À Bordeaux, sur les terroirs chauds et les parcelles de merlots précoces, le mildiou faisait son entrée en scène dès le début du mois d'avril.
Les Graves, Pessac-Léognan, Saint-Émilion, Pomerol et le sud du Médoc étaient ainsi en première ligne. Mais les pluies subies entre le 15 et le 21 mai ont provoqué de nouvelles contaminations, et « depuis hier (lundi 27 mai, ndlr) des symptômes sont apparus sur tous les secteurs », rapporte Rémi Lamarque.
Certaines parcelles sont « très touchées », mais le conseiller auprès du distributeur bordelais CIC-Nau souligne que « ramené à l’ensemble du vignoble, les fréquences et les intensités ne sont pas énormes ». Les symptômes se limitent pour le moment aux feuilles. Les apparitions sur grappe, à partir de la semaine prochaine, permettront d'évaluer plus précisément la gravité des contaminations.
Même sans nouvelles pluies, les traitements sont à continuer
Confrontés à des sols détrempés et à des averses incessantes, certains viticulteurs ont dû traiter dans des conditions difficiles qui ont certainement limité l’efficacité de leur action, voire n’ont pas pu intervenir. « On est sur une saison exceptionnelle, rappelle Rémi Lamarque. Depuis début octobre, il est tombé près de 1.400 mm sur le Nord-Médoc, alors que la pluviométrie sur un an est en moyenne de 1.000 mm, voire un peu moins.”
Après des contaminations dès le 8 avril qui ont surpris par leur précocité et leur virulence, le mois de mai, particulièrement pluvieux, a été marqué par 11 jours de contaminations potentielles.
De nouvelles pluies sont prévues le jeudi 30 mai, mais la météo devrait ensuite accorder un répit aux viticulteurs girondins. Le conseiller redoute néanmoins les effets d’une humectation prolongée de feuilles présentant des symptômes. Ce qui peut suffire à générer de nouvelles contaminations. “Avec toute l’humidité présente dans le sol, on s’attend à des humectations importantes, et si elles se maintiennent en début de matinée, il faudra malheureusement renouveler les traitements en fonction des rémanences.”
Cognac est aussi en alerte rouge
Le vignoble voisin des Charentes, lui non plus, n'a pas été épargné par les pluies. Depuis octobre, le cumul dépasse localement les 1.200 mm. Après un débourrement précoce, la fraîcheur du mois d'avril a ramené la vigne à la normale. « La première pluie contaminatrice est datée du 7 avril, mais les symptômes se sont exprimés 20 jours plus tard, calcule Gilbert Mery, conseiller technique à la coopérative Océalia. Les viticulteurs ont pu faire un traitement relativement précoce mais sans affolement vers le 22 avril. »
Dès lors la pression n'a cessé d'augmenter. « Depuis le début de cette semaine, on trouve des taches, uniquement sur feuilles, notamment dans les domaines avec des grandes surfaces pour lesquels il est difficile de traiter l'intégralité des vignes sur des fenêtres climatiques réduites. »
En cette fin mai, les viticulteurs cognaçais sont en général passés 4 à 5 fois. « La pression est contenue, pour le moment, estime Gilbert Mery. Mais il ne faut pas relâcher les efforts. Le moindre crachin est contaminant et les pluies importantes peuvent lessiver les fongicides avant même la fin de période de rémanence. »