
De retour en France après quinze ans en Californie, Raphaël Knapp a posé ses valises dans la vallée du Rhône, au Château La Borie. Son projet ? Réintroduire de la diversité et ouvrir le domaine sur le territoire.
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Pour commencer l’évolution vers une exploitation qu’il souhaite plus « naturelle », son premier pas a été de commencer une conversion des vignes en bio dès 2019. Avec déjà quelques résultats liés à la suppression des herbicides : la flore s’est rediversifiée, les carences en fer ont disparu.
Nous essayons d’aller vers le moins d’interventions possible, mais nous voulons aussi des vignes saines. Car si on peut toujours faire du mauvais vin avec un bon raisin, il est plus difficile de faire du bon vin avec du mauvais raisin, plaisante le nouveau vigneron.
Avec un objectif ambitieux mais gardant les pieds sur terre, il a mis en place "des garde-fous" (un cabinet conseil et un œnologue) et peut compter sur son équipe de cinq salariés.
3 ha de cépages blancs
Petit à petit, Raphaël Knapp trace son chemin vers ses objectifs. De son ancien métier d’importateur de vin, il a conservé un goût pour le vin blanc et souhaitait en produire. Il a donc planté 1 ha et surgreffé 1 ha ce printemps. Un autre hectare devrait être planté l’an prochain. Au total, le domaine cultivera pas moins de sept cépages blancs : marsanne, roussanne, grenache blanc, bourboulenc, mais aussi viognier, rolle, clairette.
Grève, gilets jaunes et pandémie
Le domaine commercialise entre 250 000 et 300 000 bouteilles par an, vendues entre 8,50 et 15 euros. Avec un gros marché sur Paris et ses restaurants. Autant dire que le contexte n'a pas été particulièrement facile ces trois dernières années, avec les grèves, les gilets jaunes, les confinements… et pour finir, le gel.
Nous verrons à la vendange, mais nous pensons avoir subi 60 à 70 % de perte de rendement cette année à cause du gel, indique le vigneron.
Économiquement, les choses vont peut-être s’équilibrer malgré tout, le domaine ayant souscrit une assurance. La petite récolte prévue cette année viendra régulariser des stocks.
Raphaël Knapp explique:
Nous avons beaucoup mis en bouteille dès 2018, car nous souhaitons valoriser au mieux nos vins. Mais commercialement, les choses prennent du temps, notamment à l’export.
En attendant l’ouverture de nouveaux marchés, en cours, Raphaël, sa famille et son équipe ont entrepris d’ouvrir le château au territoire. Un concert de musique classique, déprogrammé avant la pandémie, a pu avoir lieu en ce début d’été.
L’œnotourisme fait partie des projets, pour mettre en valeur ce site et ce bâti patrimonial. Pourquoi pas, un jour, organiser des séminaires avec son épouse, psychothérapeute ou inviter des artistes en résidence...