Salon de l’herbe : une édition dédiée à l’adaptation au changement climatique

Perte de rendements oui, mais pas seulement ! Le changement climatique augmentera aussi les coûts alimentaires des élevages. C’est en tout cas ce que montre une analyse économique basée sur les travaux de trois groupes d’éleveurs laitiers. Hausse de la consommation de carburant, des charges de mécanisation et d’approvisionnement, voilà ce qui ressort d’une conférence organisée le 29 mai 2024, lors du Salon de l’herbe et des fourrages, près de Rennes.

Salon de l'herbe 2024

Le Salon de l’herbe s’est ouvert ce mercredi 29 mai 2024. Pendant deux jours, pas moins de 14 conférences et une table ronde aborderont le sujet de l’adaptation au changement climatique.

© Léa Fréhel

Le Salon de l’herbe s’est ouvert ce mercredi 29 mai 2024 sous une pluie battante et des températures plutôt fraîches. Pourtant, les experts de la filière élevage présents ce jour-là s’accordent tous à dire que les conséquences du changement climatiques sont déjà bien présentes.

Pendant deux jours, pas moins de 14 conférences et une table ronde aborderont le sujet de l’adaptation au changement climatique. Quel sera le climat demain et quel climat en 2050 ? Quelles seront les conséquences pour la production des fourrages ? Et surtout, de quels moyens disposent les éleveurs pour y faire face ?

Le Salon de l’herbe a mis l’accent sur les solutions apportées par la sélection variétale et les cultures fourragères d’été. Ont également été présentés des exemples d’aménagements parcellaires et de diagnostic de vulnérabilité.

« + 4 °C en 100 ans, voilà l’ampleur du phénomène qui nous attend »

Projeter une production sous des climats encore plus chauds et imprévisibles qu’aujourd’hui, voilà ce que propose Brendan Godoc, chargé d’études sur l’adaptation des systèmes d’élevage au changement climatique à l’Idele.

« "Le climat a toujours changé !", "L’agriculture s’adaptera bien !" sont des phrases souvent entendues, et qui, malheureusement, n’amènent aucune solution », déplore ce spécialiste de l’Idele. « + 4 °C en 100 ans, voilà l’ampleur du phénomène qui nous attend. Ce constat est pessimiste, mais nécessaire, car aujourd’hui, le besoin de se préparer est réel », ajoute-t-il.

Le collectif est une force

Au cours d’une conférence intitulée « tester sa vulnérabilité aux aléas climatiques en élevage laitier », qui s’est tenue le 29 mai lors du Salon, Brendan Godoc a rappelé les conséquences de l’altération du climat. Il a insisté sur la variabilité des récoltes d’herbe et de maïs à venir, sans oublier les effets préjudiciables que ces variations auront sur l’autonomie alimentaire des élevages.

Face à cette menace climatique, Brendan Godoc assure que le collectif est une force sur laquelle les éleveurs peuvent s’appuyer pour préparer l’avenir.

« Historiquement, le collectif a toujours permis d’acquérir des connaissances. Très récemment, on a vu émerger des groupes d’éleveurs autour de la question du réchauffement », affirme également Agathe Sergy, chargée d’études en production laitière à la chambre d’agriculture de Bretagne.

Des leviers pour adapter la production laitière au changement climatique

Lors de cette conférence, ces deux spécialistes ont présenté une réflexion menée par trois groupes d’éleveurs laitiers, soit 40 éleveurs de Bretagne. À partir du Rami fourrager, un jeu créé pour alimenter la réflexion collective, ces éleveurs se sont projetés sur des systèmes types soumis à des aléas. Ensemble, ils ont alors défini des leviers à actionner pour maintenir la production au sein de 6 systèmes virtuels :

  • augmenter la diversité dans les prairies multi-espèces ;
  • implanter des prairies sous couvert de méteil, céréales protéagineux récoltés immatures ;
  • implanter des luzernières, des prairies RGH-TV et des betteraves ;
  • convertir les surfaces en céréales en surfaces fourragères ;
  • produire des cultures à double fin comme le maïs et le méteil ;
  • baisser l’âge au premier vêlage et le taux de renouvellement ;
  • grouper les vêlages en début d’automne.

S’adapter au changement climatique : des coûts supplémentaires

Produire autant de lait dans un système soumis à des accidents climatiques plus intenses et plus réguliers aura forcément des répercussions économiques sur les élevages. C’est en tout cas ce que montre l’analyse économique prévisionnelle des 6 systèmes virtuels explorés. Au global, l’analyse des coûts économiques et énergétiques montre :

  • une consommation de carburant supérieure, soit une hausse de 11 % ;
  • une hausse des charges de mécanisation de 12 €/1.000 l de lait ;
  • une hausse des charges d’approvisionnement de 8,50 €/1.000 l de lait.

 

Pour deux tiers des systèmes projetés, la hausse des coûts alimentaires s’élève à 19,20 €/1.000 l de lait.

Une fois ce premier travail collectif réalisé, les éleveurs du programme ont souhaité étendre ces projections à l’échelle de leur exploitation. L’outil ClimAléas-Test a alors été utilisé. Il a permis d’éditer pour chaque exploitation un bilan fourrager dynamique basé sur 6 scénarios climatiques et un diagnostic de vulnérabilités qui chiffre les pertes liées à un aléas.