Le Domaine de Cardon, situé à Rully en Saône-et-Loire, compte 14 ha de vignes implantées en côte châlonnaise et un peu plus de 1 hectare à Chiroubles, dans le Beaujolais. « Le domaine est jeune, né en 2013, explique Thierry Bied, un des trois associés, et la commercialisation de nos vins en bouteille a d’abord été orientée vers le marché français, sur les circuits CHR (70 %) et sur les particuliers (30 %). L’export est à ce jour marginal, mais nous commençons à sonder certains marchés grâce, notamment, à l’assurance prospection de la BPI. Quand on approche les importateurs, disposer d’outils qui permettent de se faire une première idée de notre domaine, de nos vins, de notre façon de travailler, à la vigne comme à la cave, est un vrai plus. C’est nettement plus convivial que la simple communication de notre liste de vins avec les tarifs. Et les importateurs sont en demande d’outils commerciaux qu’ils peuvent partager. » Le domaine a commencé à communiquer les liens de présentation virtuelle en Italie et en Espagne.
Une visite virtuelle du domaine
La société Winevision, créée en 2018 à Chalon-sur-Saône, propose plusieurs prestations. Avec, en tête, la visite virtuelle sur mesure du domaine grâce à différents supports : casque de réalité virtuelle ou lien vers un site Internet, visionnable sur téléphone, tablette ou ordinateur, voire sur écran géant dans le caveau de vente.
Il est également possible de donner un accès à ce contenu par le biais d'un QR Code directement apposé sur l’étiquette des bouteilles. Les possibilités sont multiples, avec toutes un même objectif : gagner en visibilité, permettre au consommateur, à l’œnotouriste ou aux clients des importateurs de connaître le domaine et ses particularités.
Le Domaine de Cardon a ainsi élaboré avec la société Winevision une visite virtuelle du domaine. L’idée était de mettre en valeur l’histoire du lieu et, bien sûr, de présenter toutes les phases importantes de la production sur une année entière, de la taille de la vigne à la mise en bouteille des vins. Le tournage des vidéos, dont certaines par drone, a donc démarré en avril 2023 et s’est achevé en janvier 2024 avec l’étape de la taille.
Des usages multiples
Les usages de cette présentation high-tech seront multiples : au caveau, mais aussi pour démarcher l’export. « C’est un outil commercial, à l’export comme en France. Quand un caviste a deux bouteilles, à tarif équivalent, il mettra davantage en avant une bouteille qui fait vivre une expérience », explique Gaylord Soyeux, directeur commercial de Winevision.
Si le domaine dispose de bâtiments historiques, l’ensemble des activités ne sont pas réunies en un même endroit : le siège est à Rully, la vinification à Dracy-le-Fort, les vignes éparpillées. « Nous n’avons pas la chance d’avoir nos vignes à proximité du caveau de vente, nous n’avons donc pas la possibilité de montrer à nos visiteurs nos ceps, la façon dont nous travaillons, ou même comment nous élaborons nos vins. L’explication était jusqu’à présent uniquement verbale. Désormais, nous disposons d’un support visuel. La présentation peut simplement défiler en fond sonore pendant la dégustation, par exemple, ou nous pouvons aller directement à un point précis quand une question se présente », précise Thierry Bied.
Attirer les œnotouristes
Au-delà de l’animation de la vente au caveau, la visite virtuelle constitue aussi un moyen dans l’air du temps d’attirer les œnotouristes au domaine.
« D’après nos études, 1 client sur 4 se rend au domaine après une visite virtuelle. Notre offre, un peu comme TripAdvisor, répond au besoin des œnotouristes d’aujourd’hui de se rendre compte de l’expérience qu’ils vont vivre avant de se déplacer », explique Gaylord Soyeux.
La visite est virtuelle avec des images à 360° des bâtiments et des vignes par drone, mais surtout vivante et actualisable. Il est en effet possible de rajouter au fil du temps des photos, des vidéos, des textes, en des points précis, et à n’importe quel moment de l’année. Le coût varie de 2.000 à 4.000 euros, avec ensuite un abonnement mensuel de 60 euros par mois pour l’hébergement et l’évolution du contenu technique. « Nous proposons la location de casques de réalité virtuelle », précise-t-il.
Un avatar dans toutes les langues
En communiquant un simple lien Internet à des acheteurs au bout du monde, Thierry Bied peut leur ouvrir les portes du domaine.
Il parle anglais, espagnol et italien. Mais pas japonais ni chinois. Qu’à cela ne tienne, à partir du milieu de l’année 2024, la société Winevision sortira une nouvelle fonctionnalité : un avatar du vigneron qui pourra s’exprimer en n’importe quelle langue grâce à l’IA.
« Il n’y aura pas besoin de s’enregistrer. Rien qu’avec un texte écrit, l’IA fera s’exprimer Thierry Bied avec sa propre voix dans la langue choisie. Il sera donc possible de le questionner sur des points précis, par exemple : "comment vinifiez-vous vos blancs ?" Et l’avatar répondra », explique Gaylord Soyeux.