Des tours antigel : mobiles chez les uns ou fixes chez les autres

À gauche : Les trois NZ-Frost Fans à quatre pales doivent protéger une parcelle de 10 ha. À droite : une tour Orchard Rite.

Crédit photo Banton Lauret et Orchard Rite.
[TÉMOIGNAGES] Pour réduire les dégâts de gel de printemps, des vignerons optent pour des tours antigel. Dans cette famille d’équipement, les options sont variées pour s’adapter à une grande diversité de situations.

>>> CHÂTEAU DE FRANCE (Pessac-Léognan) : trois tours NZ-Frost Fans depuis 2022

En février 2022, le domaine Château de France (Pessac-Léognan) a choisi d’installer trois tours antigel New Zealand Frost Fans (NZ-Frost Fans) et deux tours mobiles Tow and Blow. « Sur nos 40 ha de vigne, nous avions installé dès 1971 des systèmes d’aspersion pour se protéger du gel, explique Arnaud Thomassin, le propriétaire. Mais avec une consommation en eau élevée et une ressource en baisse, nous avions arrêté. Depuis six-sept ans, nous avons opté pour des tours à vent, avec une première Orchard Rite, puis une Tow and Blow mobile. »

Les épisodes de gel plus fréquents et plus forts ces dernières années ont convaincu le domaine d’investir dans de nouvelles tours antigel. « Sur une zone non clôturée, nous positionnons deux nouvelles Tow and Blow pour couvrir jusqu’à 2 ha chacune, et les retirer le reste de l’année. Sur une autre parcelle, avec un voisinage peu éloigné, nous avons choisi trois NZ-Frost Fans à quatre pales, pour protéger 10 haavec une nuisance sonore moindre. »

Un investissement conséquent, avec l'aide de FranceAgriMer

Ayant tourné plusieurs nuits ce printemps, les tours néo-zélandaises apportent satisfaction au vigneron. « Les riverains, que nous avions avertis, ne se sont pas plaints du bruit. Et la vigne a été bien protégée ! » Aucune source de chaleur n’a été associée aux tours, « car l’air chaud monte trop vite et ne protège au final pas mieux les bourgeons ». Le démarrage personnalisé offre un ajustement plus fin, notamment sur la consommation de carburant. « Le réservoir, qui n’assure le fonctionnement que sur deux nuits, pourrait avoir une capacité supérieure », estime Arnaud Thomassin. Avec un investissement de près de 50 000 euros HT par tour NZ-Frost Fans, aidé par l’enveloppe FranceAgriMer, le vigneron reconnaît que c’est un budget conséquent, qu’il convient d’amortir sur quelques années, avant d’envisager de nouvelles acquisitions de tours.


>>> FABRICE GASNIER (Indre-et-Loire) : Tour à vent et aspersion pour les 20 ha de son domaine

Une grande partie des parcelles de notre domaine de 30 ha sont gélives. Depuis 1995, nous avons investi 350 000 euros dans la lutte contre le gel. Nous sommes équipés individuellement depuis 2017 d’un système d’aspersion sur 15 ha et, depuis 2000, 5 ha sont protégés par tour à vent. Nous avons essayé de travailler avec les éléments les plus proches de nos parcelles.

Pour l’aspersion, nous ne voulions pas transporter l’eau, mais nous avons la chance d’avoir certaines parcelles proches de la Vienne. Pour les tours à vent, c’est une gestion collective, par l’intermédiaire de la Cuma Gel de Cravant. Les tours à vent (Orchard Rite de 11 m de haut, protégeant 5 à 7 ha) mélangent air chaud et air froid. Pour les autres parcelles, nous croisons les doigts ou nous utilisons des bougies ou des braséros. Aspersion comme tour à vent fonctionnent et sont très complémentaires. Le coût est à peu près similaire (12 à 15 000 euros/ha).

Diversifier les moyens de lutte contre le gel

Je trouve intéressant de diversifier les moyens de lutte contre le gel. Pour les gelées très froides et humides, l’aspersion est plus efficace, sur des gels plus secs, l’éolien marche mieux. Pour l’éolien, on se pose moins de questions. Pour utiliser l’aspersion, il faut vraiment être précis, le déclenchement doit se faire à la minute près et, en cas de panne, cela peut vite virer à la catastrophe. C’est également impossible d’utiliser l’aspersion sur les gelées tardives – comme nous avons de plus en plus en plus souvent, maintenant le risque de gel s’étend chez nous du 15 mars au 15 mai –, une fois la pousse de la vigne démarrée avec des rameaux de 30-40 cm, il y aurait trop de casse. La technologie nous aide : j’ai investi dans huit stations météo et deux stations avec alerte gel, c’est un vrai confort. 

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