
Plusieurs critères raisonnent le choix des essences d’une haie, et notamment l’origine des plants.
Les espèces indigènes sont particulièrement bien adaptées à leur territoire. Pour guider les porteurs de projet, la marque collective Végétal local a été créée.
Dans la conception d’une haie, le choix des essences et de leur origine n’est pas anodin. « Le sureau des Pyrénées n’a pas la même adaptation que celui du massif armoricain, cite en exemple Sandra Malaval, animatrice nationale de la marque Végétal local. Ils ont vécu depuis des milliers d’années dans leur contexte, se sont adaptés au climat, ont résisté aux maladies. Il est important de conserver cette génétique locale. De plus, un sureau qui vient d’une autre région ne va peut-être pas fleurir au bon moment, et éventuellement prendre le gel. Cela entraîne des risques techniques. »
Maintenir l’équilibre
L’enjeu est aussi celui de maintenir les équilibres écosystémiques de la région. La flore indigène a évolué en même temps que la faune du milieu. Elle répond donc parfaitement aux besoins de la faune, en matière de nourriture, d’habitat. C’est dans ce sens qu’est née la marque collective Végétal local. Détenue par l’Office français de la biodiversité, elle a été lancée en 2015 par le réseau des Conservatoires botaniques nationaux, Plante & Cité et l’Afac-Agroforesteries. Depuis février dernier, la marque compte 61 bénéficiaires dont des pépiniéristes, des collecteurs de graines et des semenciers. Ils proposent leurs semences, leurs boutures ou leurs plants selon onze régions bioclimatiques1. Le label garantit que les végétaux sont issus de collectes de graines en milieu naturel sur des plantes autochtones répertoriées dans ces régions de France. De plus, afin de garantir une diversité génétique, son cahier des charges spécifie qu’un lot doit contenir des graines provenant d’au moins trente arbres d’une même essence.
Régulièrement, de nouveaux membres intègrent la marque collective. Les Pépinières Naudet, qui emploient près de 200 personnes sur six sites en France, font partie des entreprises proposant des plants estampillés Végétal local depuis le début de l’initiative. Trois des six sites de la pépinière font germer des graines récoltées localement suivant le cahier des charges de la marque.
«La marque est jeune, mais la filière se structure»
De fait, la demande en plants Végétal local augmente. « Nous allons passer de 500 000 plants de la marque à 800 000 sur le site de Préchac, annonce Guillaume de Colombel, avec une demande conséquente sur une douzaine d’espèces qui constituent l’ossature traditionnelle des haies champêtres du Sud-Ouest : érable, charme, viornes, houx, églantier… Avec le programme national Plantons des haies !, qui prévoit la restauration de 7 000 km, il ne nous sera pas possible de fournir uniquement des plants de la marque Végétal local. On manque de graines même si le nombre de récolteurs progresse. De plus, ils sont tributaires de la nature. Depuis deux ans, les sécheresses ont impacté négativement les stocks grainiers des arbustes sauvages. »
Privilégier les entreprises locales
« Mais au vu de la tension généralisée sur la demande en plants, je conseille aux agriculteurs de ne pas forcément compter sur un approvisionnement labellisé Végétal local et de privilégier les entreprises locales », indique Florian Vincent, conseiller à la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher. Dans les entreprises locales, comme les Pépinières Naudet, deux gammes se côtoient. « On étoffe au maximum notre offre de plants Végétal local et en parallèle, nous produisons des plants à partir de graines achetées à des semenciers. Mais sur cet approvisionnement, il est très difficile d’avoir des informations sur l’origine des graines et sur l’année de récolte, regrette Guillaume de Colombel. Néanmoins, nous faisons un travail sérieux dans nos sites de production pour que toutes les graines que nous faisons germer donnent des plants avec la meilleure reprise possible. »
Le message final pourrait être le suivant : restez exigeant sur la qualité de vos plants et sur leurs origines !
(1) Alpes, Bassin parisien nord, Bassin parisien sud, bassin Rhône-Saone et Jura, Corse, massif armoricain, Massif central, Pyrénées, zone méditerranéenne, zone nord-est, zone sud-ouest.
Article paru dans Viti Les Enjeux n°34 de mai 2021