Devenez un pro de la luzerne

La luzerne doit être semée à la bonne densité. Il faut viser 900 graines/m² pour un objectif de 500 pieds/m² à l’implantation. Photo : H.Grare/Pixel Image

« Tout le monde connaît les atouts agronomiques de la luzerne, mais tout le monde ne sait pas forcément bien la cultiver », a introduit Teddy Rioufreyt, ingénieur développement chez Jouffray Drillaud. Le semencier organisait, début avril, dans les Vosges, en partenariat avec la CAL, une matinée "Pro-Luzerne" consacrée à la conduite et à la valorisation de la culture.
Teddy Rioufreyt commence :

On sème la luzerne une fois pour plusieurs campagnes, il faut donc soigner  l’implantation.

La qualité d’implantation est primordiale pour garantir le rendement de la première coupe, favoriser la pérennité de la culture et améliorer la qualité du fourrage.

Hormis les sols hydromorphes, la luzerne passe sur tous les sols, à condition d’avoir une structure favorable, la plus aérée possible pour permettre aux bactéries de se développer . Une bonne structure favorise également l’implantation du pivot et participe à la pérennité de la culture.

Concernant le choix variétal, différents critères sont à prendre en compte : dormance, productivité, teneur en protéines, résistance à la verse, tolérance aux maladies (verticilliose et antracnose) et aux nématodes.


Les bactéries n’étant pas présentes naturellement dans le sol, l’inoculation est indispensable.

La luzerne doit être semée à la bonne densité – il faut viser 900 graines/m² pour un objectif de 500 pieds/m² à l’implantation – et à bonne période, soit au printemps pour les régions à hiver froid et été chaud et sec (de février à début avril), soit en été (de juillet à septembre).

 

500 unités de chaux/an

Le désherbage de post-levée n’est pas systématique mais peut être nécessaire en cas de salissement important.
Arnauld Fréour, chargé de clientèle pour le secteur nord-est, indique  :

Vous pouvez intervenir dès le stade 3 feuilles trifoliées, soit 1,5 à 2 mois après le semis.

Sur luzerne installée, le désherbage est généralement réalisé pendant le repos végétatif, soit après la dernière coupe de l’année, soit avant la reprise de végétation.

Autre poste d’importance pour assurer la production et la pérennité de la luzerne : la fertilisation.
Arnauld Fréour recommande :

Il faut un chaulage régulier : comptez 500 unités de chaux/an. Pour la potasse, il faut 200 à 300 unités /an, selon la fourniture du sol.  Il faut également veiller à ce que le bore et le molybdène, deux oligo-éléments essentiels à la luzerne, soient présents en quantité suffisante. Si vous apportez des matières organiques, préférez le compost au fumier : il y aura moins de salissement par les graines d’adventices, et le compost est plus facile à épandre et moins volumineux.

Au niveau des ravageurs et maladies, la luzerne nécessite, en général, peu d’interventions.

 

Faucher à 6-7 cm minimum

La luzerne doit être fauchée à l’apparition des bourgeons. La 1re coupe intervient entre le 15 et le 25 mai selon les régions.

La luzerne doit être fauchée le matin juste après la rosée, à 6 à 7 cm de hauteur minimum, pour lui permettre de repartir plus vite. Pour la dernière coupe, en laissant plus de hauteur, la luzerne sera plus vigoureuse au printemps. Il faut laisser fleurir la luzerne une fois par an, généralement à la dernière coupe.

Le matériel le plus adapté à la récolte de la luzerne est la faucheuse conditionneuse à rouleaux : utilisée en régime lent, elle améliore le séchage en écrasant les tiges sans être trop agressive pour les feuilles. Le fanage doit être réalisé dans les deux heures qui suivent la fauche.

Ensilage, enrubannage ou foin, chaque mode de récolte a ses avantages et ses inconvénients. Il faut aussi composer avec le matériel de l’exploitation.

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