Bâtiment d'élevage : prendre le temps de le concevoir

Construction bâtiment d'élevage. © S. Leitenberger/adobe stock
Un bâtiment flambant neuf adapté à vos objectifs de production ? Voilà une envie, ou un besoin, que rencontrent bon nombre d’éleveurs. Mais cet investissement lourd est parfois décevant à l’usage. Pour un projet cousu main, les toutes premières étapes de réflexion sont primordiales : faire émerger des idées, les ordonner et prioriser ses besoins.

«Un éleveur sur trois construirait son bâtiment d’élevage différemment si c’était à refaire », chiffre Sébastien Guiocheau, chargé d’études bâtiment et équipement bovins de la chambre d’agriculture de Bretagne. Cet expert préconise donc d’aborder la conception d’un bâtiment avec méthode.

Puisque l’enjeu est de taille, autant ne pas brûler les étapes. Avant toute chose, un projet de construction se base sur les résultats actuels : l’étude des données technico-économiques sert alors de repère. C’est un bon point de départ pour envisager des améliorations et déterminer la capacité d’investissement.

Ensuite, le ou les exploitants doivent dessiner les contours du projet d’exploitation à moyen et long terme, sans oublier de le faire coïncider avec les attentes personnelles. Un départ à la retraite prévu, l’accueil d’un nouvel associé ou d’un collaborateur, ou encore un changement de réglementation annoncé s’anticipent et enrichiront la réflexion. Si le projet est collectif, les objectifs choisis ici doivent être partagés de tous : la concertation prend du temps mais elle fait émerger des idées.

S’inspirer de bâtiments existants

Difficile d’anticiper l’ensemble des évolutions qui adviendront dans les prochaines décennies. Alors à défaut d’envisager mille scénarios incertains, autant se concentrer sur des éléments inévitables. Par exemple, un éleveur vieillit. Il doit donc identifier ses habitudes de travail et se projeter à dix ou vingt ans.

« Souvent, un passage d’homme concurrence une place aux cornadis. Un éleveur jeune sera tenté de privilégier cette place supplémentaire en se disant qu’il enjambera les barrières. Pourtant, avec le temps, il pourrait regretter ce choix », illustre Sébastien Guiocheau.

L’expert de la chambre d’agriculture de Bretagne insiste également sur l’importance de nourrir le projet par des exemples concrets : « Rien ne remplace la visite de bâtiments existants. En effet, le porteur de projet visualise ainsi une installation ou un équipement, recueille le témoignage de l’utilisateur et identifie les dysfonctionnements possibles. »

Pour générer de nouvelles idées, orienter la réflexion et se projeter à long terme, Sébastien Guiocheau recommande de consulter des techniciens et des conseillers de prévention de la MSA : « On entend souvent dire que “le conseil technique coûte cher”. Pourtant, si ce conseil fait économiser 40 000 euros à l’éleveur, alors le prix de cette prestation devient modeste. » Pour éviter que les questions se centrent autour de l’aspect économique et logistique, le maître d’œuvre doit avoir une approche globale et pratique, la plus complète possible. Si les notions d’organisation et de sécurité sont occultées, l’éleveur risque d’en payer les conséquences tout au long de sa carrière.

Bâtiment neuf : un outil de production sur mesure

Le projet d’un nouveau bâtiment d’élevage s’articule autour de grands enjeux d’ordre réglementaire, économique, sociétal mais aussi technique. Prenons l’exemple de la zootechnie : derrière cet enjeu se cachent de nombreuses thématiques comme les aires de vie et de couchage des animaux, le positionnement des abreuvoirs, la ventilation, l’orientation du bâtiment, l’alimentation, les interventions vétérinaires ou encore la biosécurité.

« Lister les enjeux et les questions associés est un moyen efficace de ne rien oublier », assure Sébastien Guiocheau, qui prend l’exemple de l’enjeu « conduite du troupeau » et énumère des questions associées : comment gérer l’accès au pâturage ? La zone de stockage est-elle suffisante face à ma capacité de production ? Est-elle facile d’accès ? Comment organiser la distribution des fourrages ? Quelle filière de déjections mettre en place ? La paille produite par l’exploitation est-elle suffisante pour approvisionner l’aire paillée ?

Répondre à certaines questions peut parfois se révéler complexe car les objectifs et enjeux entrent en conflit les uns avec les autres. Par exemple, pour identifier la parcelle à construire, l’éleveur doit d’abord examiner les aspects réglementaires, économiques, la conduite de troupeau et même les conditions de travail. En effet, le choix de l’emplacement du bâtiment dépend à la fois des voies d’accès, de la proximité avec son domicile, du respect des exigences réglementaires, des accès au pâturage. Dans ces conditions, l’approche globale prend du sens pour hiérarchiser les besoins de l’éleveur, et ainsi dessiner un projet sur-mesure qu’il ne regrettera pas.

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