Des alternatives pour limiter les coûts des bâtiments

Le logement des animaux représente une part importante des investissements en production laitière. © A.Coronel/Terroir Est
Les bâtiments représentent plus de la moitié des capitaux investis dans la production laitière… La hausse brutale des cours des matériaux interroge forcément sur les alternatives aux stabulations rectangulaires classiques. Avec leurs répercussions sur les coûts de fonctionnement, le confort de travail, la durabilité…

La reprise économique mondiale, notamment en Chine et aux États-Unis, est en grande partie responsable de la hausse des prix et de la pénurie de nombreux matériaux de construction : acier, bois, PVC… Et la tendance semble durable : « Tout laisse à penser que les prix de ces matériaux ne sont pas près de revenir à leur niveau de 2019 », analyse Marc Tollot, conseiller bâtiments à la chambre d’agriculture de Haute-Saône. En face, les perspectives de revalorisation du principal produit de l’élevage laitier, le lait, sont plutôt timides, si on en croit les premiers échos des négociations entre industriels et grandes surfaces. La conjugaison de ces deux facteurs risque bien de paralyser les projets d’investissement dans les bâtiments d’élevage laitier, que ce soit en rénovation, agrandissement ou création. Finalement, c’est la question de la rentabilité des capitaux en élevage qui est reposée brutalement depuis quelques mois. Comme le démontrent les analyses de CER France sur cette thématique, l’élevage de bovins laitiers mobilise des capitaux de plus en plus élevés, assortis de temps de retour sur investissement de plus en plus longs : « Sur 100 € d’investissement, 55 le sont dans les bâtiments. »

Repères chiffrés

La dernière synthèse de l’observatoire des prix des bâtiments vaches laitières, publiée en février 2021 par la chambre d’agriculture et le GIE élevages de Bretagne, fait état de 8500 € par place, répartis en 5000 € pour le logement et le stockage des déjections et 3500 € pour le bloc traite… sur la base de devis réalisés en 2020 ! Sur ce poste, on est donc à plus de 100 € investis pour une capacité de production de 1000 litres de lait. Les tendances du moment et les options retenues, comme les racleurs, les matelas pour les logettes, les rideaux brise-vent et les portails motorisés, peuvent faire varier le coût de la place de plus ou moins 1000 €.

La maîtrise des coûts d’investissement dans les bâtiments d’élevage est une problématique étudiée depuis plusieurs années par le Réseau mixte technologique (RMT) « bâtiments d’élevage de demain ».

« Des pistes explorées depuis quelques années permettent néanmoins de diminuer ces coûts. Limiter les portées de charpente, réduire les maçonneries, les hauteurs, maintenir un long pan ouvert, ou encore conserver des surfaces découvertes en lien avec un système de traitement, sont autant de solutions pour diminuer les montants investis. Aussi, pour ne pas saturer la capacité de remboursement de l’exploitation, des choix sont souvent nécessaires. Il est parfois préférable de réaliser le projet par étapes et de valoriser au mieux les constructions existantes (silos, fosses, couchages, annexes...) », relate Sébastien Guiocheau, du pôle herbivores de la chambre d’agriculture de Bretagne.

Un bâtiment simple et économe

Les travaux du RMT ont débouché en 2019 sur la présentation d’un prototype de bâtiment « coûts raisonnés » dont la conception limite les surfaces couvertes, avec des choix simplifiés en matière de charpente, bardage et maçonnerie. Il permet éventuellement la production d’énergie renouvelable, une piste de valorisation complémentaire susceptible de participer à la baisse du coup du projet. Sans négliger le volet astreinte, la « fonctionnalité » et l’ergonomie, ni les coûts de fonctionnement (paillage, alimentation…). « Ces coûts de fonctionnement, qui correspondent aux coûts d’utilisation du bâtiment (consommation de paille, d’énergie au temps de travail et au matériel nécessaires), doivent également être évalués pour faire les bons choix lors de la conception du projet. »
Le constructeur breton Roiné s’inscrit dans cette ligne avec son concept Stabeco, mis au point en partenariat avec l’Idele et lancé en 2008. Seules les logettes et la table d’alimentation sont couvertes.

« La stabulation est constituée d’une succession de plusieurs petits modules indépendants couvrant les différentes rangées de logettes et le couloir d’alimentation. Les aires de circulation et l’aire d’exercice sont semi-ouvertes », explique le constructeur.


Entre l’autoconstruction (montage en kit du bâtiment préassemblée), la conception modulaire et la limitation des surfaces couvertes, l’économie réalisée est de l’ordre de 25 à 30%. Dans un autre registre, des bâtiments « tunnels » ou multi-dômes, jusqu’alors réservés à d’autres productions, végétales, ou animales, telles que les ovins, voient désormais le jour en élevage laitier avec également à la clé une importante économie, car les coûts de maçonnerie sont fortement réduits.



Retrouver l’article d’Alexandre Coronel dans le numéro de janvier de Cultivar élevage
 
 

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