S'adapter dès maintenant au changement climatique

Modifier les bardages en ajoutant des ouvertures modulables est une possibilité pour augmenter le confort des vaches laitières en période estivale. Photo : ©H.Flamant/Terroir Est
Depuis un an, et dans le cadre du projet Climalait, la filière laitière s'intéresse à l'adaptation des bâtiments d'élevage laitier face au changement climatique. Les premières pistes d'adaptation ont été évoquées à l'occasion de la conférence Grand angle lait organisée le 2 avril dernier par l'Institut de l'élevage. "Le climat change, les bâtiments d'élevage doivent évoluer dès maintenant", affirme Jacques Capdeville, de l'Institut de l'élevage.

Le changement climatique est une réalité. Il se traduit par une augmentation des températures à l’échelle globale comme au niveau local, mais aussi par des modifications de la fréquence et/ou de l’intensité de certains aléas climatiques.

Conséquence directe du changement climatique : l'augmentation du stress hydrique sur les vaches laitières.
Les bovins adultes produisent beaucoup de chaleur. Au delà de 25 °C ils doivent fournir des efforts d'adaptation. Entre 30 et 35 °C, ils sont en situation de souffrance et au delà de 42 °C, il faut mettre en place des adaptations car si la situation perdure jour et nuit, les animaux peuvent en mourir, rappelle Jacques Capdeville.

Les stress thermiques ont des impacts zootechniques bien connus : au delà de l'enjeu du bien-être animal, les vaches produisent moins, se nourrissent moins, elles s'abreuvent plus, la fécondité et la fertilité diminuent...

Sensibiliser les éleveurs à la réalité du changement climatique et à la nécessité de s'adapter, tel est l'objectif du projet Climalait porté par plusieurs partenaires.

Ventilation naturelle ou mécanique

Un des axes de travail de Climalait porte sur le confort dans les bâtiments d'élevage et sur les adaptations qui peuvent être mises en place.

Après une année d'études, plusieurs pistes d'adaptation se dessinent :
- En zone océanique, la ventilation naturelle peut être suffisante pour assurer un bien-être climatique en été, à condition que le bâtiment soit bien conçu.
- Les systèmes de ventilation mécaniques peuvent se justifier en zone plus continentale.
Sur les bâtiments existants, on peut imaginer optimiser la ventilation naturelle, par exemple en modifiant les bardages avec des ouvertures modulables. Attention, ça ne veut pas dire mettre des filets brise-vent dans toutes les exploitations, souligne Jacques Capdeville.

En complément, l'agroforesterie, bien imaginée aux abords des bâtiments, peut apporter un bénéficie réel pour le bien-être des vaches laitières et pour leur production.
L'arbre doit reconquérir les abords des bâtiments d'élevage. Par son ombre et en tant que coupe vent, il contribue au confort perçu dans le bâtiment, insiste Jacques Capdeville.

Des solutions sur le long terme

Sur le pas de temps sur lequel porte les changements climatiques, à savoir la fin du siècle, d'autres pistes peuvent permettre de faire face aux enjeux. La génétique, par exemple, peut amener à une meilleure adaptation des vaches et des cultures aux températures éleveées.
Les changements dans les pratiques d'élevage et agronomiques constituent aussi des pistes de progrès importantes. Il n'y a pas de solution unique mais une nécessaire adaptation et une appropriation locale des possibilités, conclut Jacques Capdeville.