Un drone pour détecter la flavescence dorée

Un drone pour détecter la flavescence dorée dans les vignes, voilà le projet qu’a initié la coopérative Charentes Alliance en partenariat avec Airinov en 2013. L’idée est de fournir une cartographie aux viticulteurs pour réduire le temps de prospection à pied en ciblant les ceps suspects grâce au drone.
 
Le 24 juillet 2014, la coopérative Charentes Alliance conviait ses adhérents à venir découvrir ses plateformes techniques en viticulture à Jonzac sur le site du lycée agroviticole Le Renaudin. L’un des ateliers était consacré à l’utilisation d’un drone pour identifier les pieds atteints de flavescence dorée sur cépage ugni blanc.
 
Kevin Larrue, ingénieur en charge du projet chez Charentes Alliance explique:

"Nous voulons spécialiser la détection sur le cépage ugni blanc, fortement majoritaire en Charente. En effet, entre différents cépages blancs, le type de jaunissement n'est pas toujours identique."

Gageons qu'Airinov développera le système pour d'autres cépages.

Les caractéristiques du drone:

  • Largeur: 96 cm
  • Poids: 700 g
  • Autonomie: 30 minutes
  • Résolution d’image: centimétrique
  • Indépendant de la couverture nuageuse
  • Deux limites: la vitesse du vent doit être inférieure à 50 km/h et il ne doit pas pleuvoir.

Kevin Larrue a rappelé que la flavescence dorée était caractérisée par trois symptômes:

  1. le jaunissement des feuilles pour les cépages blancs, et le rougissement pour les cépages rouges;
  2. le mauvais ou le non aoûtement des bois;
  3. le dessèchement et le flétrissement des grappes.
"Au-delà du plan de lutte obligatoire, la prospection, de début septembre jusqu’aux vendanges, est indispensable, mais elle encore insuffisante aujourd’hui."

Réduire le temps de prospection à pied grâce au drone

Plusieurs raisons sont responsables du manque de prospection à pied:

  • la prospection est très chronophage. Il faut passer dans tous les rangs à pied, à une vitesse recommandée de 4 km/h. Sur des vignes avec un écartement de 3 mètres, elle demande 50 minutes par hectare, pour des vignes espacées de 2,50 m, il faut 1 h/ha, et ce temps est encore plus important pour des vignes étroites;
  • le coût de la main-d’œuvre est estimé de 15 à 30 euros/ha;
  • il est difficile de reconnaître les symptômes spécifiques à la flavescence dorée. Le bois noir provoque exactement les mêmes symptômes;
  • septembre correspond souvent aux périodes de congés avant les vendanges. Sur un millésime précoce, la période de prospection peut coïncider avec celle de la préparation des vendanges.

Pour lever ces contraintes, le drone est une solution prometteuse car il est capable de survoler 80 ha
en 30 minutes
. Il donne une mesure objective, évitant ainsi la subjectivité de l’œil humain. La confirmation à pied de l’homme reste cependant nécessaire. Enfin, on peut espérer que cette solution permettra de réduire les traitements chimiques obligatoires.

Néanmoins, le drone donne accès à un seul des trois symptômes de la maladie, celui du jaunissement des feuilles (ou du rougissement pour les cépages rouges).

Premiers essais en 2013 prometteurs

Les premiers essais menés en septembre 2013 ont donné des résultats prometteurs. Le drone a survolé une parcelle atteinte à plus de 20% avec un capteur paramétré pour une utilisation en grandes cultures. Malgré ce paramétrage, les ceps atteints par la flavescence dorée identifiés à pied au préalable, ont été détectés par le drone. De plus, le drone a détecté d’autres pieds présentant des jaunissements. Certains étaient atteints de flavescence dorée mais d’autres non.
 
Il reste encore certaines difficultés à surmonter. Le drone doit être capable de différencier la flavescence dorée d’autres symptômes de jaunissement liés par exemple à des chloroses ou à d’autres maladies du bois. Cela passe par un paramétrage de la longueur d’onde à observer par le capteur du drone. Cette longueur d’onde devra être caractéristique du jaunissement causé par la flavescence dorée sur le cépage ugni blanc.

De plus, les symptômes ne sont pas toujours exprimés sur la totalité du pied mais uniquement sur certaines rameaux. Or, le drone donne principalement une image de la surface du feuillage. Il est donc nécessaire d’arriver à mieux observer la vigne dans son ensemble. Certaines recherches sur la visualisation en 3D de la vigne sont en cours pour arriver à quelque chose d’opérationnel.
 

Le capteur du drone amélioré en 2014

Le test du capteur "amélioré" paramétré spécifiquement pour identifier la flavescence dorée est en cours (septembre 2014) sur une dizaine de parcelles. Cette année, le drone survole des parcelles ayant différents types de sols, mais aussi des parcelles particulièrement touchées et certaines avec des ceps atteints de manière plus isolée. L'objectif est de déterminer si le drone est efficace dans différentes conditions.

Cette année, la précision du drone sera évaluée en mesurant le taux de détection des pieds malades et le pourcentage d’erreur dans l’identification des pieds malades.
 
Pour le moment, il est un peu tôt pour donner une date de mise en application. Elle dépendra des résultats obtenus en 2014. Charentes Alliance souhaiterait, à terme, proposer ce service à ses coopérateurs.
 
Et le coût dans tout ça ?

Kevin Larrue indique:

"Le coût n’est pas encore défini pour l’application en viticulture. Toutefois, il dépendra de la hauteur de vol et de la précision. Plus on vole bas, plus on est précis, et plus le coût est important , mais on couvre aussi moins de surface à l’heure. Le but est donc de voler le plus haut possible tout en gardant la précision nécessaire à l’identification de la maladie."

En grandes cultures, le drone vole à 150m de hauteur, ce qui offre une très bonne précision pour des préconisations en fertilisation sur blé et colza. Pour la vigne, il faudra peut-être voler un peu plus bas. Pour indication, à 150m, le coût était de 10 euros/ha pour un vol et de 15 euros/ha pour deux vols. Ce coût devrait être un peu plus élevé en vigne mais des recherches permettront de déterminer la hauteur de vol idéal.  

Retrouvez dans Viti n°400 de septembre, un dossier viticulture de précision avec notamment un article sur l'utilisation des drones.

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