Liban : une belle vendange, mais un contexte compliqué

Fabrice Guiberteau, château Kefraya

Fabrice Guiberteau, château Kefraya.

Crédit photo Fabrice Guiberteau, château Kefraya
Dans la plaine de la Bekaa, à 1 000 mètres d’altitude, s’étendent les 300 ha de vignes du château Kefraya. Fabrice Guiberteau est le directeur technique de cette propriété familiale qui se singularise par la mise en avant des terroirs et des cépages.

Nous entendons très régulièrement des bombardements en provenance du sud du pays. Avec le contexte géopolitique tendu dans la région, nous n’avons aucune visibilité sur l’évolution de la situation. 70 % de nos vins partent à l’export, alors nous faisons tout pour continuer à les faire sortir du pays, avec des difficultés croissantes, comme l’absence d’assurance sur les conteneurs pour des dommages liés aux guerres. L’import de matières sèches se complique aussi.

Des vignes qui résistent sans irrigation

Heureusement, nous avons eu de belles vendanges cette année, bien meilleures que celle de 2022, mais avec de gros écarts de rendements sur les 300 ha, de 3 t/ha pour des rouges très qualitatifs à 9 t/ha sur des blancs d’entrée de gamme. Jusqu’à 310 saisonniers étaient présents pour vendanger l’ensemble du domaine à la main, avec parfois des dates optimales dépassées de 5-6 jours faute de main-d’œuvre suffisante. Malgré la canicule, nos vignes ont résisté, sans irrigation. Ici, il ne pleut quasiment pas de mi-mai à octobre, alors nous faisons des apports de fumier de bovin décomposé, issu de fermes locales, que nous mettons dans les rangs pour accroître la matière organique. 

Chaque année, environ 6 t/ha de fumier sont apportées, et jusqu’à 10 t/ha sur jeunes plantations. Cela a vraiment un impact positif sur la tenue des vignes face aux stress hydriques. Étant en bio, nous devons réaliser continuellement du travail du sol – griffage et labour - pour éviter les adventices concurrentielles, ce qui entraîne de la perte de matière organique. Et avec des risques de gelées jusqu’à mi-avril, nous préférons éviter les couverts végétaux. D’où le choix d’apports élevés de fumier.

Pas de nouvelle plantation en 2024

Mi-décembre, la taille vient de commencer et s’étirera jusqu’à mi-mars, avec 11 tailleurs permanents, secondés par une petite trentaine d’ouvriers. Dès que le temps le permet, nous passons des interceps. Aucune nouvelle plantation n’est prévue pour 2024, après les 9,25 ha de l’an dernier. Certaines parcelles arrivent cependant en bout de vie, et il faudra penser à les remplacer, en sachant que la complantation n’est faite que sur des vignes de moins de 6 ans. Si certaines vignes plantées en 1965 en sélection massale sont encore très vaillantes, d’autres de 25 ans arrivent en bout de vie. Pour moi, la sélection clonale en remplacement de la sélection massale, associée à de la greffe oméga en remplacement de la greffe anglaise, fait partie des facteurs limitant le bon vieillissement de nos vignes.

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