Les chiffres publiés émanent d’un écrit scientifique rapporté par le « Journal of Consumer Protection and Food Safety ». Le travail mené réalise la synthèse de 48 études évaluant les performances des EPI face à l’utilisation des phyto.
Il se base sur différentes opérations régulièrement effectuées par les travailleurs agricoles, prenant même en compte les erreurs de manipulation les plus fréquentes.
L'échantillon retenu s'est concentré sur 500 agriculteurs, issus de 10 pays de l’UE. Les analyses ont suivi les phases de chargement des produits, ainsi que celles d’application puis de nettoyage post-opératoire. Les tests portent principalement sur l’efficacité des gants en nitrile et des combinaisons de travail.
Des résultats conformes aux attentes européennes
En matière de chiffres, voici l'essentiel des données présentées par Phyteis. Concernant les gants, ils diminueraient, en moyenne, le risque d’exposition sur les mains :
- de 95 % lors du chargement des substances ;
- de 91 % pendant la phase d’application.
À propos des combinaisons de travail, l’enquête dévoile des résultats similaires :
- une réduction de l’exposition de l’ordre de 96,4 % lors du chargement ;
- une efficacité de 94,9 % lors de l’application.
Des équipements fiables qui ont progressé
Parmi les points positifs à retenir pour les agriculteurs :
- les équipements de protections sont réellement efficaces, aucun doute là-dessus, et il convient de les porter pour préserver sa santé à long terme ;
- les matériaux utilisés et leur confection ont fortement progressé depuis une dizaine d’années.
En revanche, concernant la précision du niveau d’efficacité avancé par les résultats de l’enquête, financée par CropLife Europe, n'oublions pas qu'une majorité des 6 experts coauteurs du rapport de conclusion, sont des acteurs impliqués dans l’industrie phytopharmaceutique. Edgars Felkers et Christian Kuster officient chez Bayer. Felix Kluxen chez BASF, Neil Morgan chez Syngenta et Julien Durand-Réville, chez Phyteis, en tant que responsable prévention santé. Et que l’Union européenne demande un niveau de protection supérieur à 90 % pour l’homologation des EPI.
Julien Durand-Réville précise toutefois que « les comités d’experts indépendants européens recensent et consolident l’ensemble des données à leur disposition » afin de garantir la transparence des informations et d'« apporter une compréhension objective du rôle protecteur des EPI ».
L'expert insiste en outre sur un point rassurant pour les agriculteurs : le fait que la France impose des normes de protection supérieures à celles demandées par Bruxelles.
Des comportements à améliorer chez les professionnels
Autre point important mis en avant par les conclusions de l'enquête : certains gestes ou pratiques inadaptés perdurent chez les travailleurs agricoles et autres personnes appelées à manipuler des produits phytosanitaires. En particulier lors des phases de nettoyage suite aux applications.
L’expert prévention santé Phyteis souligne, à juste titre, le fait que « la réduction de l’exposition ne passe pas uniquement par les EPI mais nécessite de renforcer les efforts en matière de prévention, formation, règles d’hygiène et organisation du travail ».