Les hommes goûtent en moyenne en plus petite quantité les vins vinifiés par des femmes

Les consommateurs font-ils une différence selon qu’un vin est élaboré par un homme ou par une femme ? Oui pour les hommes, selon une récente expérimentation menée en Bourgogne.

Angela Sutan, chercheuse et directrice du Laboratoire d’économie expérimentale et analyse des comportements, le Lessac, a mené, début juin 2023, une expérimentation à la Cité internationale de la gastronomie et du vin de Dijon. Elle s’est intéressée à un étonnant sujet : le consommateur est-il sensible au fait que le vin ait été élaboré par un homme ou par une femme ?

« La Cité internationale de la gastronomie et du vin de Dijon est un lieu idéal pour ce type d’expérimentation : 200 vins sont mis à disposition dans une grande cave pour une dégustation au verre dans trois quantités distinctes (1, 3 et 5 cl). Les personnes sont dotées d’une carte magnétique qui enregistre différentes données : dans quel ordre les vins sont choisis, quelle quantité (1, 3 ou 5 cl) a été choisie pour déguster tel vin, etc. Cela nous permet de collecter énormément d’informations naturellement, sans que les gens ne se sentent observés et sans leur poser des questions, éliminant ainsi le biais déclaratif », explique Angela Sutan.

Pour huit vins, le sexe du vinificateur était spécifié. « 4 vins étaient présentés avec une mention précisant qu’ils avaient été élaborés par une femme, 4 vins par un homme. Les vins étaient par ailleurs à chaque fois "équivalents", même village, même niveau d’appellation, même type de vins », précise-t-elle.

Les stéréotypes existent surtout dans la tête des hommes !

Les chercheurs ont ensuite regardé quels étaient les vins choisis par les visiteurs femmes et quels étaient ceux choisis par les visiteurs hommes.

« L’analyse des données montre une différence de comportement entre les hommes et les femmes. Les hommes sont curieux et dégustent aussi bien les vins vinifiés par des hommes que par des femmes, mais ils goûtent en moyenne en plus petite quantité les vins faits par des femmes. Ils l’associent à une prise de risque "gustative". Quand ils dégustent un vin élaboré par un homme, ils prennent statistiquement tout de suite une grande quantité. Les femmes ne font pas de différence, elles sont curieuses de tous les vins, que le vinificateur soit un homme ou une femme. Les stéréotypes existent surtout dans la tête des hommes ! », conclut-elle.

Cette première étude sera suivie d’autres, la Cité internationale de la gastronomie et du vin accueillant régulièrement des colloques, de façon à augmenter le jeu de données.