L’IFV a comparé l’efficacité et la durabilité de différents mulchs

Pourquoi pas le mulch ou le feutre pour l’entretien du rang, en alternative au désherbage chimique et au travail du sol ? L’IFV pôle Rhône Méditerranée a mené des essais sur 3 ans dans le cadre du projet Vitimulch, pour évaluer l’efficacité de ces pratiques dans le temps, mais aussi leur coût et leur impact sur le sol.

Echantillon de miscanthus broyé entre les mains

Au bout de trois ans, le paillage miscanthus présente encore un bon niveau d'efficacité de 74% pour étouffer les adventices.

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Le projet Vitimulch a été mené par Caroline Gouttesoulard, chargée d’expérimentation protection du vignoble à l’IFV pôle Rhône Méditerranée de 2021 à 2023 sur deux sites différents de la région Occitanie. L’objectif était d’étudier le comportement dans le temps de ces paillages en différentes conditions pédoclimatiques (océanique et méditerranéenne) et d’observer leur impact sur les adventices.

Sur le site de Jonquières-Saint-Vincent (Gard), plusieurs types de mulch ont été testés : écorces de résineux, plaquette de peuplier, plaquette de châtaignier, paille de miscanthus, plaquettes de résineux et un mélange de plaquettes de résineux + sarments. Le feutre a également été étudié. Ces modalités ont été comparées à un témoin et à une modalité désherbage chimique.

Les résultats montrent une différence d’efficacité dans la durée concernant l’aspect gestion des adventices.

L'efficacité du feutre s'effrite dans le temps

La pose de feutre (95 % d’efficacité) ainsi que les paillages de plaquette de châtaignier et de paille de miscanthus se sont avérés les plus efficaces la première année avec respectivement 93 et 91 % d’efficacité notés en juin 2021. Cependant, dès la seconde année d’expérimentation, l’efficacité du feutre a commencé à s’effriter en lien avec la dégradation du matériau dans le temps. En juin 2022, la modalité feutre affichait seulement 42 % d’efficacité et un niveau équivalent était noté en 2023. Pour le paillage miscanthus et les plaquettes de châtaignier, leur performance s’est érodée dans le temps, mais de manière plus estompée, avec des niveaux d’efficacité encore supérieurs à respectivement 80 et 74 % en 2023, soit au bout de 3 ans de pose.

Au bout de 3 ans, les modalités se sont ainsi hiérarchisées concernant leur efficacité pour étouffer les adventices (notation de juin 2023) : plaquette de chataîgnier (80 %), paille de miscanthus (74 %), plaquettes de résineux (66 %), écorces de résineux (63 %), plaquettes de résineux + sarments (61 %), plaquette de peuplier (56 %), feutre (41 %).

Sur le site de Lisle-sur-Tarn, les essais se sont focalisés sur des mulchs composés de plaquettes de résineux, plaquettes + sarments, déchets verts, feutre, huîtres, toujours comparés à un désherbage chimique. En première année, l’effet sur les adventices s’est révélé plus marqué pour le feutre, les plaquettes de résineux et l’association plaquettes + sarments.

Au bout de 3 ans, ce sont finalement, sur la durée, les déchets verts qui se sont montrés les plus étouffants, avec une couverture du sol par les adventices inférieure à 10 %, devant les plaquettes, les huîtres puis le feutre.

Moins de stress hydrique

L’expérimentation a également porté sur la capacité potentielle des paillages à limiter le stress hydrique. Les résultats sont variables selon le profil de l’année : en année sans stress hydrique marqué comme ce fut le cas en 2021 et 2023, aucun impact sur le rendement n’a été remarqué selon les modalités. En revanche, lors d’une année avec stress hydrique comme 2022, une tendance intéressante de certains mulchs a été mise en évidence, notamment des plaquettes de résineux et du mélange plaquette de résineux + sarments.

À noter qu’aucune faim d’azote n’a été constatée au cours des expérimentations.

Les essais ont montré globalement une température du sol plus stable sous les mulchs et un maintien de l’humidité du sol en été. Côté inconvénients de la pratique, figurent la durabilité et le coût des mulchs. La pose d’un mulch de plaquettes de résineux ou de plaquettes de chataîgnier est, par exemple, évaluée à 9.440 euros/ha (interrang de 2,5 m, 40 cm d’épaisseur). Le coût s'élève à 7.200 euros/ha pour le peuplier, et 4.800 euros/ha pour le miscanthus.

Pour comparaison, le coût du désherbage d’un plantier équivalent sur trois ans par voie chimique est estimé à 3.000 euros par ha [150-200 €/an = 600 € + manchon protection herbicide à 0,6 €/pied (2.400 € pour 4.000 pieds/ha)]. Par désherbage mécanique, le coût tourne autour de 4.500 euros/ha [500-700 €/an (intercep + binage) = 2.100 € + manchon protection optionnel 0,6 €/pieds + 2.400 €)].

Quant à la présence de flore ou de bactéries indésirables apportées par les mulchs, la question reste à approfondir.