, relève le jeune homme. Il a montré que le projet était viable et j'ai pu obtenir un prêt de 80.000 euros pour acheter des parts sociales », dit-il.

Des experts pour calculer la ration des bovins

L'action de la coopérative, au sein de laquelle l'un des associés du Gaec est administrateur, ne s'arrête pas là. Comme pour les autres producteurs adhérents, elle envoie régulièrement ses experts, afin de dispenser des conseils.

« Ils nous aident à calculer la ration pour les bovins, notamment, précise le nouvel associé. Et tout se passe très bien. »

Aider les « nouveaux investisseurs »

La Cavac chouchoute aussi les nouveaux installés, qu'ils soient jeunes ou moins jeunes. Dans le cadre d'une enveloppe de deux millions d'euros qui leur est destinée pour l'élevage, Pierre Pénisson a reçu quasiment le maximum individuel de l'aide prévue : 14.500 euros (sur 15.000 euros), en échange d'un engagement de cinq ans avec la coop.

« De nombreux producteurs partent en retraite et les structures ne sont pas reprises, remarque Pierre Pénisson. Et c'est particulièrement vrai sur l'élevage. »

Des contrats pour sécuriser les revenus

En conséquence, toujours avec l'objectif de préserver, voire dynamiser l'élevage dans la région vendéenne, la coopérative propose également un contrat de vente (prenant en compte le coût de production) aux jeunes installés, qu'elle considère comme de « nouveaux investisseurs », afin de leur offrir une meilleure visibilité sur leurs revenus à venir. Dans le cas de Pierre Pénisson, c'est un contrat pour les taurillons, avec en face un abattoir.

Pas question, pour l'instant, d'agrandir l'exploitation. « Nous voulons d'abord sécuriser la structure et nous rémunérer correctement », assure le jeune éleveur. Suivra-t-il un jour le parcours d'un des associés du Gaec pour participer plus étroitement à la vie de la coopérative locale ? « Pas forcément, répond-il. À part le travail à la ferme, je veux du temps libre. » Au programme : club de foot, amis et famille. « Une vie à côté du travail », en somme.