Les semoirs de semis direct (SD) sont des outils très performants. Dans quelle situation sont-ils nécessaires ? Comment choisir son matériel ? Réponses avec Christophe Gaviglio, de l’IFV Occitanie.
Comment bien choisir son semoir de semis direct (SD) ? Dans un premier temps, il faut se poser les questions suivantes : quelle est ma stratégie avec les couverts et ai-je vraiment besoin d’un semoir de SD ?
« Un semoir de semis direct permet de semer dans un couvert vivant en place, ou dans des résidus de couverts (mulch, couvert séché, etc.), explique Christophe Gaviglio, de l’IFV Occitanie. La différence avec un semoir “classique”, c’est que ce type de semoir est équipé d’éléments capables de “découper” les résidus en place pour permettre ensuite aux dents de placer correctement la graine dans le sol. » C’est en quelque sorte le semoir avec le plus de capacités.
Il est indiqué pour les viticulteurs qui souhaitent garder des sols couverts toute l’année. Si l’itinéraire technique sur le vignoble est stable et ne comporte pas de couvert en fin de saison, un tel équipement est inutile. « Le principal intérêt du SD est de pouvoir implanter les couverts avant la récolte, sans faire de travail du sol. Cela prémunit contre les risques d’orniérage pendant les vendanges. Dans cette situation, le choix d’un semoir de SD est obligatoire. » Pour toutes les autres situations, un semoir classique peut suffire.
Deux grands types de semoirs
Comment bien choisir son semoir de SD ? Quels sont les critères à prendre en compte ?
« Il n’y a pas de conseil universel. Tout dépend de l’objectif des couverts et des affinités des viticulteurs. Il faut une adéquation mécanique-nature du sol. Il existe deux grands types de semoirs SD. Certains sont dotés de dents semi-rigides avec un soc en T inversé, pour poser la graine et refermer la terre par-dessus. D’autres sont équipés de disques inclinés avec une roue de terrage par élément de semis. Cela permet plus de précision, avec un suivi de sol par élément de semis, qui peut être intéressant sur un sol avec cailloux. Mais d’un autre côté, le système de rappui de la ligne de semis est assez sensible, il ne faut donc pas de sol trop dur. On n’est pas sur un outil de travail du sol, rappelle Christophe Gaviglio. On ne cherche pas la profondeur. La pierrosité d’un sol, par exemple, a, certes, de l’incidence sur l’usure, elle peut modifier les réglages, mais en fin de compte elle a assez peu d’influence sur le choix du matériel. » Les semoirs de SD sont évidemment « plus précis », mais l’implantation d’un couvert en vigne n’a pas les mêmes niveaux d’exigence que celle d’une culture de rente.
D’autres critères (comme la distribution, la trémie, etc.) varient selon les modèles et selon les constructeurs, mais ils ne sont pas spécifiques au SD.
Deux techniques d’écoulement des graines existent : « Certains appareils sont complètement mécaniques, avec un débit proportionnel à l’avancement. D’autres semoirs, en revanche, ont une trémie pneumatique, dont le débit est fixé par le réglage de l’appareil », décrit le spécialiste.
La qualité du rappui du lit de semences est également primordiale. De même, la largeur des rangs a son importance. « Il est essentiel de ne pas semer trop large, surtout avec des couverts à biomasse importante qui peuvent verser un peu. Généralement, on sème sur 1,10 à 1,20 m pour des vignes à 2,30 m. Sur vignes étroites, c’est plus compliqué : cela laisse, au maximum, une bande semée de 60 cm pour des vignes à 1,20 m. Outre la largeur initiale du matériel, il faut savoir qu’il est possible de régler celle du semis, en démontant certains éléments semeurs ou en fermant en sortie de trémie certaines descentes. »
Une vitesse de travail plus élevée
En Bourgogne, par exemple, sur les vignes à 1 m, les essais menés par la chambre d’agriculture de la Côte-d’Or portent sur des largeurs de 45 cm de couverts. « Jusqu’à présent, ils montrent que beaucoup de données obtenues sur vignes larges ne sont pas transposables sur vignes étroites, précise Benoît Bazerolles, conseiller viticole à la CA 21. Dans les sols peu travaillés, on a une bande de roulement, très tassée. Il faut généralement précéder le semis d’un léger griffage (3 cm de profondeur), et certaines espèces “envahissantes”, comme la vesce, sont à éviter. »
Le fait de pouvoir avoir un mélange de graines de différentes tailles est très intéressant dans un couvert. Il est à noter que cette fonctionnalité n’est pas réservée aux semoirs de SD : ceux-ci sont effectivement dotés d’équipements (double trémie, trémie compartimentée) le permettant, mais cela peut aussi être le cas d’un semoir « classique ».
Le coût d’un semoir de SD est compris entre 8 000 et 15 000 euros. Un investissement à soupeser, mais plusieurs points sont à souligner : « C’est un outil très facilement mutualisable, qui peut être employé sur 200 à 300 ha par an. Il n’y a pas forcément une logique d’achat individuel du semoir. Son utilisation en Cuma tourne autour de 7 euros/ha/an », indique Christophe Gaviglio. Et la présence plus continue de couverts plus développés tend à améliorer les services qu’ils rendent (structure du sol, protection contre l’érosion, restitution des éléments minéraux…). « La vitesse de travail est plus élevée qu’avec un semoir classique, autour de 7 km/h », informe également Benoît Bazerolles.
Article paru dans Viti 445 de septembre 2019