Des alternatives au désherbage dans les vignobles en forte pente ?

Engagée dans le label Vignerons en Développement Durable depuis sa création, la Cave de Tain est toujours à la recherche d’alternatives pour préserver son environnement et améliorer les conditions de travail de ses collaborateurs. Avec l’appui de l’association Syrah Recherche et Développement, la cave mène actuellement des essais sur le travail du sol en forte pente.

Les contraintes de travailler un sol en forte pente

Dans le vignoble de la Cave de Tain, la mise en place d’un enherbement permanent peut poser problème, les sols étant trop filtrants. Si l’on veut réduire l’usage des herbicides en maintenant une gestion efficace et pratique des adventices, l’une des possibilités est le travail mécanique du sol. Or ici, les vignobles sont souvent installés sur des coteaux en forte pente, sur lesquels le passage des tracteurs est difficile voire impossible. En conséquence, les labours et griffages doivent se faire à l’aide d’un cheval, d’un treuil ou d’un motoculteur dans les cas les plus contraignants. Les finitions autour des souches se font ensuite à la pioche.  

Le travail du sol en situation de forte pente est donc compliqué, pénible et coûteux.

La Cave de Tain teste des alternatives : l’utilisation d’un paillage à base de feutre végétal et l’enherbement sous le rang.

Dispositif expérimental

Sur des parcelles conduites en agriculture biologique, d’une densité de plantation de 6 600 pieds/ha et où le sol est habituellement travaillé par griffage à l’aide d’un treuil, les modalités suivantes sont testées:

  • modalité 1 : paillage à base de feutre en fibres végétales (Thorenap vigne 1 400 g/m2) sous forme de bandes de 0,5 m installées sous le rang ;
  • modalité 2 : paillage à base de feutre en fibres végétales (Thorenap vigne 1 000 g/m2) sous forme de collerette (diamètre 38 cm) installée autour des souches ;
  • modalité 3 : enherbement peu concurrentiel implanté sous le rang : 4 pieds d’épervière piloselle par interceps ;
  • témoin : travail du sol en totalité (griffage à l’aide d’un treuil et finitions à la pioche).

L’objectif de l’expérimentation est de suivre pendant trois ans ces modalités et de les comparer au témoin afin de déterminer quelles sont les pistes de travail les plus intéressantes (efficacité, temps de travail, pénibilité, coûts…)

Les premières conclusions de l’expérimentation

Après une année d’expérimentation, quelques conclusions peuvent déjà être tirées.

Temps de travaux

La mise en place des bandes de feutre sur une vigne installée est longue car il faut découper le feutre pour insérer les souches et ensuite enterrer les bordures. L’utilisation de ces bandes de feutre végétal est plus adaptée aux plantations nouvelles. La plantation des piloselles est aussi gourmande en main-d’œuvre. Seule la mise en place des collerettes est rapide.

Coûts

Dans les conditions de l’essai, les coûts ont été les suivants :

Efficacité des dispositifs

Au bout d’un an d’expérimentation, l’utilisation du feutre végétal montre déjà ses limites dans ce contexte de vignes en forte pente.

  • Les bandes de feutre (modalité 1) se sont fortement dégradées : un an après leur mise en place, 1/3 des bandes sont dégradées à plus de 50 %, et 93 % des bandes sont recouvertes à plus de 25 % par des adventices. En conséquence, bien que leur durée de vie théorique est de 3 ans, elles ne sont plus totalement opérationnelles.
  • Les collerettes de feutre (modalité 2) ont pratiquement toutes disparu : d’un grammage inférieur, les collerettes se sont dégradées encore plus rapidement que les bandes.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette dégradation plus rapide que prévu. D’abord, le travail du sol dans les interrangs très étroits projette de la terre sur le feutre, ce qui accélère sa dégradation. Ensuite et surtout, le feutre végétal attire certains oiseaux (corvidés) qui le perforent à la recherche de vers.

En un an, la colonisation de de l’interrang par la piloselle (modalité 3) est en cours : 15 % des interrangs sont entièrement recouverts. Pour cette première année, un binage a dû être réalisé pour éviter l’envahissement par d’autres adventices.

Il est encore trop tôt pour se prononcer sur son efficacité et son impact sur la vigne mais l’implantation de l’épervière piloselle semble être, à l’heure actuelle, la piste la plus intéressante.

Pour la suite…

Après un an d’expérimentation, la Cave de Tain et l’association Syrah Recherche et Développement ont choisi de poursuivre les essais avec les bandes de feutre végétal et la piloselle (modalité 1 et 3). L’utilisation de collerettes de feutre végétal s’étant avérée inefficace, elle n’est pas reconduite. Cette modalité est remplacée par un semis de trèfles (Revin vigne sols acides ou neutres). Analyse de ce nouveau dispositif dans quelques mois.

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