Jeudi 26 septembre, 17h sur le parking du pôle d’action sociale et culturelle de Pauillac. Les travailleurs sociaux du Département de la Gironde ouvrent la deuxième permanence du Bus en + spécial vendanges. La première, organisée une semaine plus tôt au même endroit, a accueilli 24 saisonniers. Floqué de lettres roses et entouré d’oriflammes, le camping-car est inratable. Une demi-heure passe, le minibus d’un prestataire viticole dépose Jamel, Mehdi et Zohir.
Vêtus de parkas fluo et chaussés de bottes, les trois hommes ont passé la journée à vendanger dans un des nombreux châteaux que compte le Médoc. Tandis qu’ils s’avancent vers le Bus en +, Nathalie et Coralie, l’une travailleuse sociale et l’autre conseillère en économie sociale et familiale, viennent à leur rencontre. « Nous avons un titre de séjour saisonnier qui nous permet de rester six mois en France et nous avons besoin d’une carte Vitale », explique Jamel. Des trois, il est le seul à maîtriser quelques rudiments de français. « Venez, Fatiha la conseillère numérique va vous aider », répond Nathalie en les invitant à monter dans le Bus en +.
Sécurité sociale et titres de séjour
Moitié cabinet médical, moitié bureau, le camping-car est équipé d’un ordinateur, d’une imprimante-scanner et d’un accès internet. « Les saisonniers que nous avons vus jusqu’à maintenant avaient surtout des demandes qui concernaient l’accès aux droits », explique Nathalie. « Ils avaient besoin d’aide pour s’affilier à la Mutualité sociale agricole (MSA), obtenir leur carte Vitale, effectuer une domiciliation, et avaient des questions sur le RSA saisonnier (lire par ailleurs), complète Cécile Huguet, du Pôle territorial insertion du Médoc. Dans le cas des saisonniers étrangers, il peut aussi y avoir des demandes par rapport aux titres de séjour. »
Mis en place depuis un an dans deux territoires de Gironde – le Médoc et la Haute Gironde –, ce dispositif a été créé à l’origine pour pallier les déserts médicaux et administratifs en zones rurales, et aider les personnes isolées à accéder à leurs droits et aux services de prévention santé. C’est pourquoi l’arrière du bus a été aménagé en salle de consultation médicale. Équipée d’une table d’examen, elle dispose également d’un mini-laboratoire permettant de réaliser des dépistages, notamment des maladies sexuellement transmissibles.
Consultations proposées par Médecins du monde
« Les personnes qui viennent nous voir peuvent rencontrer des professionnels des services de santé sexuelle et de la protection maternelle et infantile (PMI), une conseillère numérique, des travailleurs sociaux, ou encore accéder à des informations sur l’insertion professionnelle et la perte d’autonomie », énumère Cécile Huguet. Tous ces professionnels ne pouvant être présents lors de chaque permanence, des thématiques sont définies pour chaque date : accueil socio-administratif, accompagnement numérique, PMI, santé sexuelle, insertion ou autonomie.
Dans le cas des trois permanences organisées à Pauillac à l’occasion des vendanges, l’équipe du Bus en + a mis l’accent sur l’accès aux droits. En effet, à quelques mètres, au sein du pôle d'action sociale et culturelle, Médecins du monde propose déjà chaque jeudi depuis un an des consultations médicales gratuites à destination des saisonniers. « Ils font aussi des maraudes et distribuent des flyers traduits en bulgare, en espagnol, en italien, en roumain et en arabe », précise Cécile Huguet. Outre l’heure et le lieu des permanences, ces flyers informent les travailleurs sur leurs droits, les devoirs de leurs employeurs, et donnent des conseils pour réduire l’impact des conditions de travail sur leur santé.
Retrouver des actes de naissance
À l'intérieur du Bus en +, Jamel, Mehdi et Zohir affichent de larges sourires. Fatiha a réussi à régler l’une des trois situations. Dans un mélange de français, de marocain et de berbère, la conseillère est parvenue à se faire envoyer, via WhatsApp, les papiers nécessaires pour faire la demande de carte Vitale de Jamel. « Choukrane, choukrane », la remercie le saisonnier.
Ses deux collègues, eux, doivent demander à leur famille de mettre la main sur leurs actes de naissances pour pouvoir finaliser leurs demandes. « Faites-les vous envoyer via WhatsApp et revenez dans deux semaines au même endroit », leur demande Fatiha alors que deux autres connaissances de Jamel s’avancent vers le Bus en +. Saisonniers et originaires du Maroc eux aussi, ne parlant pas français, ils ont le même besoin : faire une demande de carte Vitale.
Le RSA saisonnier
Depuis 2018, plusieurs départements ont décidé de mettre en place un RSA saisonnier permettant aux saisonniers de travailler dans une limite de 300 heures tout en conservant leur allocation RSA. En Gironde, ce cumul ne s’applique qu’aux secteurs agricoles et viticoles, mais d’autres départements comme l’Aude ou la Charente ont décidé de l’étendre au secteur de l’hôtellerie-restauration. Cette adaptation poursuit un double objectif : favoriser l’insertion professionnelle tout en répondant aux difficultés de recrutement de certains secteurs.