Pionnier de la consigne des bouteilles de vin dans le Languedoc

Le domaine Villa Noria s'est lancé avec enthousiasme dans le réemploi. Quand reviendront les premières bouteilles lavées? Il est trop tôt pour le savoir.

« Cette année, 21 des 26 références des vins du domaine ont désormais un packaging compatible avec les exigences du réemploi », introduit et se réjouit Cédric Arnaud, cogérant du domaine Villa Noria situé dans l’Hérault.

L’intérêt de l’entreprise pour la consigne est pourtant récent, attisé par une conférence donnée à l’occasion de Millésime Bio 2022. « Les fondatrices d’Oc Consigne présentaient leur projet. Nous les avons rencontrées un mois plus tard pour mieux comprendre leurs ambitions. Beaucoup de questions étaient en suspens mais mon associé Fabien Gross et notre nouvelle commerciale Fleur Prenant avions tous l’envie de nous impliquer.  »

D'importants changements de packaging 

La première étape a été de revoir les packagings d’une gamme en pleine extension. « Notre imprimeur local, Estrabols, n’avait jamais mené à bien de projet d’étiquettes répondant aux exigences de la consigne. On a découvert ensemble ! ».

La dorure à chaud a disparu, la taille des étiquettes a été réduite, le papier a changé, la colle aussi. Ces changements ont été l’occasion d’en introduire de nouveaux comme la suppression de la capsule. « Sur les gammes qui étaient déjà distribuées, nous faisions un pari ; celui que les acheteurs comme les consommateurs allaient nous suivre », poursuit Cédric Arnaud. « D’un autre côté, la consigne est aussi un argument de vente, complète Fleur Prenant. Biocoop qui est un client important du domaine est une enseigne motrice dans la renaissance du réemploi. »

La motivation de l’équipe du domaine de 85 ha certifié bio n’a pas empêché des écueils. « L’étiquetage de nos vins est confié à un prestataire. À plusieurs reprises, il a fallu reporter le chantier. Le temps était trop humide et les bouteilles trop froides pour que la colle hydrosoluble adhère correctement au verre. C’est une contrainte à avoir en tête, avertit le vigneron. Il est aussi important de tester avec son imprimeur le rendu final des étiquettes. Les papiers et les colles compatibles avec le réemploi ne donnent pas tout à fait le même rendu qu’avec des matières sèches « standards ». Il faut faire parfois des ajustements de teintes. »

Des ambassadeurs de la consigne

Les premières bouteilles du domaine Villa Noria aptes au réemploi sont désormais et depuis peu distribuées dans les linéaires, chez des grossistes et au caveau. « À ma casquette de commerciale, je rajoute désormais celle d’ambassadrice de la consigne, explique Fleur Prenant. Il faut souvent expliquer et convaincre nos clients pros de s’impliquer en devenant collecteur de bouteilles. S’ils sont dans le Languedoc, ils peuvent se rapprocher d’Oc Consigne. L’adhésion demandée finance la collecte. »

Le domaine Villa Noria aussi a adhéré à la structure : 1 800 euros auxquels se rajoute une cotisation annuelle qui sera calculée sur la base des bouteilles mises en circulation sur le marché français, soit quelque 60 000 cols. Le reste, 80 % des volumes embouteillés, est destiné à l’export.

« On ne sait pas quand nous récupérerons nos premières bouteilles lavées. Certainement pas avant un an, estime Cédric Arnaud. La question de la quantité est aussi sans réponse. En attendant, nous achetons des bouteilles neuves auprès de Verallia, l’unique verrier référencé dans le cahier des charges d’Oc Consigne. »

« Nous souhaitions faire partis des pionniers de la consigne des bouteilles de vin. On en accepte les conséquences, sans être crédule. Le réseau se structure. Il doit atteindre une taille critique à l’échelle nationale pour être pertinent », conclut le vigneron languedocien.

Les bouteilles aptes au réemploi sont rapportées par les consommateurs en magasin, ici dans un Biocoop

© Séverine Favre