
Le Comité Champagne a présenté le 20 juin son plan d’action « ensemble pour les vendanges en Champagne ».
© S. Leitenberger - stock.adobe.comEn 2023, les vendanges en Champagne ont été endeuillées par plusieurs décès de saisonniers. Le Comité Champagne a mis en place un groupe de travail interprofessionnel dès octobre 2023 en vue d’élaborer un plan d’action pour les vendanges 2024, présenté le 20 juin 2024.
« Nous avons constitué un groupe de travail, regroupant vignerons, maisons de champagne, prestataires de services mais aussi France Travail et d’autres institutions. Il s’est réuni une centaine de fois de la fin 2023 à juin 2024, pour co-construire avec les services de l’État un plan d’action », expliquent Maxime Toubart et David Chatillon, les coprésidents du Comité Champagne. Ce plan d’action « ensemble pour les vendanges en Champagne » comprend 4 axes de travail :
- les conditions de santé et de sécurité au travail : avec le renforcement de la prévention en amont et pendant les vendanges ;
- l’hébergement avec un focus sur les contrôles et la veille territoriale pendant les vendanges ;
- le recrutement avec la mise en place de partenariats stratégiques avec France Travail et des écoles pour favoriser le recrutement et l’emploi pendant les vendanges ;
- la vigilance, avec une attention particulière sur l’encadrement des prestataires de service.
100.000 vendangeurs chaque année
En Champagne, les vendanges sont entièrement manuelles. Près de 100.000 travailleurs saisonniers viennent faire les vendanges chaque année pour une durée très courte. 50 % sont recrutés directement par les vignerons et maisons de Champagne, et 50 % sont embauchés par une entreprise de prestation de services.
« Ces dérives de l’an dernier ne reflètent absolument pas l’engagement et l’investissement de l’immense majorité des vignerons et maisons de Champagne, rappelle Maxime Toubart. Il n’y a pas eu de défaillance collective en 2023, et il n’y en aura pas davantage en 2024 Il est hors de question que des comportements individuels inadmissibles menacent la sécurité des saisonniers et la réputation de toute une filière. Des enquêtes sont toujours en cours et en fonction des conclusions, le comité champagne se portera partie civile. »
Pour structurer l’accueil des vendangeurs, la filière a aussi travaillé sur différents points.
Un référentiel de l’emploi saisonnier
Le Comité Champagne met en place un référentiel de l’emploi saisonnier. Il permet de structurer les standards de la filière en matière d’accueil et d’emploi des travailleurs saisonniers. Il s’adresse à tous les employeurs : vignerons, maisons et prestataires de services. Il est composé de deux volets :
- le rappel des principales dispositions de la réglementation applicables ;
- un corpus de bonnes pratiques qui sont des engagements supplémentaires, qui vont au-delà des prescriptions légales et réglementaires.
Ce référentiel se présente sous la forme d’un autodiagnostic de façon que chaque employeur puisse à la fois se réassurer quant à ses pratiques, et aussi se questionner pour identifier d’éventuelles sources de progrès.
Par ailleurs le comité champagne a ajouté une fonctionnalité au portail météo pour permettre à chaque utilisateur de recevoir en temps réel des alertes sur l’évolution des conditions météo, pour permettre aux vignerons d’adapter les circuits de cueillette. Le portail partagera aussi en amont des informations relatives à la température dans les vignes.
Une plateforme pour sécuriser la relation avec les prestataires
Le Comité Champagne crée VitiArgos : une plateforme de sécurisation de la relation entre les donneurs d’ordres et les prestataires de service. « Elle permet aux prestataires de se référencer et de réaliser en ligne l’autodiagnostic de leurs pratiques. Elle permet aux donneurs d’ordres de vérifier que le prestataire avec lequel il envisage de contracter est bien identifié, et de connaître son niveau d’engagement. Elle offre la possibilité aux deux parties de sécuriser leur relation en annexant les engagements pris dans ce cadre au contrat de prestation de services, qui deviennent de ce fait juridiquement des engagements contractuels », explique Maxime Toubart.
Côté prestation de services, le comité champagne se réjouit de la mise en place d’une section « Champagne », créée en avril 2024 lors de l’assemblée générale de la FNEDT, et présidée par Hélène Schlichter. « Il n’existait pas de syndicat de prestataires viticoles champenois, donc nous n’avions pas d’interlocuteur unique. C’est désormais chose faite. »
Une cellule de suivi
Le Comité Champagne, le SGV et l’union des maisons de champagne ont signé une convention de partenariat collective avec les services départementaux d’incendie et de secours de la Marne et l’union départementale des sapeurs pompiers du territoire. La formation, rappelant les gestes de premiers secours est proposée aux personnels qui encadrent les vendangeurs à la fois pour les employeurs directs, leurs salariés et les prestataires de service.
D’autres conventions seront prochainement signées pour les départements de l’Aube et de l’Aisne. Autre nouveauté pour les vendanges 2024, l’interprofession a créé une cellule de suivi qui se réunira quotidiennement durant les vendanges. Cette cellule aura la capacité d’être activée en quelques heures si l’actualité le requiert. Il s’agit d’une instance de partage et de coordination avec les forces de l’ordre, la préfecture, les pompiers, et des représentants du comité champagne.
« Elle va nous permettre d’avoir le même niveau d’informations, de faire circuler les alertes, mais surtout de réagir si besoin. La priorité absolue de la filière reste la sécurité des saisonniers », résume Maxime Toubart.
Favoriser les recrutements
Les Champenois ont également travaillé sur l’attractivité de la profession pour mobiliser plus de main-d’œuvre. Le comité champagne expérimente en 2024 des dispositifs qui donneront lieu à un retour d’expérience après les vendanges.
Une convention a été mise en place avec l’université de Reims-Champagne-Ardenne pour favoriser le recrutement d’étudiants lors des vendanges et des synergies sont prévues avec Néoma Business School pour diffuser les offres d’emploi auprès des étudiants. Un dispositif est également expérimenté avec France Travail pour favoriser le recrutement des personnes éloignées de l’emploi.