La livre libanaise se déprécie encore. Les prix continuent d’augmenter. Il y a pénurie de carburants et des files de voitures interminables se créent devant les stations essences. Le pays est dans un tel état.
Pour le château ce qui me préoccupe le plus désormais est de fidéliser les ouvriers. Pour les travaux en verts et surtout pour la récolte, 240 travailleurs sont mobilisés. Traditionnellement au Liban, ce sont des bédouins syriens qui font la vendange. Mais avec le conflit en Syrie, beaucoup d’hommes ne sont pas revenus au pays : victimes de la guerre ou exilés dans un pays étranger.
Par ailleurs, des organisations non gouvernementales ont, certainement sans s’en rendre compte, une action nuisible sur l’économie de la région.Pour aider les réfugiés syriens au Liban, ils fournissent des aides financières en cash et en dollar américain. Les producteurs agricoles employeurs de main d’œuvre, comme ceux qui font des pommes de terre, des oignons ou comme nous du vin, se retrouvent en concurrence avec les ONG.
L’ingérence occidentale, de bout en bout, déstabilisent dramatiquement le Moyen-Orient.
Nous avons eu beaucoup de mal à recruter toutes ces personnes, il est maintenant dans mon devoir de les convaincre de rester au Château Ksara. On ne peut pas laisser la vendange sur pied. Quoi qu’il en coûte, nous devons récolter et élaborer nos vins avec le standard de qualité et l’identité libanaise attendus par nos clients.
Je parle beaucoup avec les travailleurs pour savoir ce qu’ils souhaitent pour rester. Un pied à terre, des bonnes conditions de travail, un salaire et une sécurité financière à moyen terme. Je me suis engagé à les employer sur une durée de 120 jours, 7 jours sur 7. Et on réfléchit à monter un camp bédouin sur la propriété.
Il y a tellement de problèmes à gérer. L’un en chasse un autre. Les journées sont dures et longues. Il faut faire beaucoup avec rien, mais j’y crois. Après la tempête, le beau temps…