Dans mon dernier billet, j'évoquais le vignoble d’Okanagan en Colombie britannique au Canada. Ce vignoble semble idéalement situé pour sortir des vins de classe internationale, il le semble également pour l’œnotourisme.
Des forêts verdoyantes du Grand Nord au désert, en 250 km la vallée du lac de l’Okanagan, propose de somptueux et très variés paysages. Si l’on y ajoute un climat de rêve (soleil et chaleur garantis tout l’été), de multiples possibilités de pratiquer les sports nautiques, le golf, le vélo… des infrastructures dignes de la Côte-d’Azur (hôtels, campings, restaurants…), il n’est pas illogique que la fréquentation touristique y soit considérable !
Avec 3,5 millions de touristes par an et des retombées économiques évaluées à 1,7 milliard de dollars canadiens, chaque année (alors que le Canada ne compte que 35 millions d’habitants), la vallée d’Okanagan et la province de Colombie britannique exploitent à fond leur potentiel touristique, en constituant une destination dynamique et attractive pour les habitants de Vancouver, Calgary ou Seattle.
Dans cet écosystème très favorable, l’œnotourisme complète parfaitement l’offre régionale au point que certains domaines comme Mission Hill affiche des pics de fréquentation à 7 000 personnes par jour !
Un succès bâti sur la communication et des prestations haut de gamme
Facteur clé du succès dans le tourisme, la communication institutionnelle de la province et commerciale des opérateurs privés intègre systématiquement l’offre œnotouristique de route des vins, visites, dégustations, restaurants, hébergements, fêtes et festivals de la gastronomie, combiné vin et golf...
De leur côté, les professionnels et prestataires du tourisme mondial référencent et conseillent nombre de wineries.
Bref le vin est considéré comme une des principales attractions de la région et les 200 wineries de la vallée estiment capter 1,5 million de visiteurs chaque année. On va à Okanagan pour son climat, ses lacs, ses activités de loisirs et de sport, mais aussi pour faire un tour dans les wineries, devenues incontournables lors de vacances sur la zone.
Ce succès s’est aussi bâti sur de gros investissements dans l’offre œnotouristique et les bâtiments à l’architecture souvent novatrice, allié à un personnel d’accueil toujours souriant, disponible et à l’écoute de toutes les demandes du visiteur.
La dégustation y est animée avec des mots très simples, mettant systématiquement en avant le "pairing" (accord mets-vins proposés par la winery) et avec possibilité de passer aux travaux pratiques au restaurant maison avec des plats très originaux.
L’effort est aussi fait sur le design des lieux comme des bouteilles.
L’esthétique des lieux comme les packaging sont originaux, très soignés, aux codes contemporains ou reprenant des symboles forts du Canada. La qualité des prestations et des vins ont permis d’apporter reconnaissance internationale et fidélisation du consommateur.
Mission Hill, cathédrale visionnaire de l’œnotourisme
Quand l'importateur de vin Anthony von Mandl a voulu démarrer son vignoble au début des années 1990, il n'y avait que cinq domaines viticoles dans la vallée de l'Okanagan. Mais il a cru au potentiel de la région, et a créé Mission Hill. Et il est clair 20 ans après, que ce visionnaire avait vu juste.
Quatre ans après son lancement, son chardonnay a remporté, contre toute attente, la première place de sa catégorie à la très prestigieuse International Wine and Spirit Competition (IWSC) de Londres.
Quand on a gagné, les juges croyaient qu'ils s'étaient trompés. Ils sont repartis dans les coulisses pour goûter de nouveau notre vin.
Ce prix a donné un grand coup de projecteur sur la viticulture et les vins de l'Okanagan. Des investisseurs sont soudainement arrivés dans la vallée et le nombre de vignobles est passé de cinq à près de 200 en 20 ans.
Mission Hill d’Anthony von Mandl est le projet visionnaire d’une vie, devenu un immense succès et un exemple. Perché au sommet d’un ancien volcan dominant le lac Okanagan, c’est l’un des plus beaux domaines d’Amérique du nord et un de concepts œnotouristiques les plus aboutis au monde.
Construit de toutes pièces, l'architecture y est ambitieuse et originale des bâtiments, s’inspire de la Toscane et des monastères européens, et vignobles, chais, jardins, œuvres d’art, restaurant ne font qu’un. Cette touche singulière fait du site un but de visite en soi et une promenade ouverte à tout un chacun, tel un jardin public ou un musée !
Kate et William vendangeurs durant quelques minutes !
Pour des pics de fréquentation à 7 000 personnes par jour, Mission Hill compte jusqu’à 300 employés.
Le site compte un restaurant qui a été élu comme un des cinq meilleurs restaurants de winery au monde selon Leisure Magazine, une salle de concert permettant de recevoir des spectacles de niveau mondial (Gipsy kings…), un théatre de verdure, et un musée d’art contemporain en plein air. On en oublierait presque le vin durant la ballade, dont l’entrée est gratuite, mais où vous ne verrez pas l’envers du décor : pas de visite du chai, pas de promenade dans les vignes qui sont sous la surveillance de charmantes hôtesses qui vous en éloigneront avec le sourire.
Pour faire venir autant de monde, rentabiliser l’investissement (et vendre du vin) la communication est le nerf de la guerre et tous les coups semblent permis. Ainsi rien de mieux pour faire parler de la winery, et même faire un buzz mondial que des stars.
Dernières en date, le Duc et la duchesse de Cambridge Kate et William venus quelques minutes vendanger le 27 septembre à Mission Hill lors de leur visite officielle dans l’ouest canadien !
Mais Mission Hill, n’est qu’un exemple parmi d’autres. Les investisseurs privés arrivés depuis 20 ans dans le sillage de ce pionnier dans la vallée, ont la volonté d’exister sur la scène mondiale. Avec de gros moyens, grâce à une vraie dynamique de territoire, et à une imagination sans limite ils proposent une multitude de produits originaux, pour tous les goûts, tous les âges et toutes les bourses.
Ils ont aussi saisi que le tourisme pouvait être à la fois un moyen de faire connaître leurs produits et un nouveau centre de profit complétant voire dépassant les revenus directement tirés du vin.
La Colombie britannique a aussi la particularité de compter dans ses rangs, NK’Mip cellars la seule winerie d’Amérique du Nord gérée par une nation amérindienne, l’Osoyoos Indian Nation dont le projet a émergé avec le soutien de capitaux privés extérieurs.
Produisant plus de 200 000 bouteilles par an d’un des meilleurs crus de la vallée, le site comprend en plein coeur du désert d’Osooyos, un immense complexe hôtelier, un centre culturel, de conférences, un terrain de golf et un restaurant proposant des plats locaux à base de bison, de caribou ou de baies à accorder avec les vins de la nation native.