
Installée depuis 2018 sur 14 ha au domaine de l’Affût, en Touraine, Isabelle Pangault regorge d’idées pour développer son exploitation. Outre la plantation de cépages rares et locaux, elle explore les solutions pour limiter les impacts du gel, en particulier la taille.
« Le travail de taille a été décalé d’un mois cette année, pour espérer moins subir les éventuelles gelées printanières, en finissant par les jeunes vignes », explique Isabelle Pangault, installée depuis 2018 au domaine de L’Affût à Sassay, au sud de Blois. La taille tardive, commencée début février, devrait ainsi se finir autour du 29 mars. « Nous avons dû prendre deux personnes de plus pour tailler sur ces délais raccourcis, soit quatre tailleurs. J’ai également fait le choix de tout mener en taille Guyot Poussard depuis mon installation, face aux problématiques de dépérissement », explique-elle.
Éoliennes mobiles Tow and Blow
En parallèle des réflexions sur la taille, Isabelle Pangault a investi, au fil des ans, dans deux éoliennes mobiles Tow and Blow (environ 35 000 € HT chacune). « Je ne voulais pas dénaturer le paysage avec des tours fixes. Ces tours mobiles tractées ont un bruit assez faible, similaire à celui d’un tracteur en marche, afin de réduire les nuisances auprès des voisins. Et enfin, comme mon vignoble est en construction avec des replantations régulières, je peux positionner les éoliennes là où je pense qu’elles seront le plus nécessaires selon les années ! » Si une troisième tour mobile semble pertinente pour protéger davantage de surface, la vigneronne déplore un investissement très lourd, qui pèse sur la rentabilité de l’exploitation.
Pour faire face plus largement aux conséquences du changement climatique, la vigneronne qui a lancé la conversion du domaine en bio et qui s’intéresse à la biodynamie, défend les cépages locaux oubliés. Après 1 ha de fié gris replanté en 2020, Isabelle Pangault souhaite remettre du menu pineau, romorantin et pineau d'Aunis dans ses parcelles, aux côtés des cépages plus classiques (sauvignon, chardonnay, chenin, gamay, côt…). « Les cépages anciens ont été délaissés pour leur faible degré d’alcool et leur acidité plus élevée, mais avec le changement climatique et l’attente des consommateurs pour des vins frais, ces critères redeviennent très intéressants. Et, au-delà de la dimension patrimoniale, avoir une diversité de cépages sur son domaine permettra de mieux s’adapter aux variations du climat selon les années. »
Des vins concentrés
Les nouvelles plantations se font en 1,5 m, comme pratiqué historiquement sur le domaine. « Mes premiers vins sont concentrés et aromatiques, et je souhaite poursuivre dans cette voie, bien que la majorité des
Avec des bouteilles vendues entre 14 et 23 euros, Isabelle Pangault est bien au-dessus du prix moyen de l’appellation touraine. « Cela est possible grâce à des produits qui ont une personnalité, et une approche qui casse les codes, que ce soit dans le choix des cépages, le travail de vinification, ou l’étiquetage très moderne. Avoir une vie professionnelle diversifiée avant de s’installer m’a apporté une vraie ouverture d’esprit et des compétences variées », termine la vigneronne titulaire d’un BTS en gestion forestière, puis d’un diplôme d’ingénieur agronome et d’un DNO, avec un parcours qui l’a amenée à traverser divers vignobles internationaux avant de revenir à sa Sologne natale.