Adjuvants : ils ne s’associent pas qu’aux herbicides

Frédéric Pagès, vice-président de l’AFA-Adjuvants, rappelle : « Les ventes des adhérents de l’AFA représentent aujourd’hui 90% du marché français des adjuvants. » © S. Leitenberger/Adobe Stock

Si le marché des adjuvants progresse en France, ces produits restent majoritairement employés avec des herbicides. Longtemps, la recherche d’efficacité a été le critère déterminant dans l’acte d’achat. Désormais, des critères environnementaux et d’autres, prennent le pas, et pourraient modifier la tendance des usages.

L’adjuvantation concerne majoritairement les cultures de céréales à paille et de colza. « Compte tenu des pluies intenses de l’automne, il est difficile de prévoir la tendance du marché pour cette nouvelle campagne. Cela va dépendre des surfaces implantées en céréales et de l’état des cultures de colza », décrit Frédéric Pagès, vice-président de l’Association française pour les adjuvants (AFA).

Créée en 2003, l’AFA rassemble les principaux acteurs du marché : les sociétés Action pin, De Sangosse et SDP, le semencier Cérience et le groupe Oléon.

« Pour des raisons stratégiques qui lui sont propres, la compagnie Total Énergies n’a pas renouvelé son adhésion pour la campagne 2023-2024 », explique Ségolène Labelle, coordinatrice de l’association.

Les ventes des adhérents de l’AFA représentent aujourd’hui 90 % du marché français des adjuvants.

Le marché des adjuvants en France représente 50 millions d’euros

Le marché français, qui représentait en 2022 environ 50 millions de chiffre d’affaires, est en constante progression.

En effet, sur les cinq dernières années, les ventes d’adjuvants réalisées par les fabricants ont augmenté de 29 % en valeur et de 11 % en hectare.

« Les données des surfaces décorrélées de la tendance inflationniste rendent compte d’une hausse de l’usage des adjuvants », rappelle Ségolène Labelle.
Campagne 2022-2023, bilan en « demi-teinte »

Pourtant, en 2023, la profession qualifiait les résultats de la campagne dernière de décevants. Elle chiffrait alors une baisse des ventes de 5 % en valeur et de 12 % en hectare sur un an, en cause :

« Les achats anticipés d’adjuvants par les distributeurs en juin 2022, estimés à 2 millions d’hectares, n’apparaissent pas dans les statistiques de la campagne dernière. De ce fait, cette anticipation cache la tendance haussière du marché. »

Pour cette nouvelle campagne, l’AFA ne fait pas état d’achats anticipés de la part des distributeurs.

Les usages des adjuvants, quant à eux, restent les mêmes. C’est-à-dire que les adjuvants sont associés à 63 % avec des herbicides, 26 % avec des fongicides, moins de 10 % avec des insecticides et de façon plus anecdotique, avec des régulateurs de croissance.

L’efficacité n’est plus le seul critère d’achat

D’après le vice-président de l’AFA, l’utilisation d’adjuvants a longtemps été liée au seul critère d’amélioration de l’efficacité :

« Depuis cinq ans, nous observons un intérêt accru pour d’autres propriétés.  Les bénéfices environnementaux et l’amélioration des applications en conditions limitantes sont aussi des critères d’achat : par exemple, les propriétés anti-dérive. »

Les adjuvants se classent en deux catégories :

  • Les huiles, qui améliorent la pénétration des produits. Elles sont souvent utilisées en association avec des herbicides. Leurs ventes représentent environ 40 % du marché.
  • Les adjuvants de type mouillants, qui ont des propriétés d’étalement ou encore de résistance au lessivage, et dont les effets vont au-delà de l’efficacité stricte.
« Tous les ans, les membres adhérents de l’AFA mettent en marché en moyenne une nouvelle référence. La tendance actuelle des innovations est tournée vers la catégorie des mouillants », détaille Frédéric Pagès. 
Quid des achats d’adjuvants pour la nouvelle campagne ?

Produits de biocontrôle, biostimulants et adjuvants : les types de produits se multiplient. Dans le contexte économique actuel, où les trésoreries se tendent, il est possible d’imaginer que les producteurs vont procéder à des arbitrages.

D’après Frédéric Pagès, les adjuvants se distinguent clairement des autres produits :

« Le coût d’un adjuvant est nettement plus faible que celui des produits cités. Leur usage diffère aussi clairement. Il répond à la préoccupation : comment améliore-t-on la qualité et l’efficacité d’une pulvérisation ? »
Une offre spécifique doit être conservée

Aujourd’hui, les attentes des utilisateurs s’orientent vers l’usage d’un adjuvant unique :

« Un adjuvant améliore la performance d’un produit systémique différemment d’un produit de contact par des fonctionnalités différentes. Pour une efficacité maximale de chaque application, il est important de conserver une offre variée et spécifique d’adjuvants », insiste le vice-président de l’AFA.
Maintenir la progression

Aujourd’hui, en France, l’adjuvantation concerne 30 % des applications. La mission de l’AFA est de continuer à faire progresser l’utilisation de ces produits.

Pour cela, cette association interprofessionnelle conserve sa feuille de route. En 2024, elle travaillera sur plusieurs axes :

  • le maintien de la stratégie de communication auprès des distributeurs par la diffusion de plaquettes et l’animation d’un réseau sur LinkedIn ;
  • le travail conjoint avec des partenaires, comme Phyteïs ou IBMA.

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