Combien de cuivre utilisez-vous ? Comment faites-vous pour entretenir le sol ? Vos coûts sont-ils réellement supérieurs à ceux des vignerons conventionnels ? Pour la première fois à Lyon, une vingtaine de vignerons bio de Rhône-Alpes son venus présenter leurs vins aux professionnels. Un Salon qui a débuté par une projection du documentaire "La clef des terroirs", suivie d'un débat qui a permis d'aborder les vraies questions de fond sur la viticulture bio.
Nos coûts sont deux à trois fois supérieurs à ceux des conventionnels, explique Alexandra de Vazeilles, installée depuis 2014 au Château des Bachelards, à Fleurie, dans le Beaujolais. Pour commencer, nous avons des rendements de 25 hl/ha, contre 50 hl/ha. Nous avons aussi des charges de personnel trois à quatre fois supérieures, car nos gobelets ne sont pas mécanisables, donc nous entretenons le sol à la pioche. Au début, d'ailleurs, il était difficile de trouver de la main-d'oeuvre, car c'est beaucoup de travail. Mais aujourd'hui les personnes viennent de leur propre chef, car elles savent qu'il n'y aura pas de pesticides. Tout cela à un coût, que j'explique à mes clients lorsqu'ils viennent, ainsi que le niveau de mes marges. Et les bouteilles partent ! Car oui, le bio coûte plus cher, mais il y a un résultat.
Un contexte différent à la cave de Tain-l'Hermitage, où le surcoût dû au bio est très faible... dans les parcelles à faible pente, estime le directeur, Xavier Gomart. Pour lui, le bio a fait avancer l'ensemble de la viticulture, avec sa manière différente de regarder la vigne. En cela, les coopératives sont un excellent système de transfert des connaissances.
Bio et coopératives sont compatibles, même si c'est parfois plus difficile en collectivité. "Les caves coopératives ont un carte à jouer pour démocratiser le bio", souligne Jean-François Julian, président de la coopérative de Saint-Pantaléon (Drôme), où 13 coopérateurs produisent des raisins bio. Pour l'instant, la cave ne valorise que la moitié de la production en bio, faute de débouchés.
C'est à nous de travailler la distribution spécialisée et la grande distribution, poursuit-il, car je pense que chacun doit pouvoir acheter du bio. On doit pouvoir trouver des bouteilles à 5 € et pas seulement à 25 € !
Minimiser le cuivre
Et le cuivre dans tout ça ? À cette question récurrente, tous ont répondu essayer de minimiser les doses.
Christophe Martin, vigneron du Château de Lucey (Savoie) explique :
Déjà, je soigne la prophylaxie (palissage, effeuillage...) et j'adapte le nombre de buses ouvertes au développement de la végétation : une buse en début de végétation, puis deux, puis trois, etc. Au final, avec 1 300 à 1 400 mm de pluie par an, j'utilise 1 à 1,5 kg de cuivre métal par hectare et par an, jusqu'à 2 kg les années comme 2013. C'est un peu plus compliqué pour le travail du sol, surtout dans les parcelles en pente ou en dévers. Là, je me débrouille en alternant quatre ou cinq outils, mais ça marche moins bien, sans que l'on sache toujours pourquoi.
Marché local
Pas très loin de là, plus au Sud, près de Nyons (Drôme), le contexte climatique est plus favorable. Un avantage qui permet à Alexandre Liotaux, du Domaine du Rieu Frais de n'utiliser que 400 à 600 g de cuivre métal par hectare et par an. "Et nous utilisons du petit lait de chêvre pour diminuer les doses de soufre", ajoute-t-il.