La date de semis et la densité demeurent des facteurs clés pour la réussite de l’implantation du maïs fourrage. Le choix de la date de semis est primordial : il faut semer au plus tôt, mais dans la limite du raisonnable.
« Il peut être tentant de vouloir semer le plus tôt possible, mais des essais menés entre 2011 et 2014 montrent que le rendement et la valeur alimentaire ne sont pas meilleurs pour les dates de semis très précoces », précise Anne-Sophie Colart, ingénieure régionale pour Arvalis.
En comparant des dates de semis 1-8 avril, 15-29 avril et 5-23 mai en Bretagne et Picardie, ce sont les implantations effectuées sur la deuxième quinzaine d’avril qui affichent le meilleur rendement dans les essais. « Il faut se tenir prêt dès le 1er avril, mais savoir attendre les bonnes conditions : le sol, par exemple, doit être suffisamment réchauffé, le maïs ne pouvant germer que quand la température du sol atteint 8 à 10 °C », estime-t-elle. Le risque de gelée doit aussi être évalué, mais une semence placée suffisamment profondément (> 5 cm) dans un sol ressuyé est à l’abri d’une gelée temporaire en surface. « Lorsqu’on sème trop tôt en zone froide, le démarrage de la culture n’est pas rapide et laisse par conséquent plus longtemps la culture exposée aux risques taupins ou corvidés", rappelle-t-elle.
En zone à pression corvidés ou dans des rotations favorables aux mouches ou aux taupins, l’enjeu d’un développement rapide sur les premiers stades est encore plus prégnant. Côté profondeur de semis, lors d’un printemps sec ou en situation à risque corvidés, elle peut descendre en dessous des 5 cm habituellement préconisés si le sol est suffisamment bien réchauffé.
Vigueur des variétés et engrais starter
Le choix variétal est également un élément stratégique pour la réussite de la culture du maïs : choisir une variété avec une bonne vigueur permet d’accélérer le cycle sur les premiers stades et de sortir plus rapidement de cette phase juvénile à risque. Pour aider au choix variétal, il est possible d'utiliser le site Varmais. Au-delà de ce choix, il est intéressant d’apporter un engrais starter.
« L’effet n’est pas systématique, mais en année froide, ou si l’éleveur souhaite réaliser des semis précoces, l’utilisation d’un engrais starter, sécurise effectivement un bon démarrage de la culture », confirme Anne-Sophie Colart.
Attention les microgranulés starter peuvent être appliqués dans la raie de semis, mais pas la fertilisation type starter 18-46 qui doit être placée en dessous de la ligne de semis et entre 4 et 5 cm du rang pour éviter les intoxications ammoniacales.
Autre point important lors du semis, la densité est à adapter au potentiel – et notamment à la disponibilité en eau – de la parcelle et à la précocité de la variété : « Plus la variété est précoce, plus la densité doit augmenter : sur des variétés S0-S1, les densités sont ainsi entre 105 000 ou 110 000 , alors que pour les groupes les plus tardifs, elles tournent plutôt vers 100 000, voire moins », souligne l'ingénieure.
Quant à l’intérêt de choisir des variétés avec des indices plus élevés, il n’est pas évident. En revanche, l'écartement peut être réduit. « Historiquement, le semis s’effectuait à 80 cm, mais les données acquises montrent qu’il n’y a aucun inconvénient à semer à 50 cm en faisant attention à garder la même densité. Cela permet une meilleure couverture du sol, limitant l’évapotranspiration. C’est une stratégie qui peut s’avérer payante au vu du changement climatique », résume-t-elle. Cela présente aussi d’autres atouts, comme l’utilisation de matériel polyvalent (semoir, bineuse).
Une analyse de sols tous les cinq ans
En ce qui concerne la fertilisation, la vigilance est de mise, et Arvalis recommande de réaliser une analyse de sols tous les cinq ans sur les éléments principaux. « En élevage, où la majorité des apports se font sous forme organiques, connaître la qualité et la quantité des apports effectués, grâce à la méthode des bilans, par exemple, est essentiel. Dans certaines régions, nous notons de plus en plus de carences en potasse, car les exportations de biomasse tendent à augmenter, notamment avec l’implantation de CIVE avant le maïs », signale-t-elle.
À ce sujet, Arvalis propose depuis 2021 un outil « Fertiliser avec des produits organiques ou biosourcés », accessible gratuitement sur Internet, pour calculer en quelques clics l’effet fertilisant d’une centaine de produits organiques ou biosourcés. Il permet d’estimer simplement leur composition en azote, phosphore, potassium et magnésium.
Quant aux biostimulants, les essais menés jusqu’alors par l’institut technique n’ont pas mis en évidence d’effets positifs reproductibles sur le rendement, que ce soit en application foliaire ou sous forme de traitement de semences.
En seconde culture, semer avant le 15 mai
Pour les semis de maïs en seconde culture, les conseils sont, là aussi, de semer le plus tôt possible : chaque jour compte. Au-delà du 15 mai, le risque d’échec augmente significativement.
Le raccourcissement du cycle est à prendre en compte, mais aussi l’eau comme facteur limitant. Limiter l’évapotranspiration de la culture est un "petit" levier à activer, mais pas forcément évident à mettre en œuvre : certaines variétés au port de feuillage plus étalé ou la couverture de l’interrang sont des pistes étudiées. « Nous avons effectué des essais de couverture de l’interrang avec du mulch en 2022, mais ils ne sont pas satisfaisants », rapporte l'ingénieure.
Cet article d'Emmanuelle Thomas est issu du numéro de mars 2023 de Cultiar élevage et vous est offert. Pour vous abonner, cliquez ici