
Préserver et améliorer la biodiversité fait partie des engagements du chaire des charges du label Vignerons engagés. Trois membres du collectif détaillent l’une des actions mises en place sur leurs structures.
Cave de Castelbarry : attirer et préserver les chauves-souris
« En France, les populations de chauve-souris ont diminué de 40 %. Cette chute des populations est dommageable, notamment pour les viticulteurs, car ce sont des alliés potentiels dans la lutte contre les vers de la grappe. Il nous paraissait important de les favoriser et de sensibiliser les acteurs locaux à leur rôle », précise Lucie Bayet, responsable QSE de la cave de Castelbarry, une coopérative regroupant 110 viticulteurs sur 500 ha dans l’Hérault. En 2018, une dizaine d’abris pour chauve-souris a été répartie en arc de cercle dans le vignoble. La construction, réalisée sur les conseils de Rodolphe Majurel1, spécialiste des chiroptères, a été effectuée en partenariat avec une menuiserie locale. « En 2019, nous avons proposé trois demi-journées de sensibilisation auprès du grand public et des écoles. Notre démarche en faveur des chauves-souris va au-delà de la simple pose d’abris, nous l’avons intégrée de façon plus large. Pour les favoriser, il faut tenir compte de leurs exigences biologiques, du fait qu’elles ont besoin de sites pour chasser, se reproduire, d’autres pour hiberner. Nous avons notamment décidé de conserver un mas qui sert de site d’hibernation. La rénovation du toit de la coopérative – avec installation de panneaux photovoltaïques –, prévue en 2022, se fera à une période donnée, fixée par un spécialiste, de façon à préserver et à ne pas gêner les chauves-souris qui s’y reproduisent. »
Domaine Isle Saint Pierre : l’enherbement total
Caves de Rauzan : des nichoirs pour les abeilles sauvages
Les Caves de Rauzan, rassemblant 320 viticulteurs sur 4 060 ha en Gironde, ont pour leur part orienté leurs efforts sur les abeilles sauvages. « Suite à un inventaire sur la faune et la flore mené sur notre territoire par le conservatoire des espaces naturels (CEN) de Nouvelle-Aquitaine, les Caves de Rauzan ont créé deux parcours balisés “biodiversité” de 4 km et 1,3 km en 2017. Une douzaine de panneaux informatifs, traitant soit des espèces, soit des écosystèmes, élaborés en concertation avec le CEN de Nouvelle-Aquitaine, ont été mis en place », explique Laure Durand, responsable RSE de la coopérative. « En 2020, nous pensions poursuivre notre engagement en faveur de la biodiversité en mettant en place des ruches pour les abeilles domestiques, mais suite à une conversation avec la Ligue pour la protection des oiseaux, nous avons pris conscience que les abeilles mellifères font de la concurrence aux abeilles sauvages. Il existe en France plus de 1 000 espèces d’abeilles sauvages qui assurent 90 % de la pollinisation. Nous avons pensé qu’il serait intéressant d’implanter des nichoirs pour les abeilles sauvages et de sensibiliser le grand public au rôle de ces insectes. Dix nichoirs ont été construits avec l’aide d’une stagiaire prise en charge par notre secrétaire général Robert Offredo, membre de notre commission biodiversité et acteur sur ce dossier dès la mise en place de notre parcours initial. Ils ne sont pas destinés à accueillir une espèce spécifique, mais volontairement adaptés à différentes espèces. Ils ont été installés en novembre 2020 sur le parcours pédagogique de la commune de Nérigean. Un panneau sur les abeilles sauvages est en projet. Je pense qu’il est important de se rapprocher des “sachants” sur le thème de la biodiversité. »
(1) Du service biodiversité et espaces naturels du département de l’Hérault et membre de l’association Groupe chiroptères Languedoc-Roussillon.
Article paru dans Viti 459 de mars 2021