Après une phase d’implantation difficile cette année (températures froides, ravageurs…), avec parfois des peuplements revus à la baisse, Arvalis-Institut du végétal recommande une vigilance accrue vis-à-vis de la pyrale du maïs. Surveillez le déploiement potentiel du prédateur, organisez la lutte pour 2019 et réfléchissez dès à présent à une stratégie de prévention pour 2020.
La pyrale – Ostrinia nubilanis – est un papillon qui pond ses oeufs par plaque sur la face inférieure des feuilles de maïs en début d’été. La larve issue de l’oeuf se déplace vers la tige dans laquelle elle creuse des galeries qui fragilisent la plante et perturbent son fonctionnement. La larve peut aussi s’installer dans les épis, au niveau des grains ou du pédoncule. En fin de cycle, la larve migre vers le bas de la tige où elle passe l’hiver en diapause.
Rendement et qualité dégradés
Les dégâts occasionnés sont de plusieurs natures : perte de rendement plante entière et grain par défaut d’alimentation de la plante (et notamment par la baisse du poids de mille grains), perte de valeur alimentaire par défaut de remplissage du grain (teneur en amidon) et baisse de qualité de la partie « tige + feuilles », perte de rendement par casse de tige ou de pédoncule, risque d’installation des fusarium sur les grains, et donc risque de production de mycotoxines.
En maïs fourrage, la nuisibilité peut être significative. Les premiers essais font ressortir une perte de rendement de 0,8 t MS/ha en moyenne pour des niveaux de pressions variables (de 20 à 70 % de plantes attaquées, de 0,1 à 0,3 larve par plante). (six essais Arvalis en Bretagne, 2015-2018).
Le nombre de larves dans les tiges avant la récolte est l’indicateur le plus pertinent pour mesurer la pression réelle du parasite et raisonner la lutte à l’échelle d’une exploitation, voire d’un secteur. Les situations les plus à risque concernent les parcelles avec historique dégâts, les parcelles en succession maïs/maïs, les parcelles dans les secteurs avec mauvaise gestion des résidus.
Une stratégie de lutte à plusieurs niveaux
Dans les situations à forte pression, en maïs fourrage, comme en maïs grain, une protection contre la pyrale permet d’abaisser significativement les teneurs en mycotoxines à la récolte.
Les producteurs qui se savent concernés en 2019 ont déjà organisé leur stratégie de protection pour ce début d’été. Pour les autres, le suivi des BSV (bulletin de santé du végétal) et les comptages de larves en veille de récolte permettront de mieux définir les zones à risques qui nécessiteront une lutte sitôt la récolte (fourrage ou grain).
Les méthodes de lutte sont agronomiques, biologiques et chimiques. Le broyage des cannes ainsi que des bases de plantes juste après la récolte et l’enfouissement des résidus sont les premières mesures à mettre en place. Cette pratique permet de diminuer significativement la population de larves à l’entrée de l’hiver. Cette mesure prophylactique est nécessaire dans toutes les régions où la pyrale est présente, pour freiner son développement.
Dans le cas d’une lutte biologique avec des trichogrammes, il faut prévoir dès le début du printemps la commande de ces microhyménoptères prédateurs de la pyrale.
Concernant la lutte chimique, comme pour la lutte biologique, l’efficacité du traitement est liée au bon stade d’application : au début du vol des papillons pour le dépôt des trichogrammes, au pic de vol des papillons pour les solutions insecticides chimiques. La lecture des BSV permettra une application au bon moment.
Positionnement des solutions de lutte contre la pyrale en fonction du piégeage de papillons (courbe de vol)