Record absolu à des prix jamais vus pour les exportations de vins et spiritueux en 2021

2021 est marquée par un fort rebond des exportations de vins et spiritueux français, pour un chiffre d’affaires supérieur à celui de 2019 et un volume qui renoue avec les meilleures années. Avec un excédent commercial de 14,2 milliards d’euros, la filière vins et spiritueux maintient sa seconde place derrière l’aéronautique. La disparition des taxes américaines liées au conflit entre Airbus et Boeing permettent à la France de performer aux États-Unis.

Le montant des expéditions bat un nouveau record

Les exportations de vins et spiritueux français atteignent un niveau jamais atteint, avec un chiffre d’affaires de 15,5 milliards d’euros. Si l’on compare avec les résultats 2019, dernière année « normale » pour le commerce, c’est une augmentation d’1,5 milliard d’euros (+10,5 %).
Pour la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français (FEVS), cette belle reprise s’explique en premier lieu par la reprise des marchés mondiaux et par la suspension des surtaxes américaines sur les vins tranquilles.
Du côté des volumes de vins et spiritueux expédiés à travers le monde, ils dépassent le seuil des 200 millions de caisses pour la première fois depuis 2012. Cela représente 13 millions d’hectolitres de vins et 4,6 millions d’hectolitres de spiritueux expédiés hors de France.

Le chiffre d’affaires vins et spiritueux a augmenté trois fois plus que les volumes expédiés en 2021.

La revanche des vins effervescents

Après une année 2020 dramatique pour les producteurs français de vins effervescents, 2021 est une bouffée d’air. Les expéditions de champagne augmentent de 12 % par rapport à 2019 quand celles des autres vins mousseux enregistrent une demande en hausse de 20,6 % !
Si l’on se focalise sur la Champagne, ce sont 1,3 million d’hectolitres qui ont été bus en dehors de la France. Le prix moyen de vente y est de 27 euros.
Contrairement à beaucoup d’autres vins, valeur et volume augmentent dans la même mesure pour le champagne. Les amateurs étrangers de bulles n’ont pas vu leur facture augmenter entre 2019 et 2021.

Quels vins français boit-on à l’étranger ?

  1. Pays d’Oc IGP
  2. Bordeaux AOC
  3. Champagne AOC
  4. Vallée du Rhône AOC
  5. Bourgogne AOC

18 % des vins français qui partent à l’export revendiquent l’IGP languedocienne Pays d’OC. Bordeaux se positionne à la seconde place. Vient ensuite le champagne. Une bouteille de vin sur dix bues à l’étranger contient du champagne ! On retrouve aussi dans ce top 5, les vins AOC de la Vallée du Rhône (6 %), puis ceux de la région de Bourgogne (6 %). Ce classement régional gomme une information importante : la place des vins sans indication géographique à l’étranger. Les vins de France, avec et sans mentions de cépage, pèsent pour 14 % des volumes expédiés, à égalité avec Bordeaux. Ceux que l’on voit peu dans les rayons français s’exportent bien, surtout ceux avec mention de cépage.

En volume, la région Occitanie est la plus présente à l’international. Près d’une bouteille de vin sur quatre bues à l’étranger, IGP et AOC, en provient.

En valeur, Bordeaux écrase les autres vins tranquilles

Un bilan export s’apprécie en volume, mais aussi en valeur. Si l’on s’intéresse au chiffre d’affaires généré en région par la vente de vins, la Champagne devance toutes les autres. Un tiers des 10,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires sont le fait de la Champagne. Sur la catégorie des vins tranquilles, Bordeaux retire 2,3 milliards d’euros de la vente de ses produits. La Bourgogne un peu moins d’1,3 milliard d’euros. Loin derrière, on retrouve la Vallée du Rhône avec 0,5 milliard d’euros.

15,5 Mds€ : c’est le chiffre d’affaires 2021 de la filière vins et spiritueux à l’export.

Quel prix de vente moyen ?

En divisant le chiffre d’affaires généré par les volumes expédiés, on obtient le prix moyen de vente des vins destinés à l’export.

États-Unis et Allemagne, destinations privilégiées des vins français

En hausse de 10 %, les volumes de vins exportés retrouvent un niveau inégalé depuis cinq ans à 145 millions de caisses. Les États-Unis pèsent désormais un poids quasi identique à celui de l’Allemagne, premier client historique des vins français. Ces deux pays importent chacun un peu plus de 22 millions de caisses de vin. De fait, près du tiers des vins français exportés l’est vers l’Allemagne et les États-Unis. À la troisième position, on retrouve le Royaume-Uni avec 15 millions de caisses. Avec le Brexit, rappelons que le pays a rejoint le groupe des pays tiers. À la suite, les pays amateurs de vins français sont la Belgique, les Pays-Bas, la Chine, le Canada, le Japon, la Suisse et enfin la Suède pour clore le top 10. En volume, les pays membres de l’Union européenne absorbent autour de 40 % des vins français. Certains d’entre eux participent à l’augmentation notable des expéditions entre 2019 et 2021. Notons dans ce cas la Belgique (+5,5 %), les Pays-Bas (+6,5 %), la Suède (+13,9 %) et le surprenant Danemark avec des expéditions en hausse de 33,7 %. Pour autant, le pays qui participe le plus fortement aux performances françaises est sans aucun conteste les États-Unis (+15,8 %).

Et la Chine alors ?

En Chine, l’année 2021 se termine également sur une forte reprise des exportations en volume (+18 %) comme en valeur (+37 %), dans un contexte global d’allègement des contraintes sanitaires. Les produits français bénéficient également de la sortie du marché des vins australiens, victime collatérale des tensions diplomatiques et commerciales entre les deux pays. L’augmentation exorbitante des droits de douane sur les vins australiens les a quasi totalement effacés du marché chinois. La progression des vins français sur 2021 ne remet néanmoins pas en cause la décroissance tendancielle des importations chinoises de vin constatée depuis 2017. En quatre ans, ces dernières ont ainsi reculé d’environ 40 % en volume comme en valeur.

Ces pays qui achètent « mieux » !

La France a des marchés de volumes comme l’Allemagne et des marchés de valeur comme la Suisse. Les États-Unis ont le bon goût d’être les deux à la fois ! Près de 20 % des recettes générées par la filière vin en 2021 viennent des États-Unis.
Voici un tour d’horizon non exhaustif des prix moyens des vins français par destination :
• Suisse : 8,7 €/col
• États-Unis : 7,7 €/col
• Royaume-Uni : 7 €/col
• Canada : 5,2 €/col
• Belgique : 4 €/col
• Allemagne : 2,9 €/col

Et les niveaux de valorisation sont en hausse sur la plupart des pays clients de la France. Comme l’indique la FEVS : « C’est la quasi-totalité des marchés, du proche comme du lointain export, qui permet aux exportations françaises de vins d’atteindre un niveau plus élevé à 10,5 milliards d’euros (+28 %). »

La poussée des vins blancs et des rosés continue

Depuis une dizaine d’années déjà, la demande en vins blancs augmente d’après la FEVS : « La consommation de vins en apéritif est favorable aux ventes de vins blancs comme elle peut l’être aux vins rosés. Malheureusement, le gel d’avril 2021 a particulièrement touché les vignes de cépages bancs plus précoces. »
 

La petite récolte 2022, un nuage noir à l’horizon

D’après les estimations les plus récentes, la production viticole française s’établirait en 2021 à près de 34 millions d’hectolitres, soit un niveau inférieur de 27 % à celui de 2020 et de 22 % à celui de la moyenne des cinq dernières années. La récolte bourguignonne est amputée de moitié par rapport à la moyenne quinquennale du vignoble. Celle du Jura de 80 % et celle des vignobles du Sud-Ouest de 44 %. Dans une moindre mesure, mais toujours à des niveaux élevés, se trouvent le Val de Loire et le Languedoc-Roussillon qui perdent un tiers de leur potentiel de production habituel. Bordeaux est amputé d’un quart de sa récolte.
La région champenoise a, elle aussi, était touchée ; le résultat de la récolte 2021 est très faible avec un potentiel de production entamé de près de 40 %.
Les parts de marchés gagnées en 2021 vont être difficiles à maintenir l’année prochaine selon la FEVS. Il est probable que les volumes de vins expédiés sur l’année en cours soient inférieurs à ceux de 2021.
 

Premiumisation ou hausse des coûts ?

Les chiffres d’affaires des ventes de vins et spiritueux n’ont jamais été aussi importants pour les exportateurs français. Rappelons-les : 3,9 milliards d’euros pour les vins effervescents, 7,6 milliards d’euros pour les vins tranquilles et 4,9 milliards d’euros pour les spiritueux.
À volume égal, les vins tranquilles sont de loin les produits dont le prix a le plus augmenté. Le champion est cette année le vignoble de la Vallée du Rhône. Toujours par rapport à 2019, l’année de référence, les expéditions augmentent de 3,2 % en volume quand la valeur est en hausse de 13,1 %. Pour la Bourgogne, les expéditions sont en hausse de 18,4 % et le chiffre d’affaires de 27,8 %.
Le phénomène s’applique aussi à Bordeaux : les expéditions augmentent de 5,2 % et le chiffre d’affaires de 11,7 %.
Cette augmentation du chiffre d’affaires des exportations se répercute-t-elle entièrement sur la trésorerie des entreprises. Autrement dit, cette situation indique-t-elle une premiumisation des vins français à l’étranger ? En partie, mais pas seulement. 2021 a été marquée par une augmentation du coût du fret et des prix des matières sèches, ce qui a pu impacter les marges des exportateurs.

 

Article paru dans Viti Leaders de mars 2022

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