Le Salon de l'agriculture : trop cher pour peu de clients

Pour Jean Trocard, propriétaire des vignobles Jean-Louis Trocard (Gironde): " Les bons clients ne viennent plus au Salon"

Crédit photo S.Favre
Le Salon de l'agriculture a encore accueilli plus de 690.000 personnes en 2014. Si la fréquentation se stabilise, l'esprit critique des vignerons, lui, s'aiguise.

Du bruit, des gens, des lapins apathiques, du saucisson à tous les coins d'allées, une envie de tout acheter, des hommes politiques jouant aux hommes de la campagne (en campagne)… pas de doute vous étiez au Salon de l'agriculture. Chez les viticulteurs-exposants, la bonne humeur est de mise.

« Je suis vigneron depuis deux ans. C'est la première fois que je fais le Salon et pour l'instant tout se passe très bien. En « avant-première », avant mon arrivée sur le SIA, j'ai organisé une soirée dégustation dans une brasserie à Clamard, une commune près de Paris. Je cherche à me construire une clientèle sur Paris », indique Patrick Dursent, propriétaire du domaine de l'Architecte (Pyrénées-Orientales) et hébergé dans le Pôle régional Languedoc-Roussillon.

« Je suis optimiste quant au bilan du Salon. Contrairement aux Salons dédiés uniquement aux vins, ici, il y a peu de concurrence. Qui plus est, la presse est très présente. Je maximise les chances d'être interrogé et d'avoir des retombées. Le fait est, aussi, que j'ai peu investi d'argent pour venir. »

Sud de France : 750 euros pour six jours

« La marque régionale Sud de France proposait un stand pour trois jours à 750 euros tout compris, poursuit le vigneron. Comme, il n'y avait personne pour prendre ma suite, j'ai eu le droit de rester trois jours de plus sans débourser un euro supplémentaire. Sud de France et la chambre d'agriculture proposaient aussi une prestation de transporteurs. Les frais étaient réduits et je n'ai pas eu à m'occuper de la logistique. »

Si la joie d'être à Paris est là, le son de cloche n'est pas le même chez les vignerons habitués. Pouvoir d'achat en berne, visiteurs plus flâneurs qu'acheteurs, prix des stands exorbitants, sont évoqués pour justifier une rentabilité en baisse. Sur les stands, on s'interroge : y-a-t-il encore une plus-value à être présent au SIA ?

Des prix qui montent qui montent…

« La coopérative est présente sur le Salon depuis sa création. Le SIA est l'occasion de faire découvrir nos produits, de fidéliser des acheteurs, de vendre les 1 000 bouteilles descendues mais surtout de faire passer des commandes. Sans les expéditions, être ici ne serait pas rentable », estime Éric Piquet, coopérateur de la Fruitière viticole d'Arbois (Jura).

« Sur le pôle région Bourgogne-Franche-Comté, le mètre carré coûte 425 €, la mise en service du compteur 700 €, l'installation d'un évier pour nettoyer nous même les verres 800 €, les invitations 11 € au lieu des 13 pour le tarif plein à l'entrée. Nous en avons envoyé 600. C'est hors de prix et de plus en plus cher. Sans les tarifs négociés et les aides du conseil général, nous ne viendrions pas. C'est en grosse partie à cause de la politique tarifaire délirante de Paris Exposition que le nombre d'exposants diminuent

Éric Piquet, coopérateur de la Fruitière viticole d'Arbois (Jura)
Crédit photo : S.Favre

Des propos confirmés par Jean Trocard, propriétaire des vignobles Jean-Louis Trocard (Gironde). « Les bons clients ne viennent plus au Salon.  La création du Sima, le Salon du machinisme parisien, a aussi fait du mal aux affaires. Avant, tous les agriculteurs venaient au SIA et, à l'occasion, ils reconstituaient le stock de leur cave. Il n'y a plus vraiment que les éleveurs qui sont présents aujourd'hui et malheureusement ce ne sont pas eux qui ont le plus de pouvoir d'achat. Les représentants commerciaux ont aussi désertés les allées. Après quelques belles ventes de matériels, ils avaient l'habitude de passer commande. »

« Les habitudes changent. Ceci est regrettable mais irrémédiable. Ce qui ne l'est pas, en revanche, c'est le coût du Salon. Plus de 9.000 euros pour 9 jours. Ce qui ne l'est pas non plus, c'est le manque de soutien de la région. Au lieu de faire des stands institutionnels à l'intérêt discutable, la région Aquitaine pourrait nous aider financière comme le font d'autres régions. Prenons le Limousin par exemple ; les exposants sont vraiment aidés et une véritable couverture médiatique est organisée autour de la région. À Bordeaux ; rien »

À chaque région des tarifs très différents

D'une région à l'autre, les aides sont effectivement très variables. Prenons le prix des billets « Invitations » : 11 euros pour Bourgogne-Franche-Comté, 6 euros pour Poitou-Charentes. Même écart pour le prix du mètre carré : 750 euros chez les uns, quasiment zéro pour les autres.

« La famille Trocard est présente sur le SIA depuis 49 ans. Je ne sais pas s'il y aura une 50e participation. Nous allons voir si nous rentrons dans nos frais pour couvrir le déplacement de trois personnes et le coût du stand. Je crains qu'à terme, il n'y ai plus de vignerons exposants. »

 

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