
Comment agir face aux conséquences de gel printanier, de fortes chaleurs estivales et plus largement de perte de vigueur ? Quatre vignerons du Maine-et-Loire accompagnés par l’ATV49 témoignent sur le sujet de l’adaptation du vignoble au changement climatique en lien avec le projet Climatveg1.
Amaury Chartier, chef de culture (Anjou) : repenser ses plantations face au gel
« Nous essayons aussi de monter les souches au maximum, pour limiter l’impact du gel et envisager un débourrement un peu plus tardif. L’idée de laisser des animaux pâturer les vignes le maximum de temps dans l’année, notamment au début du printemps, permettrait idéalement de jouer contre l’impact du gel », ajoute Amaury Chartier. Des essais de rognages doivent aussi être menés, pour observer l’impact sur la résistance à la sécheresse et aux à-coups climatiques.
Marie Dubillot, vigneronne (Layon) : ramener de la vigueur par le sol et les porte-greffes
Sur de nouvelles plantations en cours, le domaine a opté pour des porte-greffes plus vigoureux, comme le 1103 paulsen, gravesac, et 110 richter depuis cette année, notamment en remplacement du SO4. « Nous testons aussi la conduite sur haut tronc, entre 90 cm et 1 m au lieu de 50 cm pour la baguette, dans l’objectif de se protéger du gel, réduire la pénibilité de la taille et tâcher de limiter la surface de la haie foliaire également », termine Marie Dubillot, qui souhaite pour l’avenir renforcer au maximum les interactions entre élevage et vigne. « Et pourquoi pas imaginer du pâturage en hiver avec les vaches dans les vignes ! »
Loïc Moy, domaine Patrick Baudouin (Layon) : adopter la greffe tardive et la taille longue
Autre innovation : la taille tardive et longue, en vue de faire face aux gels tardifs de printemps. « En 2021, nous avons vu toutes les vignes geler, sauf deux hectares protégés par des bougies, d’où cette recherche de solutions moins coûteuses, moins exigeantes en main-d’œuvre et en énergie, et aussi moins émettrices de pollution », souligne-t-il. Un premier passage durant l’hiver conduit à garder le double d’yeux sur les baguettes. Ensuite, fin mars-début avril, un second passage permet de raccourcir au nombre d’yeux souhaité. « Les premiers yeux débourrés touchés par le gel pourront ainsi être remplacés pour les autres sur la baguette », termine-t-il.
Marc Houtin, vigneron (Côteau de l'Aubance) : travailler la haie foliaire et réfléchir à l’agroforesterie
Le vigneron réfléchit également à un projet d’agroforesterie. « L’intérêt serait d’avoir une ombre portée sur les vignes, car en 2022 nous avons eu jusqu’à 30 % de pertes de récolte par échaudage par endroits. L’autre intérêt porte sur la biodiversité, en favorisant la présence de chauves-souris contre les vers de la grappe. » Autre réflexion : la conduite en pergola sur le modèle italien. « Les grappes seraient mieux protégées du soleil, et nous pourrions peut-être imaginer des animaux dessous », indique Marc Houtin.
(1) Climatveg : projet de recherche sur les régions Bretagne et Pays de la Loire sur 2021-2025, visant à étudier les transitions et durabilités des systèmes de production végétale face aux changements climatiques.