La méthanisation est rentable avec subventions

Représentant 38% de l'investissement en moyenne, les subventions sont indispensables à la rentabilité des unités de méthanisation à la ferme. Photo : M. Lecourtier/Pixel image

Selon une étude commandée par l'Ademe et menée conjointement par Biomasse Normandie, la SEMAEB et l’APESA entre janvier 2013 et février 2014, les projets de méthanisation ne peuvent aujourd’hui trouver un équilibre économique que grâce aux aides accordées par l’ensemble des administrations compétentes. En cause, des projets qui engendrent un fort endettement et une valorisation possible peu optimisée au sein des unités à la ferme.

L’étude pointe notamment la valorisation de la chaleur insuffisante et le manque de redevance de traitement des déchets exogènes. Pour aboutir à ce constat, l’étude a été conduite sur 26 unités de méthanisation à la ferme pour le volet investissement et 19 sur l’aspect bilan de fonctionnement. Sachant que la France dénombrait près de 140 digesteurs agricoles à la fin de l’année 2013.

L’étude commanditée par l’Ademe entend par méthanisation à la ferme :

Des unités de méthanisation portées majoritairement par un ou plusieurs exploitants agricoles, où les effluents de ferme et les déchets agricoles sont majoritaires et la puissance installée généralement inférieure à 500 kW électrique.

L’étude met en évidence que les unités qui ont retourné une enquête exploitable ont un potentiel de production moyen de 175kW électrique. Cependant, l’écart est important entre la plus petite unité (30kWe) et la plus importante (370kWe). Parmi les unités de méthanisation enquêtées, seulement deux mettent en œuvre un processus par voie sèche quand les autres ont privilégié la voie liquide infiniment mélangée. Si elles ont toutes plus d’une année de fonctionnement derrière elles, la moyenne d’âge des unités à la ferme avoisine les 3,7 ans.

Toutes tendent à approcher leur capacité nominale en ce qui concerne le tonnage traité. En effet, les unités enquêtées font état d’un approvisionnement à hauteur de 97% de la capacité nominale. À la ferme, les effluents d’élevage et les résidus de récoltes représentent 80% des substrats introduits dans les digesteurs. Les résidus industriels exogènes comptent pour un cinquième du mélange. Ils sont composés essentiellement de graisses et d’issues de céréales. L’étude souligne également la très faible proportion que représentent les déchets des collectivités qui sont pourtant un gisement important et garanti sur le moyen et le long terme.

Des coûts théoriques très proches de la réalité

26 unités à la ferme ont pu être analysées sur le plan économique. Hors subventions, l’investissement moyen d’une unité de méthanisation à la ferme représente 979 200 euros HT. Mais il existe une forte variabilité entre les différents projets. L’étude stipule toutefois que :

Les investissements réels sont très proches des coûts prévisionnels inscrits dans les dossiers de demande de subventions avec un écart moyen de 5%. Rapportée à la puissance de l’installation, la moyenne des investissements frôle 5 610 euros HT/kWe. Le génie civil occupe près de 38% de l’investissement avec une moyenne de 2 120 euros HT/kWe. Le béton et l’acier permettant la fabrication du digesteur et du post-digesteur représentent trois quart du coût du génie civil.

Ce qui met en exergue l’importance de maîtriser le dimensionnement de base de l’unité en veillant à ne pas la surdimensionner.

Le process (agiteurs, pasteurisateurs, pompes, etc.) mobilise quant à lui près de 50% de l’investissement. Le prétraitement et la digestion comptent pour moitié des 3 250 euros HT/kWe dédiés au process. Un tiers de cette valeur est généralement alloué au moteur de cogénération selon l’étude.

Enfin, le poste "divers" représente en moyenne 240 euros HT/kWe des 5 610 euros HT de l’investissement global. Cette somme comprend les frais de raccordement au réseau de distribution d’électricité, les assurances et les imprévus. Sachant que les frais de raccordement comptent pour 90% de cette somme et près de 3,6% de l’investissement global.

En moyenne également, les subventions des unités de méthanisation à la ferme représentent 38% de l’investissement global, permettant aux porteurs de projets d’aboutir à un projet économiquement viable. Sachant que pour les unités à la ferme, 90% des recettes sont générées par la vente de l’électricité.

La redevance de traitement des déchets ne représentant qu’un dixième des recettes en moyenne mais peut atteindre 42% pour certaines unités. Là encore, la redevance traitement des déchets est très dépendante des unités de méthanisation. Elle s’échelonne de 1,8 à 77,9 euros HT/tonne de produits. La valorisation de la chaleur pour les unités de cogénération est également à améliorer pour espérer un meilleur retour sur investissement.

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